(Paris) Après la fin prématurée du contrat signé avec Kosmos, plusieurs acteurs majeurs du tennis ont promis de soutenir la Coupe Davis, dont les rencontres de qualification démarrent vendredi, mais un grand flou plane encore sur la bonne formule à adopter pour redorer le blason de la compétition.

« La sauce n’a pas pris… on savait tous que cela allait arriver. On aurait aimé se tromper pour que la Coupe Davis ne se meure pas, mais les ingrédients de départ n’étaient pas les bons », a estimé mardi auprès de l’AFP Arnaud Clément, ancien capitaine de l’équipe de France.

Cinq ans après la signature d’un contrat à 3 milliards de dollars, prévu initialement pour durer un quart de siècle, la Fédération internationale de tennis (ITF) a mis un terme le 12 janvier dernier à son partenariat avec le groupe espagnol, et repris à son compte l’organisation de la Coupe Davis.

Si les causes officielles du divorce entre l’ITF et la société d’investissement présidée par l’ex-footballeur espagnol Gerard Piqué n’ont pas été communiquées, une source proche du dossier a confié que les deux parties avaient échoué à trouver un accord financier.

« Ce contrat, c’était beaucoup de poudre aux yeux : des promesses d’argent pour les nations et les joueurs, mais, derrière, à aucun moment on a parlé du sportif », a regretté mercredi auprès de l’AFP le président de la Fédération française de tennis (FFT), Gilles Moretton, qui a accueilli la nouvelle avec « soulagement ».

« Le bon format »

Souhaitant redynamiser une épreuve plus que centenaire, Kosmos avait proposé une formule revisitée de la Coupe Davis dès 2019.  

Exit les quatre tours s’étalant de février à décembre, les matchs en cinq manches et les duels entre sélections nationales, à domicile ou à l’extérieur, dans une ambiance survoltée.

Le nouveau format, qui n’a cessé d’être modifié à la marge année après année, a peiné à séduire les joueurs et, surtout, les spectateurs… à l’image des tribunes clairsemées lors de la phase de groupes l’an passé.

« La Coupe Davis s’est jouée dans l’anonymat le plus complet. Après un tel échec, le virage doit être très marqué pour remonter la pente, car la réhabilitation ne sera pas simple », s’inquiète Arnaud Clément. « Il va falloir trouver le bon format. »

De là à imaginer un retour vers le passé ? « Ce qui est dommage, c’est que la Coupe Davis avait effectivement besoin d’évoluer. Cela prenait beaucoup de temps aux joueurs tous les ans », souligne Clément.

Un avenir en question

À ce stade, rien n’a été décidé, mais plusieurs pistes seraient envisagées pour les prochaines éditions, dont la possibilité de revenir aux matchs à domicile/extérieur pendant des phases de poule et d’organiser la compétition sur deux, voire trois ans, pour mieux espacer les rencontres.

« Il faut protéger l’héritage de notre sport et la Coupe Davis est l’un de ces héritages. Il va falloir se mettre autour de la table avec l’ATP et l’ITF, réfléchir à l’avenir de cette compétition. Il n’y a pas de solution miracle, mais une volonté de construire », a dit Gilles Moretton.

Dans le flou, la compétition par équipes pourra compter sur des soutiens de poids. « Les tournois du Grand Chelem sont unis dans leur soutien à la compétition de la Coupe Davis », ont écrit les organisateurs des quatre tournois, souhaitant « la voir restaurée en un évènement de premier plan », dans un communiqué diffusé deux semaines après la fin de l’aventure Kosmos.

L’ITF a salué cette prise de position, se disant « impatiente de mener de nouvelles conversations » avec le comité du Grand Chelem. De son côté, le groupe Kosmos a indiqué avoir porté plainte devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) pour « rupture injustifiée » du contrat.

D’ici la fin de l’année, rien ne change en tout cas pour les Bleus, qui affrontent la Hongrie au meilleur des trois matchs à Tatabánya jusqu’à samedi. En cas de victoire, les hommes de Sébastien Grosjean seront qualifiés pour une phase de groupes en septembre, avant un possible tableau final à huit équipes en novembre à Malaga (Espagne).