Maître de la terre battue depuis trois ans, Rafael Nadal a étendu sa domination au circuit tout entier lors d'une saison 2008 digne de son prédécesseur détrôné, Roger Federer.

C'est le 18 août, au lendemain de sa victoire en finale des jeux Olympiques que l'Espagnol est devenu pour la première fois N.1 mondial, mettant fin au règne du Suisse, ininterrompu depuis plus de quatre ans.

Mais la véritable passation de pouvoir avait eu lieu six semaines auparavant, à Londres, lorsque le Majorquin avait été le premier à réussir le doublé Roland-Garros/Wimbledon depuis le légendaire Bjorn Borg, en 1980.

Au final, Nadal termine avec un bilan impressionnant: huit titres, dont deux Grands Chelems et trois Masters Series, 82 matches gagnés, dont ses quatre duels avec Federer, pour 11 perdus et une avance très confortable sur tous ses poursuivants au classement ATP.

Sa suprématie sur l'ocre, illustrée par la raclée infligée à Federer en finale de Roland-Garros, a été plus écrasante que jamais et ses progrès dans le jeu, au service, à la volée et en revers, lui ont permis de battre les meilleurs aussi sur gazon et sur dur.

Bien sûr, l'Espagnol a fini la saison épuisé, ce qui pose une nouvelle fois la question de la capacité de ce joueur au style si gourmand en énergie à se maintenir à son meilleur niveau toute une saison, et au-delà à avoir une carrière longue.

Un nouveau règne ?

Même s'il a été contraint de regarder à la télévision ses copains ramener la Coupe Davis d'Argentine, après avoir renoncé au Masters, à cause d'une tendinite au genou, l'année 2008 a été plutôt convaincante sur ce point-là aussi.

Toujours inarrêtable au printemps - sept de ses huit titres ont été concentrés sur une période de trois mois, entre fin avril et fin juillet - Nadal a amélioré ses performances autour de cette zone charnière en atteignant pour la première fois de sa carrière les demi-finales à l'Open d'Australie comme à l'US Open.

On n'est pas encore au niveau d'un Federer capable de gagner de janvier à novembre, mais on est très loin aussi des spéculations alarmistes nées fin 2007 d'une «petite phrase» de l'oncle et entraîneur Toni au sujet de la fragilité des pieds de son protégé.

Nul ne sait si l'année 2008 aura été la première d'un nouveau règne de longue durée. Ce qui est sûr, c'est que Nadal devra être diablement fort pour repousser une concurrence potentiellement plus relevée que sous son prédécesseur.

Federer d'abord, à seulement 27 ans, n'est pas forcément engagé sur la voie d'un déclin irrémédiable. Il l'a montré en enlevant son cinquième US Open en fin de saison.

Les plus jeunes, Novak Djokovic, vainqueur de son premier titre majeur à l'Open d'Australie et Andy Murray, l'homme qui a le plus progressé cette année, voire Jo-Wilfried Tsonga et Juan Martin Del Potro, sont bien décidés à transformer le mano a mano en mêlée générale.