(Paris) Quatre années ont passé depuis que Karolina Muchova a battu Iga Swiatek lors de leur unique confrontation, quatre années durant lesquelles leurs chemins ont divergé : c’est en N.1 mondiale bien établie dans l’élite que la Polonaise affrontera la Tchèque en quête de gloire.

En 2019 à Prague, Muchova qui avait bénéficié d’une invitation s’était imposée en trois sets au premier tour face à la Polonaise qui était passée par les qualifications. Quelques mois plus tard, Swiatek se faisait un nom en remportant à la surprise générale son premier Roland-Garros, sans perdre la moindre set du tournoi.

Puis la Polonaise a bénéficié du départ à la retraite de la N.1 mondiale australienne Ashleigh Barty pour s’installer au sommet de la hiérarchie, une place où elle s’est affirmée en réalisant une saison 2022 phénoménale avec (huit titres, dont un nouveau Roland-Garros et un des Internationaux des États-Unis).

La Tchèque, elle, a été victime de multiples blessures (dos, abdominaux, cheville) et a plongé au classement pour atteindre le 235e rang en août dernier, au moment où son adversaire de samedi était au sommet de sa domination.

Swiatek se souvient bien de ce premier duel à Prague car à l’époque, elle ne se sentait « pas forcément à (sa) place » et qu’elle se rappelle que Muchova avait « très bien joué ».

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Karolina Muchova

« Meilleure »

Désormais, la joueuse de 21 ans se sent bien à sa place et très légitime dans sa quête d’un quatrième titre du Grand Chelem, le troisième à Paris.

« Je suis une meilleure joueuse. J’ai progressé dans tous les compartiments, que ce soit tennistiquement, mentalement, tactiquement, physiquement, j’ai plus d’expérience… », affirme-t-elle.

Même si sa défaite en 8es de finale en janvier en Australie, face à la future finaliste Elena Rybakina qui s’est affirmée ces derniers mois comme l’une de ses principales adversaires du circuit, lui reste en travers de la gorge.

« Depuis, j’ai complètement changé d’état d’esprit pour devenir plus efficace et plus calme », explique-t-elle en soulignant en outre se sentir mieux sur terre battue que sur dur.

« J’ai plus d’armes que sur les surfaces rapides. J’essaie de mettre à profit cette confiance pour mieux me concentrer, ce qui me permet de mieux jouer », confie-t-elle.

En face, elle n’aura donc ni Rybakina, ni la Bélarusse Sabalenka (2e), les deux seules joueuses à l’avoir battue cette année (à l’exception de Krejcikova en finale à Dubai), mais l’inattendue Muchova et son jeu atypique qu’elle dit « beaucoup apprécier ».

« Elle a un très bon toucher de balle, elle est capable d’accélérer le jeu, elle a une grande liberté de mouvement et une excellente technique », résume Swiatek qui dit avoir partagé de nombreux entraînements avec sa prochaine adversaire.

« Match parfait »

Celle-ci revient d’années difficiles, et notamment la période 2021-2022 lorsqu’une blessure abdominale l’a tenue à l’écart plusieurs mois et qu’à Roland-Garros en mai 2022, son premier Majeur depuis des Internationaux des États-Unis 2021, elle s’est de nouveau blessée à une cheville au troisième tour après avoir pourtant battu au deuxième la N.4 mondiale et demi-finaliste sortante Maria Sakkari.

Si bien qu’après sa demi-finale en Australie en 2021, l’ex-19e à la WTA jouera à 26 ans sa première finale en Grand Chelem : « un rêve », mais « tout vient à point », philosophe-t-elle.

« J’ai eu des moments difficiles par le passé. Alors je n’en apprécie que plus ce moment », assure-t-elle.

Pour arriver en finale, elle a joué deux de ses six matchs en trois sets, dont l’exténuante demie face à Sabalenka, alors que Swiatek a de nouveau atteint la finale sans avoir perdu le moindre set et en ayant infligé au total quatre 6-0 à ses adversaires des trois premiers tours avant de bénéficier de l’abandon de Tsurenko dans le premier set en 8e. Au total, Muchova a passé 12 h 04 à batailler, quand Swiatek a mis 7 h 41 pour effectuer le même parcours.

Pourtant, la Tchèque a une statistique de poids en sa faveur : elle n’a jamais perdu contre une joueuse du Top3 mondial. De là à en faire la favorite ?

« Je ne pense pas, non ! Je ne connaissais pas cette statistique, mais c’est bien. Ça prouve que je suis capable de jouer contre elles », analyse Muchova qui ne voit qu’une solution pour soulever le trophée samedi : « jouer le match parfait ».