La boucle est bouclée pour les Canadiens. En janvier, ils avaient remporté la Coupe ATP. Dimanche, ils ont triomphé à la Coupe Davis pour la première fois de l’histoire en battant l’Australie. Il n’y a plus de doute, le Canada est la meilleure nation de tennis au monde.

Il y a une dizaine d’années, lorsqu’un joueur passait un ou deux tours, c’était mission accomplie pour le Canada. Le programme national s’est mis en marche, le talent a émergé et Tennis Canada a permis à ses joueurs de croire en eux et d’atteindre les plus hauts sommets.

« C’était notre destinée », a répondu Félix Auger-Aliassime à une question qui était aussi destinée à Alexis Galarneau et Gabriel Diallo, mais ceux-ci n’avaient plus assez de voix pour répondre tellement ils avaient encouragé leurs coéquipiers. « Tennis Canada a investi beaucoup d’énergie, de temps et d’argent pour qu’un jour, on soit une nation qui peut éventuellement gagner la Coupe Davis. »

Une nouvelle génération de champions a été mise au monde. « Mis à part Vasek, parce qu’il est vieux maintenant, a blagué Auger-Aliassime après la rencontre, nous avons tous grandi ensemble en rêvant à ce moment. »

Cette brigade dorée pouvait alors s’appuyer sur des défricheurs comme Daniel Nestor, Milos Raonic et Vasek Pospisil, comme l’a évoqué Denis Shapovalov, drapeau canadien sur les épaules, au centre du terrain de Malaga.

Les jeunes loups ont assuré, et quelques mois seulement après avoir gagné un premier titre à la Coupe ATP, le Canada peut enfin ramener le Saladier d’argent au pays.

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Félix Auger-Aliassime a vaincu Alex De Minaur pour procurer la victoire au Canada.

D’autant plus que le Canada participait à cette finale par défaut, étant donné que, de prime abord, le pays avait été incapable de se qualifier pour la phase finale. Toutefois, comme il était le pays le mieux classé, c’est lui qui a été appelé pour remplacer la Russie, exclue de la compétition.

Le moment était grand, surtout en finale contre l’Australie. Un pays qui a marqué l’histoire de cette compétition centenaire. Parlez-en à Lleyton Hewitt, capitaine de l’actuelle formation australienne.

Un géant nommé Félix

C’est Auger-Aliassime qui avait la pression, ou le privilège, de fermer les livres contre Alex De Minaur, en vertu de la victoire de Denis Shapovalov contre Thanasi Kokkinakis, plus tôt en matinée.

Félix Auger-Aliassime voguait sur un rythme d’enfer depuis le début d’octobre. Ça s’est poursuivi à la Coupe Davis. Que ce soit en simple ou en double, le Québécois n’avait concédé aucune manche depuis son arrivée en Espagne.

Auger-Aliassime est l’enfant prodige du programme canadien depuis qu’il a 14 ans. Il est aujourd’hui sixième raquette mondiale, et le fait que le sort du Canada soit entre ses mains était encourageant pour la formation de Frank Dancevic.

Le Québécois a fait face à plusieurs balles de bris dès le départ. Très peu de ses premières balles parvenaient à atterrir dans le carré de service. Ce qui est plutôt inhabituel pour le jeune homme de 22 ans.

Il a toutefois répondu avec autorité pour briser son adversaire à 4-3 et gagner la manche 6-3 avec un as.

De Minaur, 24raquette mondiale, n’a pas lâché le morceau. Il a confronté le Québécois comme peu l’ont fait cet automne. Auger-Aliassime a dû surmonter trois balles de bris au cinquième jeu de la manche pour gagner plus de rythme.

Comme en Australie en début d’année, Auger-Aliassime a été impérial en fin de match. Il a tenu le coup pour l’emporter 6-4.

« J’ai vu l’ouverture et me suis dit : ‟Ça y est ! C’est réglé !” Quand j’ai vu la balle dans les airs, mes jambes m’ont lâché et tout le monde s’est jeté sur moi. »

Shapovalov a répondu présent

Denis Shapovalov n’est pas arrivé à son match dans des conditions optimales. Il avait perdu ses deux premiers duels en simple contre l’Allemagne et l’Italie, malgré une tenue de qualité. D’autant plus qu’il traînait une douleur au dos.

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Denis Shapovalov

L’Ontarien est parvenu à placer son équipe dans une position enviable en battant l’Australien Thanasi Kokkinakis en deux manches de 6-2 et 6-4.

Le Canadien de 23 ans a entamé le match avec des jeux d’éclat en retour et au service. Rapidement, il a compris que c’est en laissant Kokkinakis se tirer dans le pied qu’il allait prendre avantage. Il a accumulé les fautes directes pendant que Shapovalov s’amusait à retourner toutes ses balles avec aisance et doigté.

Shapovalov jouait de manière inspirée. Il s’est même permis quelques revers sautés en croisé et en parallèle comme lui seul sait les faire.

Il a conclu le match grâce à un énorme service sur le T que son rival n’a pu ramener. Il s’est jeté dans les bras de Pospisil après le match et tout le banc était en liesse.

Son apport a été considérable au moment où l’équipe avait le plus besoin de lui.