Le Tour de France qui s'élancera samedi de Rotterdam fait tout pour se débarrasser de l'étiquette de grand rendez-vous du dopage qui colle à l'épreuve depuis le scandale Festina, sans parvenir à éviter un climat de suspicions gonflé par les récentes accusations de Floyd Landis.

Quatre ans après un contrôle positif à la testostérone qui l'avait fait passer du grade de vainqueur à celui de tricheur, l'Américain a décidé de passer bizarrement aux aveux au printemps pour «soulager» sa conscience, lui qui n'a pas hésité à se ruiner en procédures judiciaires en jurant ne s'être jamais dopé.

Landis en a profité pour accabler au passage une quinzaine d'anciens proches, dont Lance Armstrong, le septuple vainqueur, qui fut son coéquipier chez US Postal, et son directeur sportif Johan Bruyneel.

Mais faut-il croire sur parole un homme qui a passé des années à nier l'évidence? Farfelues ou non, les accusations de Landis et l'ébullition qu'elles ont suscitée en plein Tour d'Italie ont poussé l'Union cycliste internationale (UCI) à demander aux fédérations nationales de mener l'enquête.

À suivre ou à classer, la sortie de Landis n'a pas de quoi arranger, aux yeux des sceptiques, l'image du cyclisme. Pourtant, le ménage continue et l'UCI y met les moyens.

Profil sanguin

Alejandro Valverde, le vainqueur du dernier Tour d'Espagne, a enfin été forcé par le Tribunal arbitral du sport de mettre pied à terre jusqu'au début 2012, quatre ans après la mise au jour du scandale Puerto en Espagne, dans lequel il était impliqué.

Avec l'introduction du passeport biologique, l'UCI a coincé en un an huit coureurs sur la seule base des irrégularités de leur profil sanguin et une quinzaine d'autres, ciblés par des contrôles inopinés. Du nombre sont Danilo Di Luca et Franco Pellizotti, les deux Italiens sur le podium du Giro 2009.

La dernière Grande Boucle n'avait, elle, été ternie par aucun contrôle positif, ni pendant, ni après. Mais elle n'avait pas été épargnée par les polémiques, avec Pierre Bordry, le président de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), dans le rôle du pyromane.

L'UCI, qui avait permis à l'AFLD d'être partenaire pour les contrôles sur le Tour 2009, s'en est mordu les doigts, en découvrant en octobre dans la presse un rapport de l'AFLD accusant ses inspecteurs de «manquer de professionnalisme» et d'avoir réservé «un traitement de faveur» à Astana, l'équipe d'Alberto Contador et alors d'Armstrong.

Absurde, a rétorqué la fédération, soulignant, chiffres à l'appui, que cette équipe avait été au contraire la plus contrôlée. Avant de pointer à son tour les erreurs de l'AFLD et de reprocher à Pierre Bordry de se faire de la publicité sur son dos.

Observateurs indépendants

Dans cette bataille qui a pris une tournure politique, l'Agence mondiale antidopage (AMA) a été appelée à jouer l'arbitre.

À la demande de l'UCI, elle envoie des observateurs indépendants sur le Tour pour vérifier que les contrôles - dont la fédération a la pleine responsabilité - se font bien dans les normes. Et si l'AMA n'a pu, pour des questions juridiques, dire oui à l'AFLD qui voulait mener ses propres tests durant l'épreuve, elle lui a offert la possibilité d'en diligenter par le biais de ses observateurs indépendants.

Côté coureurs, deux revenants seront au départ à Rotterdam: l'Italien Ivan Basso et surtout le Kazakh Alexandre Vinokourov, dont le contrôle positif en plein Tour 2007 avait fait l'effet d'une tornade.

Pas de Grande Boucle en revanche pour l'Italien Ricardo Ricco, qui avait eu sa photo dans le journal en 2008 pour ses victoires d'étape, puis encadré par les gendarmes.

Après sa suspension sportive, le «Cobra», jugé cette semaine à Foix (sud-ouest de la France), risque encore une sanction pénale en vertu de la loi du 3 juillet 2008 sur la détention de produits dopants, une loi qu'il fut le tout premier sportif à étrenner.