Difficile d'imaginer qu'il y a tout juste un an, c'est un Rafael Nadal en pleine crise qui s'était présenté à Montréal pour la Coupe Rogers.

L'Espagnol reprenait la compétition après une pause de plus de deux mois causée par des tendinites aux genoux. Il avait perdu son dernier match, au quatrième tour à Roland-Garros devant le Suédois Robin Soderling, et avait dû renoncer à défendre son titre à Wimbledon.

Pour compliquer les choses, les parents de Nadal étaient en plein divorce, un véritable drame au sein d'une famille très soudée. Rafael, doit-on le rappeler, a été élevé à Majorque et s'est entraîné pendant toute sa carrière avec son oncle Toni. Un autre de ses oncles, Miguel Angel, a joué pour le FC Barcelone et la sélection nationale de football en Coupe du monde.

Catholique affiché, très attaché à son île et à ses valeurs traditionnelles, il tirait de son clan un ensemble de certitudes qui l'avait mené jusqu'au sommet du tennis masculin.

Plongé dans le doute pendant un été d'enfer, Nadal en est ressorti plus fort encore. Certes, les premiers mois ont été difficiles et il a fallu attendre mai 2010 - et le retour sur la terre battue - pour voir Rafa remporter un autre tournoi.

Nadal n'a d'ailleurs laissé aucune chance à ses rivaux lors de cet Open de Monte-Carlo qu'il a remporté pour la sixième fois d'affilée. En ne cédant que 14 parties en cinq matchs, en écrasant coup sur coup ses compatriotes Juan Carlos Ferrero, David Ferrer et Fernando Verdasco, l'Espagnol a confirmé de façon éclatante son retour.

Depuis, il accumule les succès sans fléchir. Il a notamment repris sa couronne à Roland Garros - un tournoi où il n'a subi qu'une seule défaite dans toute sa carrière -, prenant une revanche éclatante en finale contre Soderling. Nadal a aussi remporté un deuxième titre à Wimbledon, profitant un peu de la déroute de Roger Federer en quart de finale.

Revenu au sommet de la hiérarchie mondiale, encore plus solidement qu'avant ses blessures, Nadal peut maintenant concentrer ses efforts sur le dernier titre majeur qui manque à son palmarès: l'Omnium des États-Unis.

En double avec Djokovic

Invité vedette du tirage au sort de la Coupe Rogers, hier au sommet de la Tour du CN, Nadal a surtout fait le point sur sa préparation. Après Wimbledon, il a pris une pause de trois semaines au cours de laquelle il a subi des traitements à ses genoux toujours fragiles.

«Juste une question de prévention, a rassuré Rafa hier. Je suis en pleine forme et mon corps ne me dérange plus. Je ne pense qu'au tennis.

«J'ai repris l'entraînement il y a une dizaine de jours à Majorque avec Marc Lopez (ami, compatriote et partenaire de double). J'ai bien travaillé, mais je suis sans doute encore un peu à court de préparation. Cette semaine, je vais faire de mon mieux, comme toujours, et on verra bien où cela va me mener.»

Justement pour retrouver le plus rapidement possible sa forme de match, Nadal a accepté la proposition de son dauphin au classement mondial, le Serbe Novak Djokovic, de disputer ensemble le double à la Coupe Rogers. Ce sera la première depuis 1976 (Jimmy Connors et Arthur Ashe) que les deux premiers du classement ATP sont réunis pour un tournoi double.

«Jouer avec Novak sera sûrement amusant. Il est l'un des joueurs les plus talentueux du moment et ce sera excitant de partager le court avec lui. Après la Coupe Rogers, je jouerai aussi à Cincinnati avant le US Open», a poursuivi Nadal. L'Espagnol, qui avait remporté son premier titre sur ciment en 2005 à Montréal, estime qu'il est maintenant mieux armé pour briller sur cette surface.

«Je suis un joueur bien plus complet qu'en 2005 et je sais que je peux remporter la victoire sur toutes les surfaces si je joue à la hauteur de mes moyens. Par contre, je n'ai sûrement pas la même assurance sur ciment que sur la terre battue.

«C'est certain que j'aimerais remporter la victoire à New York. C'est le seul tournoi majeur que je n'ai pas gagné et ce serait bien de compléter le Grand Chelem. Mais je devrai être au sommet de ma forme pour y arriver»

À seulement 24 ans, Nadal a déjà remporté huit titres majeurs - cinq fois à Roland Garros, deux à Wimbledon et une à Melbourne -, à mi-chemin du record de 16 de Federer. Pour l'instant, il n'aime guère évoquer la possibilité qu'il puisse battre un jour la marque du Suisse auquel il voue une grande admiration. En conférence de presse, il élude les questions à ce sujet.

Mais qui sait quels nouveaux sommets il pourra atteindre au cours des prochaines années?