Estrades étonnamment vides, grandes vedettes absentes ou éliminées d'entrée, cotes d'écoute en baisse, revendeurs de billets qui font des rabais de 50%: la popularité de la Coupe Rogers s'estompe-t-elle?

Le directeur du tournoi Eugène Lapierre jure que non. «À pareille date, on est égal au tournoi féminin présenté il y a deux ans, dit-il. On ne peut pas comparer avec l'an passé, alors que les huit meilleurs joueurs au monde ont atteint les quarts et qu'on avait vendu 200 000 billets.»

En fin d'après-midi hier, Tennis Canada avait vendu 169 822 billets, soit environ 1% de moins qu'à pareille date en 2008. Il y a deux ans, la Coupe Rogers avait battu son record de vente pour un tournoi féminin avec 174 189 billets vendus en une semaine. «L'un de nos problèmes, c'est que les gens pensent que tous les billets sont vendus parce que nous enregistrons des records d'assistance à chaque année, dit Lapierre. Lors du tournoi féminin, il n'y a que deux ou trois séances qui sont toutes vendues. Chez les hommes, on a déjà eu 12 séances de vendues sur un total de 15.»

Si les billets se vendent bien, les sièges, eux, sont étonnamment vides. Surtout durant les séances d'après-midi. «C'est la même chose dans les tournois du Grand Chelem, plaide le directeur de la Coupe Rogers. Les gens ne restent pas seulement sur le court central. Ils se promènent. Aujourd'hui (hier), les estrades étaient pleines sur le court 5. Et puis le lundi et le mardi ne sont jamais les moments les plus occupés de la semaine. Si Nadal joue mardi après-midi, ce sera plein. Mais pour le match suivant, c'est loin d'être le cas.»

Une autre explication qui n'a pas été avancée par Eugène Lapierre: les entreprises qui ont des abonnements chaque année pour toute la durée du tournoi trouvent peut-être moins de preneurs parmi leurs clients lors du passage du circuit féminin que lorsque Roger Federer et Rafael Nadal sont en ville.

Un calibre relevé, mais peu de grandes vedettes

Avec 39 des 50 meilleures raquettes au monde, la Coupe Rogers a le tableau féminin le plus relevé de son histoire. L'ennui, c'est que les grandes vedettes comme les soeurs Williams, Justine Henin et Maria Sharapova sont toutes absentes à Montréal. Des participantes à la Coupe Rogers, seule Kim Clijsters, qui a renoué avec la compétition l'été dernier après avoir fondé une famille, a une popularité qui transcende son jeu.

Comme les amateurs de tennis québécois, Lapierre pensait au moins compter sur la présence de Maria Sharapova, mais la Russe s'est blessée à la cheville dimanche en finale du tournoi de Cincinnati. «On avait réservé la piste d'atterrissage à Trudeau pour son jet privé, dit Lapierre. Son chum Sasha (Vujacic, le joueur de basket des Lakers de Los Angeles) m'avait même demandé le numéro de sa chambre à l'hôtel pour lui envoyer quelque chose à son arrivée. Avec ça, je ne pense pas qu'on peut dire que Sharapova ne prévoyait pas venir à Montréal...»

Le directeur de la Coupe Rogers ne pense pas que l'absence des grandes vedettes du tennis féminin affectera la vente de billets. Malgré l'élimination de la favorite Jelena Jankovic à son premier match mardi soir, le directeur de la Coupe Rogers a bon espoir de battre le record de billets établi en 2008. «On ne peut pas contrôler si les favorites vont gagner ou non, et les gens aiment bien prendre pour les négligées, ajoute Lapierre. Les gens ont du plaisir sur le site. Aujourd'hui, la championne de Roland-Garros (Francesca Schiavone) jouait sur le court 9 parce qu'on avait trop de bons matchs. Je garantis aux gens qui viennent au stade qu'ils vont s'amuser, qu'ils vont voir de bons matchs et de l'émotion. La magie du sport va opérer.»

Si l'absence de vedettes n'affecte pas trop la vente de billets chez Tennis Canada, elle a un effet sur les cotes d'écoute à RDS, en baisse comparativement au tournoi féminin de 2008. En comptant les émissions de lundi et mardi (après-midi et soirée), les cotes d'écoute de la Coupe Rogers sont en baisse globale de 21% par rapport aux chiffres de 2008. Elles sont toutefois en hausse de 12% par rapport aux cotes d'écoute du tournoi masculin de 2009. «Ce sont quand même des chiffres satisfaisants», dit Claude Deraîche, porte-parole de RDS.

Les revendeurs de billets connaissent eux aussi une semaine difficile au stade Uniprix. Hier, ils offraient des billets à moitié prix pour la séance d'après-midi. Pour la finale de dimanche, les billets à 160$ se vendaient 100$ et ceux à 100$ se vendaient 60$. «Ça ne me dérange pas du tout, dit Lapierre en souriant. Il y a 10 ans, nous n'avions même pas de scalpers.»