Qui pouvait bien renverser une championne de tournoi du Grand Chelem pourtant intouchable et à l’évidence dans une classe à part depuis le début de la saison ? Une autre championne de tournois de Grand Chelem. Petra Kvitová s’est dressée face à Elena Rybakina pour lui soutirer le titre du tournoi de Miami, samedi après-midi, en deux manches de 7-6 (14) et 6-2.

À vrai dire, cette finale s’est jouée en trois manches. La première, la deuxième et… le jeu décisif du premier set.

Le triomphe de Kvitová s’est joué au cours de ces 24 minutes d’intensité, de férocité et de combat.

Trente points ont été disputés pendant ce jeu décisif. Rarement une manche est si âprement disputée. Chacune des joueuses a obtenu cinq balles de manche. Finalement, Kvitová a su le mieux tirer son épingle du jeu.

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Elena Rybakina et Petra Kvitová exposent leurs trophées après le duel.

Au début du jeu décisif, Rybakina avait pris l’avantage. Elle martelait sa rivale d’as, de coups gagnants en plus de la forcer à surjouer. Il s’agissait presque d’un copier-coller du jeu décisif de la première manche en finale du tournoi d’Indian Wells contre Aryna Sabalenka, il y a deux semaines.

Cependant, cette fois, la Kazakhe a été dépassée. Kvitová est revenue plus forte. La hargne et la puissance ayant caractérisé son jeu pendant ses années de gloire entre 2011 et 2014 ont refait surface. La double championne de Wimbledon a effectué des retours de service brillants, en plus de répondre à toutes les attaques de son adversaire. Le poing droit serré et la bouche grande ouverte, Kvitová a savouré chaque point, comme si elle avait compris comment battre la joueuse de l’heure sur le circuit de la WTA.

Le retour de Kvitová

Kvitová a déjà sa place parmi les plus grandes de l’histoire. Ce titre à Miami, l’un des tournois Masters 1000 les plus significatifs de la saison, prouve que la Tchèque a encore des réserves.

À partir de lundi, elle réintégrera le top 10 du classement de la WTA.

Elle est arrivée au tournoi comme 12joueuse mondiale, mais même si elle cognait à la porte, personne ne semblait vouloir lui répondre. Elle était complètement sortie de l’écran radar. L’intérêt et l’engouement pour les jeunes joueuses et les changements hebdomadaires au classement peuvent expliquer bien des choses.

Or, Kvitová a frappé un grand coup en battant Rybakina, la championne en titre de Wimbledon, la finaliste des derniers Internationaux d’Australie et la championne d’Indian Wells.

Il n’y a jamais eu de secret dans le jeu de la tenante, désormais, de 30 titres. Frapper fort, le plus souvent possible.

Cette description peut paraître réductrice, mais au contraire, la grande joueuse de six pieds est consciente de ses atouts et elle s’en sert à bon escient. La puissance ne se démodera jamais et Kvitová est toujours au goût du jour. Provoquer des erreurs est une chose, ne pas en faire, c’en est une autre.

La gagnante a fait seulement sept coups gagnants de plus que Rybakina, soit 29. Toutefois, elle a commis 10 fautes directes de moins, avec 14. Ce différentiel positif a fait pencher la balance.

Son jeu au service a été efficace avec 78 % des points gagnés, mais c’est grâce à sa capacité de maintenir les échanges et de renverser le tempo avec des bombes létales en profondeur sur les lignes que Kvitová a pu soulever le plus gros des deux trophées de cristal. Une première pour elle à Miami.

Rybakina à bout de ressources

La septième raquette mondiale a déjà joué beaucoup de tennis depuis le début de l’année. Un fardeau inévitable lorsqu’une joueuse est abonnée à la victoire.

PHOTO GEOFF BURKE, USA TODAY SPORTS

Elena Rybakina

Elle aurait pu devenir la cinquième joueuse de l’histoire à remporter le fameux Sunshine double, soit les tournois d’Indian Wells et de Miami coup sur coup.

Ces matchs et ces finales accumulés ont sans doute eu raison de Rybakina à Miami. Kvitová a été brillante et tenace, mais la favorite était visiblement à côté de ses pompes.

D’abord, elle jouait avec deux bandages sur les omoplates. Ça ne l’a pas ralentie outre mesure. La fatigue s’est plutôt fait ressentir dans son manque d’aisance à se déplacer, l’absence de mordant dans plusieurs de ses attaques, et surtout dans ses choix de jeu. Son esprit a parfois paru plus affecté que ses capacités physiques.

Ses montées au filet laissaient à désirer. Plus d’une fois, elle a frappé la balle avec le cadre de la raquette. De nombreuses balles sont tombées à des kilomètres de la ligne. Puis certaines de ses décisions en termes de placement de balle ont été fatales. Comme lorsque, en début de deuxième manche, elle avait un smash facile à placer sur la gauche, mais qu’elle a décidé de déposer un léger revers dans la direction dans laquelle se déplaçait Kvitová.

Ces détails ont fait la différence. Au moins, elle a pu compter sur son service, avec plusieurs as opportuns.

Reste que Rybakina devrait continuer de progresser au classement en vertu de cette place en finale, après avoir battu notamment Paula Badosa et Jessica Pegula, plus tôt pendant la semaine.