D’un contrôle quasi absolu, il avait réponse à tout. Rien ne pouvait l’empêcher d’écrire l’histoire. Novak Djokovic a vaincu Stéfanos Tsitsipás en trois manches de 6-3, 7-6 (4) et 7-6 (5) pour égaler le record de 22 titres en Grand Chelem détenu chez les hommes par Rafael Nadal, dimanche matin aux Internationaux d’Australie.

Après avoir remporté le dernier point au bris d’égalité, Djokovic s’est tourné vers son équipe. Il a pointé sa tête, puis son cœur. Le grand Serbe a ensuite rejoint ses proches dans les gradins avant d’éclater en sanglots dans les bras de sa mère et de s’écrouler sous les émotions. Pendant de longues secondes, il est resté étendu au pied des membres de son équipe, en larmes. Un Djokovic comme on ne l’a jamais vu.

« Seules mon équipe et ma famille savent ce que j’ai traversé dans les quatre ou cinq dernières semaines. C’est sans doute la plus grande victoire de ma vie », a-t-il affirmé au micro, trophée en main.

« Je dois dire que ce tournoi fut l’un des plus grands défis de ma vie, considérant les circonstances », a-t-il également soutenu en référence à l’année dernière, alors qu’il avait été banni du tournoi en raison de son statut vaccinal.

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Novak Djokovic avec sa mère, Dijana

Il s’agit d’un 10titre en 10 finales aux Internationaux d’Australie pour l’athlète qui, à 35 ans, prouve encore une fois qu’il est toujours au sommet de son art. Un art sensationnel. Cette victoire lui donnera par ailleurs le premier rang au classement de l’ATP lors de la prochaine mise à jour, ce lundi.

Son adversaire lui a rendu hommage au moment de recevoir sa plaque de finaliste.

« Je pense qu’il est le meilleur à n’avoir jamais tenu une raquette de tennis », a laissé tomber Tsitsipás, provoquant les acclamations de la foule.

« J’aimerais te remercier de pousser notre sport si loin, a ajouté le 4mondial. […] Un joueur comme toi pousse chaque individu impliqué dans ce sport à être meilleur. »

Peu d’erreurs

Il a suffi du premier jeu pour comprendre que Djokovic était encore dans une forme presque irréprochable, malgré sa cuisse gauche bandée, et que la tâche serait titanesque pour Tsitsipás. Parce que quand le membre du Big Three est dans une telle forme, tout est à sa portée.

Djoko a été nettement supérieur lors de la première manche, jouant de patience, faisant déplacer son adversaire. Il l’a brisé une première fois pour faire 3-1, sans jamais affronter une balle de bris lors de ce premier set.

Tsitsipás, comme menotté, n’avait jusque-là le contrôle que sur un aspect : son service. Il a réussi six as, contre un pour Djokovic, mais le Serbe a ultimement eu le dessus 6-3.

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Novak Djokovic et Stéfanos Tsitsipás

C’est lors de son jeu au service à 1-1 en deuxième manche que Tsitsipás est enfin sorti de sa torpeur. Djokovic, un brin moins énergique, a commencé à commettre de petites erreurs.

La première occasion de briser de Tsitsipás s’est présentée alors qu’il menait 5-4 en deuxième manche. Djokovic a donc pris plus de temps au service, jouant dans la tête de son adversaire. L’athlète de 35 ans s’est approprié les deux points suivants, d’abord sur un joli placement, puis sur une balle trop longue du Grec.

La manche, qui s’étirait depuis plus d’une heure, s’est donc jouée au bris d’égalité. Après avoir pris les devants 4-1, Djokovic a vu Tsitsipás revenir de l’arrière jusqu’à faire 4-4. « Tsitsipás, Tsitsipás ! », criait la délégation grecque dans les gradins. Mais l’athlète de 24 ans n’a pu maintenir la cadence, accordant les trois points suivants, et le set, à Djokovic.

