Leylah Annie Fernandez sera la première à le reconnaître : son match de deuxième tour était à sa portée. Parfois géante, parfois à court, la Québécoise a joué dignement et férocement face à la qualifiée Clara Tauson, mercredi, même si elle s’est inclinée en trois manches de 6-3, 5-7, 6-4.

Il est complexe de trouver du positif dans une défaite, quelle qu’elle soit. Surtout au tennis, dans un tournoi du Grand Chelem. Un revers est sans appel. L’athlète fait ses valises en direction de sa prochaine destination, laissant derrière un tournoi toujours trop jeune et la possibilité, aussi minime soit-elle, de passer à l’histoire.

PHOTO GEOFFROY VAN DER HASSELT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Clara Tauson

Leylah Annie Fernandez connaît toute la saveur d’une longue aventure en tournoi majeur. Elle y a goûté. Elle s’est déjà rendue au dessert, en finale, il y a moins de deux ans aux Internationaux des États-Unis. Depuis, chaque tournoi est presque décevant si elle quitte la table avant de se rendre à l’étape ultime.

La saison des joueurs canadiens est décevante. Un rendement inattendu compte tenu des succès des derniers mois et des dernières années. À l’approche de Roland-Garros, Fernandez représentait possiblement le meilleur espoir de l’unifolié. Elle avait gagné 50 % de ses matchs sur terre battue en 2023 et son amorce de tournoi avait été rassurante contre Magda Linette.

La gauchère avait toutes les raisons d’être confiante pour son deuxième match, face à Tauson. La Danoise est moins bien classée, au 127rang mondial, elle était issue des qualifications, elle avait donc joué près de quatre heures de plus depuis son arrivée en France, et malgré leur âge identique, Fernandez pouvait s’appuyer sur beaucoup plus d’expérience.

Du positif

Fidèle à elle-même, la Québécoise de 20 ans a été combattive et fougueuse. Elle a pris du temps pour se mettre en marche, mais même si elle tirait de l’arrière 4-0 en première manche, elle est revenue dans la rencontre, jusqu’à 4-3. Tauson a filé avec la manche, mais Fernandez a proposé une sublime palette de coups. Elle a utilisé une variété d’attaques, comme les amortis. Ça faisait un bail que Fernandez n’avait pas aussi bien maîtrisé ses différentes munitions.

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Leylah Annie Fernandez

Le principal point d’interrogation concernant la 49joueuse mondiale lors de son premier match résidait dans son service. Elle a repris son lancer de balle d’innombrables fois et le résultat, souvent, était insuffisant.

Dans ce match, elle a somme toute bien servi. Sur ses premières balles notamment, en faisant passer 73 % d’entre elles. Ses statistiques en deuxième balle sont moins reluisantes. Particulièrement en première manche, où elle a remporté seulement 2 de ses 13 points en deuxième service.

Néanmoins, de manière générale, Fernandez s’en est très bien tiré. Le résultat étant évidemment décevant pour celle qui a atteint les quarts de finale l’an passé. Or, sa tenue dans les moments chauds est encourageante pour le reste de la saison.

Tauson répond

Le seul problème rencontré au cours de ce match pour Fernandez s’appelait Clara Tauson.

Tant en offensive qu’en défense, elle a été brillante.

Ses claques frappées à plat étaient lourdes et précises. Du haut de ses six pieds, elle envoyait ses balles où elle voulait avec force et aplomb. À certains moments, le terrain semblait s’élargir pour elle.

À l’inverse, son travail en défense faisait en sorte que pour la Canadienne, le terrain semblait plus étroit. Même si elle tentait de la déborder et de la faire courir d’est en ouest, Tauson avait réponse à tout. Laissant Fernandez perplexe à plus d’une reprise.

Malgré des ennuis au dos et une fin de deuxième manche frustrante et inégale, Tauson a retrouvé ses aises lors de la manche ultime. La Danoise était dans une bonne journée. Et Fernandez écope, encore une fois, malgré une bataille digne et rassurante.

Denis Shapovalov a rendez-vous avec Carlos Alcaraz

On ne s’attendait à rien de la part de Denis Shapovalov en marge du deuxième tournoi majeur de la saison. Sa carrière tourne en rond depuis plusieurs saisons et la terre battue est la surface sur laquelle il est le moins à l’aise. À Roland-Garros, il n’a jamais passé le deuxième tour.

Cependant, il se débrouille plutôt bien depuis le début de la quinzaine. Fringant contre Brandon Nakashima, son jeu a toutefois été très « shapovalesque ». C’est-à-dire peu chic, mais drôlement efficace.

Il avait rendez-vous avec Matteo Arnaldi, mercredi, sur le court numéro 12. Le 106joueur au monde a offert une honnête opposition au Canadien, mais Shapovalov s’est imposé 6-2, 3-6, 6-3 et 6-3.

Shapovalov a été expéditif au premier set, le remportant en quelques minutes.

L’Italien, visiblement fouetté, a repris vie au deuxième set. S’il accumulait les attaques et les variétés de coups, Shapovalov, lui, semblait éteint.

Il rejetait toutes les attaques de son adversaire en plein centre, complètement sur la défensive. Évidemment, cette stratégie était en contraste avec la nature agressive du gaucher. Il a laissé échapper la manche 3-6.

La deuxième portion de la rencontre, en revanche, a été pleinement à son avantage. Shapovalov a excellé dans différentes phases du jeu et malgré toute sa bonne volonté, Arnaldi était tout simplement incapable de maintenir la cadence, mais surtout de trouver des solutions comme ça avait été le cas en deuxième manche.

Le Canadien a été brillant en enchaînements de service et surtout dans ses retours précis, rapides et profonds, Arnaldi était souvent menotté juste après être retombé sur ses deux jambes. Shapovalov a joué avec aplomb sur la majorité des points serrés.

Il a gagné les deux manches suivantes au compte de 6-3.

La bonne nouvelle pour lui, c’est qu’il passe le deuxième tour pour la première fois de sa carrière à la porte d’Auteuil. La mauvaise, c’est qu’il croisera le fer avec Carlos Alcaraz, numéro un mondial, au tour suivant.

Shapovalov est capable de grandes choses. Lorsqu’il est en pleine possession de ses moyens, il peut battre à peu près n’importe qui. Cependant, Alcaraz ne sera pas une proie facile à chasser. Les deux joueurs ne se sont jamais affrontés, mais l’Espagnol a déjà une longueur d’avance, compte tenu du contexte, de la surface, de son expérience déjà riche et évidemment de son talent.