Un après l'annonce choc de sa retraite, Justine Henin souffre toujours le matin en se levant.«Je suis cassée. C'est normal. Je été opérée au genou, et j'ai l'épaule aussi. C'est une vie physiquement très exigeante», a déclaré l'ancienne numéro un mondiale.

En dépit de l'état chaotique du tennis féminin et du retour de sa compatriote belge Kim Clijsters, le message est donc simple: Henin, sept fois victorieuse en Grand Chelem, est heureuse à la retraite.

«C'est vraiment une page qui est tournée», a-t-elle dit à la veille du premier anniversaire de l'annonce de son départ.

A 26 ans, son sourire est toujours aussi radieux et elle ne semble pas affectée par le manque après avoir passé des années à dominer ses rivales.

«Le tennis a été 20 ans de ma vie. La vie c'est autre chose aussi», a poursuivi la désormais ambassadrice de bonne volonté de l'UNICEF, quelques instants après avoir discuté de la crise humanitaire dans l'est du Congo avec le commissaire européen Louis Michel dans son bureau de la capitale belge.

Son travail humanitaire l'occupe beaucoup mais elle envisage aussi de se lancer dans de nouveaux projets qu'elle n'a pas encore pu réaliser faute de temps.

Pour marquer l'annonce du 14 mai, elle participera aussi aux «12 travaux de Justine Henin» à la télévision belge, une émission au cours de laquelle elle s'entraînera avec son équipe de football préférée, Anderlecht. Elle défilera aussi sur un podium et fera la cuisine avant de présenter une émission musicale.

«J'ai quand même vécu dans une bulle pendant des années, et on se retrouve (ensuite) dans une vie réelle, a-t-elle ajouté dans un entretien accordé à deux journalistes. On prend conscience de ce qui se passe autour de soi, de nouvelles responsabilités.»

Son travail avec l'UNICEF lui a fait découvrir une réalité qu'elle ignorait au mois de janvier quand elle s'est rendue dans l'est du Congo, une ancienne colonie belge et l'un endroits les plus meurtriers de la planète au cours des douze dernières années.

Des atrocités visant principalement des femmes et des enfants s'y déroulent encore.

Au cours de la mission de recherche d'informations de l'UNICEF, le visage d'Henin n'en était qu'un parmi tant d'autres.

«Ils ne savaient pas qui j'étais, ça n'avait donc aucun impact sur les contacts que j'avais. Quand vous êtes une figure publique, il y a toujours quelque chose de bizarre», a-t-elle dit.

Même si sa notoriété est faible en Afrique, son visage attirera toujours plus d'attention dans le reste du monde que le sien, estime le commissaire Michel.

«Sa contribution est un super antidote contre l'égoïsme», a-t-il déclaré.

«Quand Justine Henin est témoin de tout ça, il est clair qu'elle a un plus gros impact sur l'opinion publique que moi.»

Henin compte axer son travail avec l'UNICEF sur les campagnes de vaccination pour les enfants.

Tout ça fait qu'elle ne s'intéresse plus vraiment aux courts en terre battue qu'elle aimait tant. Demandez-lui qui va gagner le prochain Roland-Garros, où elle a gagné quatre fois, vous n'obtiendrez qu'un regard vide en retour.

«Je ne suis plus vraiment le tennis», a-t-elle reconnu.

Ce qui ne l'a pas empêchée de reprendre récemment une raquette pour taper quelques balles avec son entraîneur Carlos Rodriguez.

«J'ai repris du plaisir quand même, a-t-elle dit. Le jeu, ça restera toujours, je suis une passionnée de tennis, mais je n'ai plus besoin de faire ça dans les conditions d'avant.»