Pour la première fois depuis des lustres dans un grand tournoi, ni Roger Federer ni Rafael Nadal ne sont les principaux favoris du Masters, qui commence dimanche à Londres.

L'étiquette est plutôt portée conjointement par le tenant du titre Novak Djokovic et par Andy Murray, leurs poursuivants au classement ATP, le Serbe restant sur deux victoires d'affilée en tournoi, à Bâle et à Paris-Bercy, et le Britannique jouant devant son public.Federer n'a plus gagné un titre depuis Cincinnati cet été et vient de subir deux échecs en deux semaines, dont un très significatif chez lui en finale à Bâle, sa ville natale, face à Djokovic. Quelques jours plus tard, il était battu dès le premier tour à Paris par le Français Julien Benneteau, 49e mondial, son vainqueur le moins bien classé à l'ATP depuis dix-huit mois.

Le N.1 mondial a vécu une année extraordinairement riche en émotions. Après un début de saison qui avait fait craindre un déclin, il a atteint les deux derniers grands objectifs de sa carrière en remportant enfin Roland-Garros puis en battant le record des victoires en Grand Chelem à Wimbledon (15). A ces sommets sportifs s'est ajoutée la naissance de ses deux jumelles pendant l'été.

On comprendrait que sa motivation puisse être, au moins momentanément, en léger recul dans une épreuve qu'il a déjà gagnée quatre fois (2003, 2004, 2006, 2007) et qui n'ajoutera pas grand chose à sa gloire déjà sans égale.

Mais tout est possible avec le sextuple vainqueur de Wimbledon, d'autant qu'ayant peu joué ces derniers mois, il arrive frais dans une ville où il a joué tant de matches mémorables.

Le tirage au sort lui a réservé une poule à sa main avec le bizuth espagnol Fernando Verdasco, son premier adversaire dès dimanche, l'Argentin Juan Martin Del Potro, pas au mieux de sa forme, et Murray, qui devrait logiquement l'accompagner en demi-finale.

Le N.1 en jeu

Un triomphe de Nadal serait nettement plus étonnant. Dans toute sa carrière, l'Espagnol n'a jamais remporté qu'un seul titre sur synthétique en salle, le terrain qui lui convient le moins.

Son automne a été plutôt correct avec une finale à Shanghai et une demie à Paris, mais il y a subi deux sévères défaites contre Nikolay Davydenko puis contre Djokovic qui font douter de sa capacité à aller au bout.

C'est pourtant lui qui a le plus à gagner à Londres. Non seulement le Masters ne figure pas à son palmarès, où l'on note seulement deux demi-finales en 2006 et 2007, mais il a aussi une chance, au moins mathématiquement, de récupérer la place de N.1 mondial. Le Masters peut rapporter un maximum de 1500 points, soit bien plus que son retard sur Federer (945 points) au classement.

Ce serait le cas - parmi beaucoup d'autres tous assez peu probables - si Nadal remportait le titre sans perdre un match et si Federer était éliminé en poule.

Le Majorquin n'a pas été aidé par le sort, qui lui a réservé comme adversaires Djokovic, Davydenko et Robin Soderling, son tombeur à Roland-Garros. Le Suédois a récupéré in extremis un ticket grâce au forfait de l'Américain Andy Roddick, seul absent de marque à cause d'un problème au genou.

Après quatre éditions à Shanghai, le Masters a élu domicile à Londres, dans la O2 Arena, immense dôme de 23.000 places qui sera l'un des hauts lieux des jeux Olympiques de 2012.