Les arguments de Richard Gasquet ont convaincu la Fédération internationale de tennis (ITF) qui l'a estimé dopé à la cocaïne à son insu et lui a infligé une sanction clémente de deux mois et demi qui se termine le jour de son annonce, mercredi.

Le tribunal de l'ITF a par ailleurs décidé de ne pas toucher aux points ni au classement de Richard Gasquet (32e mondial), ni de le priver des gains réalisés après son contrôle positif, le 28 mars, au lendemain de son forfait pour le tournoi de Miami.

«Le joueur a réussi à établir comment la cocaïne était entrée dans son corps», a jugé le tribunal dans ses attendus. «Nous considérons que l'explication qu'il a avancée -celle d'une contamination involontaire consécutive à un baiser échangé avec une jeune fille venant de consommer de la cocaïne- est plus plausible qu'improbable», poursuit le tribunal.

En conséquence, «le tribunal rejette l'idée que le joueur ait délibérément pris de la cocaïne» et lui accorde une circonstance atténuante au regard du code mondial antidopage: celle de la «faute ou négligence non significative».

Ni tricheur, ni drogué

En conclusion de sa décision, le panel de trois juges présidé par Tim Kerr assisté de Richard McLaren, déjà intervenant dans l'affaire du cycliste Floyd Landis, et Mario Zorzoli, médecin de l'Union cycliste internationale (UCI), juge que, dans «ces conditions probablement uniques, il serait injuste et disproportionné d'infliger une sanction de 12 mois à M. Gasquet» qui n'est «ni un tricheur ni un consommateur de drogue», peut-on lire plus loin.

Le tribunal le suspend donc pour «une période de deux mois et demi à partir du 1er mai», date de son dernier match sur le circuit. La sanction se termine donc le... 15 juillet à 08H00.

Entendu les 29 et 30 juin à Londres par ses juges, Richard Gasquet, 23 ans, a donc réussi à convaincre d'une version qui paraissait à beaucoup invraisemblable: celle de la contamination à son insu, dans une boîte de nuit, par une jeune consommatrice, prénomée Pamela, appelée ensuite à témoigner en sa faveur.

Le joueur avait également présenté des analyses capillaires irréprochables et argué que le taux retrouvé dans ses urines (151 ng/ml) était loin des 1000 ou 2000 ng/ml mesurés couramment chez les toxicomanes.

Wilander, déjà

Qu'importe. La sanction aurait pu être bien plus lourde pour Gasquet, qui était passible de deux ans de suspension. Une clémence que même ses partisans ont admise, à l'image de Patrice Dominguez: «L'ITF a fait preuve d'une grande mansuétude. (...) Richard a été puni mais dans des proportions raisonnables. L'ITF a retenu la faible quantité et le manque de preuve», a déclaré le Directeur technique national. «Cela va lui permettre de ne pas hypothéquer ses chances de revenir au plus haut niveau. À lui de se remettre au boulot pour être prêt pour l'US Open.»

Une espérance partagée par Arnaud Lagardère, président du groupe éponyme dont le joueur porte les couleurs, qui s'est félicité dans un communiqué que le tribunal ait «jugé sans ambiguïté que Richard Gasquet n'avait pas absorbé de cocaïne délibérément».

Les parties, notamment l'Agence mondiale antidopage (AMA) ont désormais trois semaines pour se pourvoir en appel.

Un cas similaire à celui du jeune Français s'est déjà produit dans le tennis en 1995 lorsque le Suédois Mats Wilander et son coéquipier de double de l'époque, le Tchèque Karel Novacek, avaient été contrôlés positif à Roland-Garros. Les deux joueurs avaient écopé de trois mois de suspension et toujours nié l'usage délibéré de cocaïne.