En apparence, le déclic s'est produit aux Internationaux des États-Unis. En tenant tête pendant une manche à Venus Williams, en servant aussi fort et aussi bien que son illustre rivale, Rebecca Marino a montré qu'elle avait le potentiel pour accomplir ses rêves tennistiques.

Depuis, elle est pratiquement imbattable et vient de remporter coup sur coup trois challengers à Saguenay, Kansas City et Troy. En deux mois, elle est passée du 187e au 110e rang mondial et, en raison de la blessure à Aleksandra Wozniak, Marino est maintenant la joueuse canadienne la mieux classée.

«C'est vrai que ma performance à New York m'a permis d'être vue et d'être reconnue, a-t-elle raconté, jeudi dernier, après son entraînement au stade Uniprix. Affronter Venus sur le court central du stade Arthur-Ashe est une expérience assez spéciale et je suis contente d'avoir offert une bonne performance.»

S'appuyant sur un service puissant et sur un coup droit très solide, Marino a aussi montré une formidable endurance en obtenant 15 victoires d'affilée en moins d'un mois. «J'ai beaucoup travaillé sur ma condition physique depuis le début de la saison et j'en profite aujourd'hui, a-t-elle souligné. Je me sens très bien physiquement malgré tous les matchs que j'ai joués récemment.

«Gagner aide évidemment et ma confiance n'a jamais été meilleure. Je crois maintenant être en mesure de battre mon adversaire chaque fois que je saute sur le court.»

De toutes ses victoires, Marino garde un souvenir particulier de la finale du Challenger de Saguenay. «J'ai battu l'Américaine Allison Riske en trois longues manches de 6-4, 6-7 (4) et 7-6 (5). Nous avons toutes deux offert de bonnes performances - elle a d'ailleurs remporté deux tournois en Europe depuis - et j'ai réussi à enlever le titre. Cela m'a vraiment donné la confiance qui m'a permis de m'imposer encore à Kansas City et à Troy.»

Un long travail dans l'ombre

Son entraîneur Simon Larose insiste sur la persévérance de la jeune femme de Vancouver. «Elle a travaillé dans l'ombre pendant plusieurs mois pour préparer ses succès, a-t-il expliqué. Elle a traversé des périodes plus difficiles, affronté des obstacles, mais elle n'a jamais cessé de travailler.

«Tout se passe beaucoup dans la tête d'un athlète et on en a beaucoup parlé, Rebecca et moi. Elle a de grandes qualités athlétiques, tout le monde en conviendra, mais elle doit pouvoir les utiliser sur le court, face à ses adversaires. Nous y avons travaillé pendant des mois et c'est très satisfaisant de voir qu'elle le fait si bien actuellement.»

Calme et sûre d'elle, Marino semble aussi avoir un tempérament égal dans toutes les situations. «C'est sûrement un de ses atouts, confirme Sylvain Bruneau, entraîneur responsable du tennis féminin à Tennis Canada. Elle maîtrise bien ses émotions et reste concentrée sur son travail, quels que soient les résultats. Cela l'aidera sûrement dans la suite de sa carrière.»

Marino devrait jouer encore deux tournois cette saison, à Toronto la semaine prochaine, puis à Phoenix la semaine suivante. Elle espère améliorer encore un peu son classement mondial afin d'assurer sa qualification directe dans le tableau principal des Internationaux d'Australie, à la mi-janvier 2011.

En novembre, elle deviendra l'une des chefs de file de l'«équipe» féminine canadienne mise en place par Bruneau pour encadrer les meilleures professionnelles canadiennes dans leur ascension vers le top 100. Elle travaillera encore avec Larose, qui sera l'entraîneur du groupe.

«C'est un excellent entraîneur, qui m'a beaucoup apporté depuis que je travaille avec lui, a souligné Marino. Il a lui-même joué sur le circuit professionnel et il sait ce que nous vivons. Il peut être exigeant quand c'est nécessaire, mais il peut aussi détendre l'atmosphère. Je suis heureuse de continuer avec lui et les autres filles (Valérie Tétreault, Heidi El Tabakh et Sharon Fichman). Je m'entends bien avec chacune. Le tennis est un sport individuel où nous sommes souvent seules. Travailler au sein d'un groupe sera amusant et motivant.»