(Tokyo) La décision historique mardi de reporter d’environ un an les JO de Tokyo 2020 en raison de la pandémie de coronavirus risque d’entraîner de nouvelles difficultés pour les organisateurs.

« Reporter les Jeux olympiques, ce n’est pas comme décaler un match de football au samedi suivant », avait d’ailleurs récemment prévenu Thomas Bach, le président du Comité international olympique (CIO). Voici quelques exemples pour donner une idée de l’ampleur du casse-tête.

Le calendrier : un cauchemar logistique

Tout dépend des dates finales du report, mais rajouter des JO dans un agenda sportif 2021 déjà bien rempli s’annonce comme un cauchemar logistique tant pour les athlètes, les organisateurs que les chaînes de diffusion.

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Le state de baseball Azuma, à Fukushima.

Certes, la fédération internationale d’athlétisme s’est déjà dite prête à reporter ses championnats du monde, initialement prévus en août 2021 aux États-Unis, et la Fédération internationale de natation va étudier « la flexibilité des dates » de ses Mondiaux-2021, prévus en juillet-août 2021 à Fukuoka (Japon). Reste à accorder les violons avec l’Euro de football, d’ores et déjà reprogrammé dans un an.

La légende américaine du sprint Carl Lewis avait suggéré d’organiser les Jeux d’été en 2022, en même temps que ceux d’hiver à Pékin, afin de créer une « année de célébration olympique ».

La gestion des sites

Pour les Jeux de Tokyo, 43 sites ont été prévus, certains construits pour l’occasion, parfois temporairement, d’autres réaménagés. Le report des JO va poser des problèmes pour chacun d’entre eux.

Car selon le CIO, « plusieurs sites indispensables pour les Jeux pourraient ne plus être disponibles ensuite ».  

C’est par exemple le cas du nouveau stade olympique de Tokyo, d’une capacité de 68 000 places, qui doit accueillir des concerts et d’autres compétitions sportives après les Jeux. Des événements qu’il faudra désormais reprogrammer à leur tour.

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Le stade olympique doit accueillir des concerts et d’autres compétitions sportives après les Jeux. Des événements qu’il faudra désormais reprogrammer à leur tour.

Les infrastructures sportives ne sont pas les seules concernées. Les organisateurs ont ainsi réservé cet été l’imposant Tokyo Big Sight, immense palais des congrès et des expositions, pour en faire une gigantesque salle de presse pendant les Jeux.

Or ce site accueillant parmi les plus grands salons professionnels d’Asie est réservé de nombreux mois à l’avance. Trouver des dates libres ou convaincre les organisateurs d’autres événements de changer de date pourrait être compliqué.

Le village olympique

Composé de 21 tours de 14 à 18 étages, le village olympique a été construit sur un terrain à forte valeur immobilière, avec vue sur la baie de Tokyo et son célèbre Rainbow Bridge.

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Un travailleur arpentant le chantier du village olympique hier à Tokyo.

À l’issue des JO-2020, le village olympique devait être reconverti en milliers d’appartements haut de gamme destinés à la vente ou à la location.  

Selon les promoteurs du site, 4145 appartements doivent être vendus. Sur un premier lot de 940 logements mis en vente dès l’été 2019, la plupart ont déjà été achetés, selon la presse locale.  

Un report des JO à 2021 va donc entraîner un retard dans le réaménagement du site et de lourdes incertitudes sur les contrats de vente déjà signés.

L’hébergement

« La question des millions de nuits d’ores et déjà réservées dans les hôtels est très difficile à gérer », a reconnu le CIO.  

Avant la pandémie de coronavirus, le problème portait sur le manque de capacité hôtelière. Il était question de mettre à quai un navire de croisière pour y remédier.

Les chambres d’hôtel à Tokyo ont été pour la plupart réservées depuis plusieurs mois, obligeant beaucoup de visiteurs à payer d’importants montants à l’avance, sommes risquant désormais d’être perdues.

Pour l’industrie hôtelière, le report est un coup dur supplémentaire dans un contexte touristique 2020 déjà catastrophique du fait de la pandémie de COVID-19.