La nageuse Katerine Savard s’est présentée à un bain libre en début de semaine au complexe sportif Claude-Robillard. La médaillée olympique a dû rebrousser chemin faute d’espace disponible.

« Ils en prennent 18, elle devait être quelque chose comme 20», témoigne son entraîneur, Claude St-Jean.

Savard n’aura plus à se presser aux portes du bassin avec les autres baigneurs pour pratiquer son sport.

À compter de samedi, le gouvernement québécois autorisera en effet un retour à l’entraînement pour les athlètes de pointe qui vivent en zone rouge, a appris La Presse.

« Plusieurs compétitions à l’échelle internationale se déroulent actuellement en vue des grands jeux et plusieurs pays sont actifs en entraînement et en compétition depuis plusieurs mois », a fait valoir la sous-ministre adjointe au loisir et au sport au ministère de l’Éducation, Dominique Breton, dans un courriel envoyé mardi soir aux directions générales des fédérations sportives.

« Tous ces éléments nous permettent d’établir qu’une reprise des activités d’entraînement serait indiquée pour ces athlètes de haut niveau dès le 31 octobre. »

Cette disposition spéciale de la Santé publique s’adresse exclusivement aux athlètes identifiés de niveau “excellence”, à leurs partenaires d’entraînement lorsqu’indispensables ainsi qu’aux athlètes non brevetés préqualifiés ou qualifiés en vue d’une participation aux Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo et de Pékin.

Dominique Breton, sous-ministre adjointe au loisir et au sport au ministère de l’Éducation

« Cette mesure vise la reprise des activités d’entraînement de ces athlètes au sein du complexe de l’Institut national du sport du Québec, des 18 centres d’entraînement unisport et des lieux d’entraînement spécifiques à la clientèle visée, et ce, en fonction du respect strict du protocole de gestion des infections intitulé “Normes INS Québec COVID-19”, créé par l’Institut national du sport du Québec », a-t-elle conclu.

Deux webinaires d’information destinés aux directions des fédérations sportives seront offerts à cet effet vendredi par l’entremise de l’Institut national du sport (INS).

L’INS sera en quelque sorte un guide pour les fédérations. « À partir de l’expérience acquise depuis notre réouverture, on nous a demandé de préparer des normes – un cahier de charges, si on veut – pour accompagner les sports dans leur réouverture de plateaux, le cas échéant », a précisé le directeur de la communication et du marketing de l’INS, Jean Gosselin.

431 athlètes identifiés

Depuis le 8 octobre, aucune activité de sport organisé n’est permise au Québec dans les zones rouges. Cette mesure s’étendra jusqu’au 23 novembre à moins d’une amélioration marquée de la situation sanitaire dans la province, a annoncé le premier ministre François Legault lundi.

Deux exceptions s’appliquent pour les programmes sport-études et le complexe de l’INS au Parc olympique, à Montréal. Ce dernier a obtenu une autorisation spéciale pour maintenir ses services destinés aux athlètes « en approche finale » pour les Jeux olympiques et paralympiques. Pour l’heure, cet assouplissement ne concerne que les quelque 200 athlètes qui s’y entraînaient déjà en vue des Jeux de Tokyo (prévus en 2021) et de Pékin (2022).

Épargné depuis sa réouverture à la mi-juin, l’INS a eu son premier cas de COVID-19 la semaine dernière. Une joueuse de l’équipe canadienne de water-polo a été infectée, mais son cas n’a pas entraîné d’éclosion.

À l’entrée en vigueur de la disposition spéciale de la Santé publique, 431 athlètes identifiés « excellence » pourront reprendre la pratique de leur sport s’ils peuvent respecter le protocole conçu par l’INS. De façon générale, les athlètes dits « excellence » sont ceux qui reçoivent un financement du programme d’aide de Sport Canada. Ils font partie des meilleurs au pays ou sont sur le point d’en faire partie.

À la Fédération de patinage de vitesse du Québec (FPVQ), ce groupe comprend près de 30 licenciés, en majorité des spécialistes de la courte piste. L’aréna Maurice-Richard, leur lieu d’entraînement principal, est actuellement fermé sur ordre de la Santé publique.

Sans en être certain, le directeur général de la FPVQ, Robert Dubreuil, pense que l’autorisation du gouvernement permettra sa réouverture pour les patineurs « excellence ».

J’ai bon espoir que ça va aboutir. Ce qui est encourageant, c’est que des efforts sont faits.

Robert Dubreuil, directeur général de la Fédération de patinage de vitesse du Québec

« On a des attentes olympiques, on veut s’illustrer sur la scène mondiale, si on ne se donne pas les chances et les moyens de le faire, ça va être plus difficile, a-t-il indiqué. L’INS et le sport en général, on a prouvé qu’on avait fait nos devoirs. »

La directive du Ministère permettra également aux athlètes de l’extérieur de Montréal, qui s’estimaient lésés par rapport à leurs homologues de l’INS, de renouer avec leur sport et de poursuivre leur préparation dans de meilleures conditions.