Il y a vraiment une magie autour des tournois du Grand Chelem. Le hasard de la programmation nous a ainsi offert lundi midi, simultanément, plusieurs affrontements dignes d'intérêt pour les amateurs québécois.

Pendant qu'Aleksandra Wozniak et Stéphanie Dubois disputaient leurs premiers matchs sur les courts 4 et 7, Roger Federer entreprenait la défense de son titre sur le court Philippe-Chatrier. Et comme si ce n'était pas assez, Novak Djokovic et Elena Dementieva étaient aussi en action dans deux des 12 autres matchs en cours.

C'est donc dire que nos Québécoises n'étaient pas vraiment les têtes d'affiche, mais si plusieurs centaines de spectateurs suivaient leurs matchs, surtout Dubois qui affrontait la Française Stéphanie Cohen-Aloro.

Wozniak: «Je suis restée dans ma bulle»

Aleksandra Wozniak a joué avec une assurance qu'on ne lui connaissait pas depuis quelques mois. La 48e mondiale, qui avait atteint le quatrième tour à Paris l'an dernier, a disposé facilement de la Tchèque Iveta Benesova, 54e mondiale, en deux manches de 6-3, 6-3.

Jouant sur le court annexe 4, juste devant le court central, un peu à l'abri de la chaleur, Aleksandra a gardé sa concentration tout au long du match, ne commettant qu'un minimum d'erreurs sans laisser d'ouverture à sa rivale.

«C'est une gauchère, l'une des meilleures du circuit, et c'est toujours un peu «tricky», a noté la Québécoise. J'avais un bon plan de match et je me suis vraiment sentie à l'aise sur le terrain. Nous avons beaucoup travaillé sur la préparation mentale avec mon nouvel entraîneur Cristian Cordasz et j'ai réussi aujourd'hui à rester positive, même après les mauvais coups.»

Aleksandra a modifié plusieurs aspects de son jeu, pour retrouver le style qui lui avait permis de connaître du succès et corriger les mauvaises habitudes acquises avec son ancien entraîneur.

«C'est un peu frustrant de faire ces changements au milieu de la saison, mais c'était inévitable, a estimé Wozniak. J'ai notamment un nouveau service, plus fluide, qui protège mon épaule. Ça fait trois semaines qu'on y travaille et je le maîtrise de mieux en mieux.»

Wozniak jouera maintenant contre l'Ukrainienne Katarina Bondarenko (35e mondiale et 32e tête de série à Paris), mercredi ou jeudi. Cette dernière a facilement vaincu hier la Française Julie Coin et elle n'a affronté la Québécoise qu'une seule fois en carrière.

«C'était chez les juniors, il y a longtemps, quand elle était numéro 1 au monde. Elle n'en est qu'à son deuxième tournoi depuis une grave blessure à un genou. On verra bien.»

La victoire met fin à une série de trois défaites en première ronde en autant de tournois et Aleksandra ne pouvait choisir un meilleur moment pour le faire. Elle est déjà assurée d'une bourse de 25 000 euros(32 750 dollars).

Dubois: «J'étais bien préparée»

De son côté, Stéphanie Dubois a démontré sa force de caractère habituelle devant une rivale plus aguerrie sur la terre battue, qui bénéficiait en plus du support de la foule sur le court annexe 7.

«J'étais bien préparée, a estimé Dubois. C'est décevant de perdre un match aussi disputé, il ne m'a manqué que quelques petites choses. Cette fille-là (Cohen-Aloro) est une spécialiste de cette surface et elle m'a fait courir avec son jeu très varié qui me forçait à avancer et à reculer sans cesse.

Stéphanie a remporté la première manche, mais s'est ensuite inclinée 7-6 (3), 1-6, 3-6. La Québécoise a bataillé sans relâche pendant plus de deux heures et trente minutes.

Dubois est venue de l'arrière deux fois dans la première manche avant de s'imposer au bris d'égalité. La deuxième manche a par contre été une formalité pour la Française, qui a bien varié son jeu en surprenant souvent Dubois avec des amortis imparables.

La manche décisive a été plus disputée, mais Stéphanie a dû se battre chaque fois qu'elle avait le service. Au total, la Lavalloise a repoussé 18 des 24 points de bris qu'elle a concédés, une preuve de son courage, mais aussi la marque de la domination de sa rivale.

«La cinquième partie de la troisième manche a été très longue, très éprouvante, même si j'ai gardé mon service pour prendre les devants 3-2, a souligné Stéphanie. Elle a haussé son intensité après et j'ai été moins solide au service.»

Stéphanie n'a donc pas encore remporté un match du tableau principal à Roland Garros, mais elle peut se consoler avec une bourse de 15 000 euros (près de 20 000$). Elle rentrera à Montréal pour s'entraîner quelques jours avant de se rendre en Angleterre pour préparer les qualifications de Wimbledon.