Le Tour de France semble se dessiner comme une lutte à trois entre l'Australien Cadel Evans, maillot jaune pour l'instant, l'Espagnol Alberto Contador, le champion en titre, et Andy Schleck, du Luxembourg.

Evans ne devançait Schleck que par 20 secondes après que ce dernier au remporté l'étape la plus ardue jusqu'ici - une exténuante course en montagne, dimanche, qui a vu Lance Armstrong craquer.

«Avoir le maillot jaune au Tour est toujours quelque chose de spécial, a déclaré Evans, 33 ans, à l'occasion de la journée congé de lundi à Morzine. De troquer le maillot arc-en-ciel (du champion du monde) pour le jaune est un exploit rare que j'ai eu l'honneur de vivre.»

Étant donné que Contador, deux fois vainqueur du Tour de France, ne semble pas dans la meilleure des formes, ceci pourrait être la meilleure chance d'Evans de l'emporter. Certes, il n'a pas le goût de prendre des chances après s'être légèrement blessé à l'avant-bras gauche lors d'une chute, dimanche.

«Les jambes continuent de bien aller, ce qui est le plus important. C'est la principale inquiétude en ce moment, a dit Evans. Je ne suis pas tout à fait à l'aise pour l'instant. Espérons qu'après une bonne nuit de sommeil je serai rétabli. Je vais y aller mollo et obtenir le plus de soins possibles pour mon bras.»

Contador aura un retard de 61 secondes au moment d'amorcer la neuvième étape, mardi.

Le Canadien de Victoria Ryder Hesjedal (Garmin-Transitions) était sixième au classement général. Le Torontois Michael Barry (Team Sky) était quant à lui 107e.

L'éprouvant parcours en montagne de mardi compte deux cols de première catégorie, et un autre plus dur encore qui est hors-catégorie: un tracé de 25,5 km qui monte vers le Col de la Madeleine. Il s'agit d'un des passages les plus redoutables du Tour.

«Ce sera une étape vraiment difficile et compliquée, et nous devrions voir les principaux aspirants dans la Madeleine», a noté Contador, lundi, en ajoutant qu'il souhaitait voir d'autres attaques de la part de Schleck et des autres afin de rendre la course plus rapide dans son ensemble.

«Ce serait bon pour moi, a-t-il déclaré avec l'aide d'un interprète. Peut-être les autres coureurs se sentiront-ils alors plus confiants et ce sera une bonne chose, parce que nous aurons un meilleur rythme.»

Sauf que cela ne plaira pas à Armstrong après ce qui lui est arrivé durant la huitième étape.

Le Texan de 38 ans a fini 61e après avoir connu des difficultés dans une forte chaleur, sur le genre de parcours qui lui semblait si facile lorsqu'il était à son meilleur.

Armstrong est à plus de 13 minutes de Evans - un écart impossible à combler en un peu moins de deux semaines.

«Il ne peut pas revenir de cela... surtout contre certains des meilleurs grimpeurs au monde», a souligné Frankie Andreu, son ancien coéquipier au sein de l'équipe U.S. Postal.

C'était une victoire collective pour les trois principaux aspirants au titre de voir l'Américain de 38 ans plonger jusqu'au 39e rang du classement.

«Cette fois, ce sont Contador, Evans et Schleck qui ont décidé d'éliminer une menace, a noté Andreu. Armstrong représente toujours une menace, alors ils devaient rouler devant et s'assurer qu'il soit définitivement largué.»

Le Britannique Bradley Wiggins étant également en méforme - Wiggins a fini quatrième lors du Tour de l'an dernier mais il est maintenant à 2:45 d'écart en 14e place - le chemin jusqu'au podium parisien du 25 juillet semble s'éclaircir pour les principaux aspirants.

«C'est comme une mission accomplie. Il y a une ou deux raisons de moins de s'inquiéter, a ajouté Andreu. Wiggins est derrière, alors cela réduit le nombre d'aspirants.»

Contador moins fort?

Schleck semble être le plus frais des trois aspirants. Selon Johan Bruyneel, le gérant de l'équipe d'Armstrong, RadioShack, Contador ne semble pas aussi fort que l'an dernier.

Contador n'a pas été capable d'égaler la force d'accélération en montée de Schleck dans la dernière section de l'ascension de dimanche.

Schleck a quant à lui dit avoir vu Contador «en difficultés» pour la première fois, ajoutant que sa victoire dans la huitième étape s'est avérée tout un tonique pour lui.

«Avant, je ne l'avais pas encore vu en difficultés et je pense qu'hier, il l'était, a dit Schleck de l'Espagnol. J'étais surpris qu'il ne puisse suivre, pour être honnête, parce que la journée précédente j'avais eu une très forte impression de lui.»

Contador, qui avait dû répondre à plusieurs questions l'an dernier sur la façon qu'il réussissait à concilier les besoins de l'équipe - il était alors le coéquipier d'Armstrong - et ses ambitions personnelles, a réagi à l'opinion de Schleck en cherchant à minimiser son impact.

«Selon moi, il est toujours l'un des plus grands favoris de ce Tour de France, a dit Contador. Vous croyez peut-être que (ses déclarations) m'affectent, mais cela ne change rien.»

Reste que Schleck se retrouve désavantagé par rapport à Evans et Contador, qui sont tous deux plus rapides que lui en contre-la-montre. Schleck, dont le frère Frank s'est blessé au début du Tour et a dû déclarer forfait à cause d'une fracture à la clavicule, a un coéquipier de moins pour l'aider dans les montagnes.

Schleck, 25 ans, devra avoir l'avance, le 24 juillet, en vue du contre-la-montre final de 52 km s'il veut conserver ses chances de l'emporter.

«La seule chose que je sais, c'est que je devrai être en jaune au départ du contre-la-montre, a-t-il reconnu. Je ne peux dire pour l'instant si j'aurai besoin d'une minute ou deux.»