Le Canadien Milos Raonic, passé de la 156e à la 34e place mondiale en tout juste trois mois, est à 20 ans la révélation de l'année en tennis et tout indique que c'est parti pour durer.

Après un hiver tonitruant marqué par un huitième de finale à l'Open d'Australie et un premier titre à San Jose, ce beau bébé (1,96 m) d'origine monténégrine était attendu au tournant pour le début de la saison sur terre battue.

Comment allaient fonctionner ses compas interminables et son service, sa meilleure arme (une moyenne de 17,85 aces par match, N.1 de la saison) sur une surface qu'il ne fait que découvrir ? «C'est un mystère», reconnaissait son entraîneur, l'Espagnol Galo Blanco, qui comme tout le monde attendait de voir.

Eh bien, on a vu. Dès ses premiers pas sur terre cette semaine à Monte-Carlo, Raonic a montré qu'il était capable là aussi de créer des ravages, battant Llodra et Gulbis pour atteindre les huitièmes de finale où il rencontrera David Ferrer jeudi.

«Je n'avais pourtant jamais joué sur terre battue à ce niveau, même pas en challenger (2e division). Je suis surpris que ça marche d'entrée», dit-il.

A la bonne école avec Blanco, ancien quart de finaliste à Roland-Garros, le Canadien a rapidement assimilé les ficelles du métier en s'entraînant avec Almagro, Granollers et Robredo la semaine dernière à Barcelone où il s'est installé en novembre, nouvelle étape dans sa trajectoire de citoyen du monde.

Né au Monténégro, Raonic a débarqué au Canada à l'âge de trois ans dans les valises de ses parents fuyant la guerre en ex-Yougoslavie. Cinq ans plus tard, il prenait ses premiers leçons au Blackmore Tennis Club de Richmond Hill. Le plus souvent tôt le matin ou tard le soir, par souci d'économie, sous l'oeil attentif - mais pas envahissant, assure-t-on - de son père Dusan, ingénieur dans le nucléaire

Trop timide pour Hugh Grant

«Paresseux mais intelligent» comme il le disait en Australie, Raonic a réussi à convaincre ses parents de le laisser tenter sa chance dans le tennis, repoussant une offre de l'université de Virginia Tech, un pari gagnant pour l'instant.

Pour réussir, Raonic a défini ses mots d'ordre: «Etre régulier, rester en bonne santé, travailler et ne jamais être satisfait», énumère-t-il. De son idole Pete Sampras, le jeune Canadien essaye de copier le «calme qu'il gardait en toutes circonstances» ce qui n'est pas forcément donné. «Milos a tendance à se mettre en colère rapidement mais il a fait des efforts», confie son entraîneur.

A 20 ans, Raonic est encore jeune et garde un regard émerveillé sur le monde qui l'entoure. «Chaque semaine je découvre quelque chose de nouveau», dit-il. A Monte-Carlo c'est un festival. «Plus bel hôtel jamais visité», «court le plus époustouflant jamais vu», tweetait-il à son arrivée.

«C'est spectaculaire ici. A l'image des voitures. Même pas besoin de les voir. La nuit on les entend et on se demande. Combien celle-là ? Un demi-million ?», raconte Raonic qui n'en revient pas de croiser autant de célébrités.

«Hier soir il y avait (l'acteur) Hugh Grant à la table d'à côté mais j'ai été trop timide pour lui demander une photo», souligne celui qui, à force d'avancer, devient pourtant lui-même de plus en plus lui la cible des chasseurs de souvenirs.