Seul un triomphe au tournoi d’Indian Wells séparait Carlos Alcaraz du premier rang mondial. L’Espagnol est arrivé à ses fins en battant un Daniil Medvedev méconnaissable en deux manches de 6-3 et 6-2, dimanche soir.

D’un côté, l’aspirant au premier rang du classement mondial et meilleur joueur de sa génération. De l’autre, le meilleur joueur en 2023 et le tenant d’une séquence de 19 victoires consécutives. Tout était en place pour un grand match. La meilleure finale possible, disaient certains, légitimement.

Or, ce match en a été un à sens unique en faveur de l’Espagnol. À un point tel qu’il a assombri la soirée après une bataille de tous les instants dans la finale féminine.

Medvedev s’est fait briser dès son premier jeu au service. C’était le prélude d’une finale catastrophique pour le Russe.

Alcaraz s’est amusé comme si son adversaire était un partenaire d’entraînement. Il a joué de finesse et toutes ses balles finissaient par embrasser les lignes s’il le voulait.

Chaque balle tombait comme le supplice de la goutte d’eau pour Medvedev. Débordé, dominé et irrégulier.

L’athlète de 19 ans a dominé dans toutes les facettes du jeu, sur une surface extrêmement lente, à son avantage de spécialiste de la terre battue. Il s’agit de son huitième titre en carrière, mais il reprend surtout le sommet du classement mondial. « C’est spécial de le faire ici, parce que j’adore ce tournoi », a précisé le champion après la rencontre.

Le monde de Carlito

Entre son premier service du tournoi et le moment où il a soulevé le trophée de cristal, Alcaraz n’a perdu aucune manche. Et pourtant, il a affronté sur son passage des adversaires hautement qualifiés. Il s’est débarrassé de Jack Draper, de Félix Auger-Aliassime (8), de Jannik Sinner (11) et de Medvedev (5) aisément.

C’est dire à quel point le roi Carlos est à l’aise sur son trône. Le tournoi d’Indian Wells était seulement le troisième disputé cette saison par Alcaraz, embêté par une blessure en début de calendrier. Il a gagné en Argentine, il s’est incliné en finale au Brésil et la semaine prochaine, il tentera de défendre son titre à Miami.

Ça me donne énormément de confiance. Je joue bien. Ç’a été dur aujourd’hui même si Daniil n’était pas au sommet de sa forme.

Carlos Alcaraz

Si certains étaient curieux de voir comment il allait réagir à son premier tournoi sur surface dure en 2023, il y a de quoi être optimiste au vu de cette écrasante victoire face à Medvedev. Même si la sixième raquette mondiale n’était manifestement pas dans son assiette, la dégaine et l’agilité d’Alcaraz ne font aucun doute. Comme lors de son match contre Auger-Aliassime, l’Espagnol a été agressif et furtif dans ses montées au filet. Son arsenal de coups est impressionnant et il en a fait payer le prix à Medvedev. Ses amortis, ses effets brossés et ses enchaînements ont eu le Russe à l’usure.

Il a converti ses trois balles de bris, en plus de faire passer 80 % de ses premiers services et de remporter près du double de points que son rival en retour de service. Alcaraz était seul sur le terrain californien.

« Tu me pousses à être meilleur chaque fois que je t’affronte », a souligné au micro Alcaraz en direction du finaliste.

Medvedev sourit malgré tout

Medvedev était le premier à être déçu de sa performance. « À tous les membres de mon équipe et à ma famille qui me regarde à la télévision, j’essayerai d’être meilleur la prochaine fois. […] Je n’aime pas perdre. Croyez-moi, je n’aime pas perdre, mais aujourd’hui, c’était assez facile. »

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Daniil Medvedev

Ce qui est plutôt étonnant, compte tenu de son jeu des dernières semaines. Il venait de remporter coup sur coup les tournois de Rotterdam, Dubai et Doha.

Son rendement au service a été horrible, avec notamment 53 % des points gagnés en premier service. Même en réception, il a eu l’avantage seulement 12 fois. D’ailleurs, sa stratégie d’attendre les missiles d’Alcaraz dos au mur du fond était sans doute une faiblesse. C’est dans les habitudes de Medvedev d’attendre relativement loin de la ligne de fond, mais sur une surface lente, contre un serveur rapide, patienter exagérément loin a été une lacune. Alcaraz l’a compris et il martelait son adversaire de balles sortantes et d’enchaînements service-volée injoignables.

Impuissant devant la menace, Medvedev a salué le brio et la personnalité du jeune numéro un mondial. « Tu es probablement le joueur le plus respectueux sur le circuit, a-t-il lancé. Tu souris toujours, tu salues environ 300 personnes par jour. »

Medvedev a montré son mécontentement plus que quiconque ces derniers jours par rapport à la surface, plus molle et plus lente qu’à l’habitude. Nombre de fois il a évoqué le fait que ce genre de surface augmentait les chances de se blesser.

Dimanche, il a appris à ses dépens que les dieux du tennis sont toujours à l’écoute : « J’ai une relation amour-haine avec le terrain ici. Alors j’aimerais remercier le terrain, dit-il en faisant rigoler les spectateurs. Je l’ai fait mal paraître, alors c’était à son tour de me faire mal paraître aujourd’hui. Il m’a au moins donné la chance de finir le tournoi ! »