Au retour en troisième manche – après avoir attendu plus de sept minutes que son adversaire soit de retour sur le court –, Tsitsipás y est allé de coups précis pour briser Djokovic dès le premier jeu. Le bonheur a cependant été de courte durée ; le joueur d’expérience de l’autre côté du terrain lui a rendu la pareille au jeu suivant.

Les jeux ont ensuite défilé jusqu’au bris d’égalité, que Djokovic a commencé en force. Tsitsipás, comme pétrifié, a offert une avance de 5-0 au Serbe avant de remporter un premier point. Puis deux. Puis trois jusqu’à remonter la pente à 6-5. Mais Djokovic a finalement réussi l’ultime point pour l’emporter et venir à bout de sa mission.

Rêver grand

Djokovic a félicité Tsitsipás dans son discours, affirmant que « ce n’est assurément pas [son] dernier Grand Chelem ». « Tu as encore du temps, beaucoup plus que moi ! », lui a-t-il lancé.

Le champion s’est ensuite adressé aux jeunes athlètes qui « rêvent d’être ici, où Stéfanos et moi sommes ».

« Rêvez grand, parce que tout est possible. Ne laissez personne vous empêcher d’atteindre votre rêve, peu importe d’où vous venez. Plus vous traversez de difficultés, plus forts vous devenez. […] Trouvez la personne qui vous soutiendra dans votre rêve, même s’il n’y en a qu’une, et rêvez grand. Parce que vous pouvez y arriver. »

Maintenant, il est évident que Djokovic voudra s’approprier le record masculin de 23 titres en Grand Chelem. Pourrait-il y arriver dès juin, à Roland-Garros ?

Vous connaissez la réponse à cette question.

Consultez le classement de l’ATP

Le père de Djokovic rate la finale

Le père de Novak Djokovic n’a pas assisté au début de la finale des Internationaux d’Australie, qui a opposé dimanche son fils au Grec Stéfanos Tsitsipás, après une polémique née d’images sur lesquelles on le voyait poser avec des supporters prorusses à l’extérieur du stade à Melbourne.

Srdjan Djokovic, déjà absent lors de la demi-finale vendredi, n’était pas assis dans les tribunes avec l’équipe d’entraîneurs de son fils, le siège qu’il occupe habituellement aux côtés de sa femme Dijana restant vide. « Ce n’était pas agréable de ne pas l’avoir dans le box durant la demi-finale. J’espère qu’il sera là pour la finale », avait déclaré le joueur serbe.

Jeudi, une vidéo publiée sur un compte YouTube australien prorusse avait montré Srdjan Djokovic posant à l’extérieur du stade en compagnie d’un homme tenant un drapeau russe à l’effigie du président Vladimir Poutine.

La vidéo était légendée : « Le père de Novak Djokovic fait une déclaration politique audacieuse ».

Srdjan Djokovic avait décidé en milieu d’après-midi de ne pas assister au match pour ne pas « causer de perturbations », l’ambassadeur d’Ukraine ayant réclamé l’annulation de son accréditation pour avoir été pris en photos avec des supporters prorusses présents à Melbourne.

« Il est regrettable qu’une mauvaise interprétation en soit arrivée à ce stade. Mon père, comme il l’a expliqué, est allé après chacun de mes matchs rencontrer mes fans pour les remercier et prendre des photos », a insisté Novak Djokovic.

« Mais tout est parti d’une mauvaise traduction dans certains médias de ses paroles », a-t-il ajouté en assurant qu’il n’y « avait aucune intention de soutenir quelque guerre que ce soit ».

Novak Djokovic a également repris les mots utilisés par son père dans le communiqué expliquant qu’il n’assisterait pas à la demi-finale sur place : « Notre famille a traversé les horreurs de la guerre et tout ce que nous souhaitons, c’est la paix », avait écrit Srdjan Djokovic.

Agence France-Presse