Les amateurs de tennis montréalais n'ont pas eu le bonheur de voir à l'oeuvre Roger Federer ou Rafael Nadal, hier en clôture de la Coupe Rogers.

Mais la finale entre le Britannique Andy Murray, 22 ans, deuxième mondial à compter d'aujourd'hui, et l'Argentin Juan Martin Del Potro, 20 ans, sixième au monde, illustrait bien le nouveau paysage du tennis masculin. L'hégémonie de Federer et Nadal est peut-être terminée. Peut-être pas. Mais de nombreux observateurs affirment qu'il n'y a jamais eu autant de profondeur sur le circuit masculin depuis l'époque de Connors, Lendl, McEnroe et Wilander. Principalement en raison de l'émergence des deux finalistes d'hier.

Cette finale n'a pas suscité les passions. Mais elle a permis en revanche de reconnaître le talent de deux athlètes hyper-talentueux, puissants, endurants, une rencontre qui s'est soldée par une victoire chèrement acquise par Murray, 6-7(4), 7-6(3) et 6-1, au terme d'un marathon de plus 2h44 par une chaleur accablante.

Dans la troisième et dernière manche, Del Potro, un géant de 6 pieds 6 pouces, n'était plus qu'un figurant sur le court tellement il semblait épuisé.

«Je savais avant la rencontre que je serais plus frais parce qu'il a disputé beaucoup de matchs ces dernières semaines avec sa victoire à Washington puis cette finale à Montréal, a admis Murray après sa victoire. J'ai senti qu'il commençait vraiment à être fatigué au début de la deuxième manche. J'ai peut-être été avantagé par le fait de disputer la plupart de mes matchs entre 13 et 15 heures toute la semaine, le moment le plus chaud de la journée. Ça m'a préparé aux conditions d'aujourd'hui.»

Contrairement à son rival, Murray n'avait pas joué depuis sa défaite en demi-finale aux mains d'Andy Roddick à Wimbledon le mois dernier lorsqu'il s'est présenté à Montréal.

«Certains ont qualifié ma défaite contre Roddick de décevante, a poursuivi Murray. Ce n'est pas une honte de perdre contre lui. Je ne me suis pas laissé abattre et j'ai redoublé d'ardeur. Je suis content d'avoir pu disputer de nombreux matchs cette semaine sur ciment. C'est une bonne préparation pour le US Open, un tournoi que je vais aborder avec confiance. Il ne m'a pas donné un match facile. Ce qui le rend si coriace, c'est qu'il possède un bon service et qu'en plus, il est très difficile, en raison de sa taille, de le battre de vitesse. Sa portée est telle qu'il semble atteindre toutes les balles. C'est un joueur de premier plan qui restera parmi les meilleurs longtemps.»

Murray a sauvé le match au bris d'égalité de la deuxième manche. «C'est n'est pas comme si mon adversaire avait failli à la tâche dans ce bris. J'ai réussi trois as et un très beau lob à un moment crucial.»

Le gagnant a touché 443 500 $ US pour sa victoire contre 222 000 $ pour Del Potro.

Le Britannique affirme qu'il aurait pu se laisse distraire par le fait d'être devenu avant la finale le nouveau numéro deux mondial devant Rafael Nadal. «Ça aurait pu nuire à ma concentration. Mais j'ai réussi à chasser cette idée de mon esprit avant le match.»

Quand un confrère lui a demandé par quel exploit il était davantage emballé, la victoire à Montréal ou l'accession au deuxième rang mondial, Murray a répondu franchement. «C'est une question très difficile. J'adore gagner des tournois. Mais je n'ai jamais été deuxième mondial alors que j'ai déjà remporté des Masters par le passé. Le second rang mondial m'emballe donc légèrement plus.»

Le US Open semble plus ouvert que jamais.