Tous s’attendaient à une lutte inégale. C’est tout le contraire auquel on a eu droit. Iga Swiatek a souvent été ébranlée par la persistance de Karolina Muchova, mais elle a tenu le coup pour s’offrir son troisième titre en carrière à Roland-Garros.

La première raquette mondiale a eu le dessus en trois manches de 6-2, 5-7 et 6-4 dans un duel plus psychologique que physique.

Son uniforme blanc taché de terre battue, la championne était émue après l’ultime point, remporté sur une rare double faute de Muchova. Enfin, elle mettait un terme à ce match qui l’a vue surmonter une variété d’obstacles devant une 43joueuse mondiale obstinée et polyvalente.

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La championne Iga Swiatek et Karolina Muchova

« Les membres de mon équipe sont témoins que même lorsque nous nous sommes affrontées pour la première fois [en 2019], je savais que nous jouerions des matchs et des finales difficiles, car j’ai été vraiment frappée par ta variété [de coups] sur le terrain, a lancé Swiatek à la Tchèque sur le podium. J’espère vraiment que nous nous disputerons beaucoup d’autres finales. »

À plusieurs reprises, Swiatek a joué avec nervosité, déstabilisée par l’acharnement de la joueuse devant elle.

Mais chaque fois, elle a su retrouver ses esprits et trouver des solutions. C’est ce qui est arrivé au troisième set, alors qu’elle avait perdu les huit premiers points et qu’elle tirait de l’arrière 2-0. La reine de la terre battue a remonté la pente jusqu’à faire 3-2 et, ultimement, filer vers le triomphe.

Interrogée par NBC pour savoir ce qui avait fait la différence dans cette troisième manche, la Polonaise a hésité. « Honnêtement, c’était juste une question de croyance. C’était de me débarrasser de ces pensées au sujet du pointage et d’aller de l’avant. J’ai donné tout ce que j’avais. »

À 22 ans, Iga Swiatek est maintenant une quadruple championne en Grand Chelem ; un chiffre « surréel », comme elle l’a elle-même écrit sur la caméra après sa victoire.

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Un spectateur a rebaptisé le tournoi que la Polonaise vient de remporter pour la troisième fois de sa carrière.

Muchova a réussi à semer le doute

Dans les gradins du court central apparaît en grosses lettres une citation de Roland Garros : « La victoire appartient aux plus tenaces. »

Si Karolina Muchova n’a pas quitté le terrain avec la victoire, ce n’est pas faute de ténacité. La Tchèque a su semer le doute dans l’esprit des spectateurs, des amateurs et, surtout, de son adversaire.

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Accolade entre Muchova et Swiatek

La première manche avait été à l’avantage quasi total de Swiatek. Le début du deuxième set aussi. Muchova tirait donc de l’arrière 3-0 quand elle est enfin sortie de sa torpeur. Comme revivifiée, armée de son indéniable flair pour monter au filet, elle s’est approprié trois jeux coup sur coup.

Soudainement, les spectateurs s’expliquaient mieux leur décision de payer une petite fortune pour assister à cet affrontement. Tranquillement, ils se sont mis à croire en la négligée, qui se battait fièrement sous leurs yeux.

Muchova a créé de l’incertitude dans la tête de la numéro un mondiale en remportant la deuxième manche ; c’était la première fois que Swiatek perdait une manche dans ce tournoi.

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Karolina Muchova peinait à cacher sa déception lors des cérémonies d’après-match.

Le match a culminé avec un troisième set digne d’une finale de Grand Chelem. La vaincue a d’ailleurs eu droit à une ovation bien sentie au moment de recevoir son trophée de finaliste.

« Je vais faire ça vite parce que c’est émouvant. C’est incroyable. Merci à tous », a-t-elle laissé tomber pendant qu’une larme faisait son chemin sur sa joue droite. « C’était si proche et pourtant si loin à la fois. Ça arrive, quand tu joues contre une des meilleures. »

Même si elle ne part pas avec le gros trophée, Muchova a de quoi être satisfaite de son parcours en terre française. L’athlète de 26 ans a fait son chemin jusqu’à la demi-finale avant de vaincre la deuxième tête de série, Aryna Sabalenka, dans un duel très serré.

Elle arrivait dans sa première finale en Grand Chelem avec beaucoup plus d’heures de jeu dans les jambes que Swiatek. Son manque de constance et ses 38 fautes directes lui auront coûté la victoire, mais sa détermination et sa combativité méritent d’être applaudis.