L'année 2011 sera celle des changements de garde dans le monde du tennis. Sur le court, où Novak Djokovic est numéro un mondial, comme dans les hautes sphères de l'ATP à Londres.

Après deux ans comme PDG de l'ATP, Adam Helfant, 46 ans, tire sa révérence avec le sentiment du devoir accompli. Les revenus du circuit ont augmenté de plus de 65% depuis trois ans, les commanditaires sont plus nombreux et le record d'assistance (4,4 millions de spectateurs) pourrait être battu cette année.

«Vous espérez toujours laisser le circuit dans un meilleur état que quand vous êtes arrivé, mais ces résultats sont surtout la combinaison d'un niveau de jeu incroyable, de grands champions qui ont une image positive et de l'intérêt des amateurs de tennis», a dit Adam Helfant en entrevue exclusive à La Presse.

Avocat formé à Harvard qui a fait ses classes dans la LNH puis chez Nike, Adam Helfant sait très bien qu'une bonne partie du succès de l'ATP repose sur trois personnes: Rafael Nadal, Roger Federer et Novak Djokovic.

«Les trois sont extrêmement importants pour le circuit, mais il n'y a pas qu'eux, a dit M.Helfant. Le calibre de notre top 10 est très relevé. Andy Murray montre beaucoup de promesses. Juan Martin Del Potro revient près du top 10. Novak, Rafael et Roger sont de grands champions, mais nous n'avons jamais eu autant de profondeur.»

Au nombre de ses décisions durant son court règne à la tête de l'ATP: réduire la durée de la saison afin d'éviter les blessures, et transformer les Masters 1000 comme la Coupe Rogers en tournois mixtes avec la WTA.

«L'objectif est d'avoir des tournois qui nous permettent de générer plus d'intérêt auprès des amateurs de sport, a dit M.Helfant. Il y a beaucoup d'offres dans l'univers du sport professionnel. C'est important de regarder en avant, car si vous n'avancez pas, vous reculez.»

Des changements?

Le talon d'Achille de l'ATP? Sa popularité aux États-Unis, où les cotes d'écoute déclinent à la télé. Aucun Américain n'a remporté un tournoi masculin du Grand Chelem depuis Andy Roddick en 2003.

«Je pourrais vous citer toutes sortes de statistiques prouvant la santé du tennis aux États-Unis, mais c'est vrai qu'on ne peut jamais remplacer un champion local, a dit M.Helfant. Prenez le Canada. Les amateurs de tennis du Canada ont toujours été fantastiques, mais quand l'un des vôtres atteint un niveau comme celui de Milos Raonic, c'est impossible d'égaler ça.»

L'ATP n'a pas encore nommé le successeur d'Adam Helfant, qui a décliné une offre du conseil d'administration pour continuer à la tête du circuit. Il nie avoir demandé une hausse de salaire au CA. Peu importe les raisons de son départ, M.Helfant a laissé une bonne impression aux joueurs. Rafael Nadal était en froid avec son prédécesseur Étienne de Villiers, à qui il n'adressait plus la parole.

«Nous aurions souhaité qu'Adam reste, a mentionné Roger Federer, qui préside le Conseil des joueurs de l'ATP. Malheureusement, en affaires, il arrive que ça ne marche pas, que ce soit à cause d'un conflit d'idées, de raisons financières ou d'une question de synchronisme.»

Ne comptez toutefois pas sur le détenteur de 16 titres du Grand Chelem, réputé pour son conservatisme tennistique, pour suggérer des réformes radicales au prochain patron de l'ATP.

«Pas besoin de changements, car le tennis va très bien», a dit Federer, qui prend son rôle de président du Conseil des joueurs au sérieux.

«C'est important pour moi d'aider le circuit, de laisser le jeu dans un meilleur état que quand je suis arrivé même si c'était déjà très bien. Ensuite, il y aura une nouvelle génération de joueurs, celle de Rafa, qui va prendre soin du tennis.»