Après avoir disputé huit matchs et deux finales en 14 jours, Milos Raonic a finalement eu le temps de prendre un peu de recul. Profitant de quelques jours de répit à Acapulco, où il s'est retiré de la Classique Mexicano Telcel, le nouveau 37e mondial a assuré mardi en conférence téléphonique qu'il n'entendait pas s'arrêter en si bon chemin.

«Je ne doutais pas de mon talent, mais les choses devaient tomber en place, a-t-il rappelé. Déjà la saison dernière, à Toronto, Novak Djokovic avait dit qu'il ne me manquait pas grand-chose pour grimper rapidement au classement. J'ai remporté mes premières victoires sur le circuit ATP à l'automne, à Kuala Lumpur, et cela m'a mis en confiance. Cette saison, je continue sur ma lancée.»

Vainqueur d'un premier tournoi à San Jose, il a bien failli battre Andy Roddick en finale à Memphis. «Perdre en finale contre Andy Roddick n'avait rien de négatif, a-t-il assuré. Il a bien joué, s'est battu pendant tout le match et a gagné grâce à un très beau coup.

«Toute cette dernière semaine à Memphis a été fantastique. Jouer à ce niveau, tout de suite après un premier titre, était une bonne façon de montrer que je ne suis pas un feu de paille. J'ai d'ailleurs senti que bien des choses avaient changé.

«Je ne joue plus sur les courts secondaires, on me reconnait dans la rue. À Memphis, les spectateurs m'encourageaient même si je jouais contre les favoris américains. Je suis aussi plus respecté dans les vestiaires et mes adversaires savent maintenant qui je suis quand ils m'affrontent.»

«Je ne suis plus le petit nouveau dont personne ne se méfie et cela me procure évidemment une pression supplémentaire, mais cette pression ne me dérange pas. La vraie pression, c'est celle que je m'impose moi-même.»

Raonic a d'ailleurs assuré qu'il n'était pas question de s'asseoir sur ses lauriers. «Je suis bien entouré. Mon entraîneur est le premier à me rappeler que j'ai encore beaucoup à apprendre, même si je le sais très bien. Je ne suis pas du genre à écouter ceux qui me disent combien je suis bon...»

Un repos mérité

Raonic a déjà disputé 24 matchs cette saison, un sommet sur le circuit de l'ATP. Il s'est sagement retiré du tournoi d'Acapulco, même s'il avait perdu une bonne partie de la journée de lundi pour transférer de Memphis à la station touristique mexicaine.

«J'ai beaucoup joué cette saison et je ressens la fatigue, a-t-il expliqué. J'avais mal un peu partout dimanche soir après la finale, à une épaule notamment (une vieille blessure). J'ai avisé les organisateurs de ma décision à mon arrivée, lundi soir.

«Avec la Coupe Davis la semaine prochaine, puis les tournois d'Indian Wells et de Miami - qui seront de belles occasions pour moi -, je jugeais que ça ne valait pas la peine de prendre un risque.»

Le joueur de Thornhill profitera de deux jours de congé au bord du Pacifique et reprendra l'entraînement jeudi. «Je rejoindrai ensuite l'équipe canadienne à Mexico pour le match de Coupe Davis contre le Mexique, a précisé Raonic. Je suis très fier de représenter mon pays et j'espère aider l'équipe à aller loin dans cette compétition qui connait un regain de popularité.»

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L'émergence de Raonic parmi l'élite mondiale ne pouvait d'ailleurs survenir à unmeilleur moment pour Tennis-Canada. Alors que plusieurs joueuses ont brillé au cours des dernières années - Aleksandsra Wozniak atteignant le 21e rang il y a tout juste 20 mois -, aucun joueur n'avait accédé au top 50 depuis le milieu des années 1990.

Et comme le tennis masculin reste plus populaire que le féminin - environ 25% de revenus supplémentaires à la Coupe Rogers, par exemple - la percée de Raonic risque de s'avérer payante. D'autant plus que les filles continuent de bien performer, comme en fait foi la progression de Rebecca Marino.

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Le réseau Sportsnet, déjà diffuseur officiel de Tennis-Canada depuis quelques semaines, a annoncé lundi qu'il présenterait les matchs de l'équipe canadienne en Coupe Davis, dont Raonic sera évidemment le chef de file. Et il y a fort à parier que la présence du sympathique Milos permettra de battre tous les records d'assistance de la Coupe Rogers, l'été prochain, au Stade Uniprix.