On a craint pendant quelques heures mercredi à la Coupe Rogers que la soirée ne soit encore gâchée par la pluie, mais il n'en a finalement rien été. C'est plutôt un Croate inconnu de nom d'Ivan Dodig qui a gâché la soirée des milliers de spectateurs, tous acquis à la cause de l'Espagnol Rafael Nadal, en surprenant le deuxième joueur mondial en trois manches de 1-6, 7-6(5) et 7-6(5).

L'Espagnol a bien tenté de déployer son jeu tout en puissance, mais son adversaire courageux et très mobile l'a obligé à jouer trois manches et à passer plus de trois heures sur le court, au grand plaisir des spectateurs certes, mais avec un résultat contraire à ce qu'ils attendaient.

«Je ne sais quoi dire, c'est le plus beau jour de ma vie, ma plus belle victoire carrière, a expliqué Dodig. J'adore jouer ici et je n'ai jamais arrêté de me battre. Le public m'a appuyé, même si Rafa était le favori.

Dodig, qui n'avait jamais battu un joueur moins classé que cinquième, a effectivement offert une performance que peu d'observateurs attendaient de lui. Après être passé complètement à côté de la première manche, Dodig a haussé son niveau de jeu. Étonnamment puissant lui-aussi - il a réussi 19 as - le Croate s'est mis à retourner tous les coups de Nadal. Un peu désarçonné, l'Espagnol a dû se battre pour simplement forcer le bris d'égalité et a encore été en arrière tout au long du jeu décisif.

La dernière manche semblait vouloir être plus facile, mais Dodig est encore revenu à la hauteur de Nadal. À 3-3, un murmure a parcouru le court central du Stade Uniprix. Le tournoi allait-il perdre un autre favori?

La réponse est venue quelques minutes plus tard, encore au bris d'égalité, et c'est encore Dodig qui a réussi les coups décisifs. Étonnamment erratique, incapable de prendre l'ascendant contre un 41e mondial, Nadal devra maintenant se poser bien des questions en route vers l'Omnium des États-Unis...

«Je crois avoir assez bien joué pour l'emporter et j'aurais dû le faire avec toutes les chances que j'ai eues, a estimé Rafa. Mais je n'ai pas su faire la différence dans les points importants. Il a joué avec beaucoup d'émotion, beaucoup d'agressivité aussi et il a très bien servi.

«Je ne suis pas heureux d'avoir perdu, a soutenu Nadal. C'est toujours décevant quand, comme ce soir, on gâche une chance de gagner. Mais c'est le tennis... On ne peut espérer toujours gagner, c'est impossible.

«Je vais tenter de faire mieux à Cincinnati, puis au US Open. Il n'y a rien d'autre à faire...»

Une longue soirée

Le programme de la soirée a débuté avec deux bonnes heures de retard et on s'est retrouvé comme dans «l'ancien» temps (jusqu'à l'année dernière en fait...) avec des matchs disputés tard en soirée.

Les spectateurs du court 9, les «touristes» du Parc Jarry notamment, ont ainsi eu droit à un long duel entre l'Espagnol Fernando Verdasco et le Serbe Janko Tipsarevic. Ce dernier s'est finalement imposé 6-4, 6-7(5), 6-3 et il affrontera Dodig jeudi.

Sur le court Banque Nationale, le Letton Ernests Gulbis est aussi passé au troisième tour en disposant de Michael Llodra, 6-4, 1-0 et retrait. Le Français s'est brisé une côte récemment et jouait en dépit de la douleur.

Le Russe Viktor Troicki a battu l'Américain John Isner, 6-4, 3-6, 6-2. Isner avait dû compléter plus tôt dans la journée son match de première ronde contre Marcos Baghdatis et a manqué de souffle en soirée.

Sur le court central, l'Américain Mardy Fish, sixième favori du tournoi, jouait le deuxième match de la soirée face à l'Espagnol Feliciano Lopez. À 23h, ils n'étaient pas encore entrés sur le court...

Photo: Bernard Brault, La Presse

Ivan Dodig