Avant Leylah-Annie Fernandez ou Eugenie Bouchard, Aleksandra Wozniak a ouvert bien des portes et elle reste dans l’esprit de plusieurs l’une des « grandes dames » du tennis canadien. Son entrée au Temple de la renommée de Tennis Canada, mardi soir lors d’une brève cérémonie sur le court central du stade IGA, est donc largement méritée.

Première Québécoise championne d’un tournoi de la WTA, à Stanford en 2009, qualifiée pour le quatrième tour à Roland-Garros cette année-là, Aleksandra a grimpé jusqu’au 21rang mondial.

Aussi détentrice de 12 titres en tournois ITF, Wozniak a longtemps été la tête d’affiche locale à Montréal et elle a atteint les quarts de finale en 2012, la meilleure performance canadienne en 20 ans, à l’époque. Et contrairement à d’autres, elle n’a jamais levé le nez sur une occasion de représenter le Canada en Fed Cup et détient plusieurs records nationaux dans cette compétition.

Une superbe carrière donc, malheureusement abrégée par une série de blessures qui l’ont poussée à la retraite au début de la trentaine alors qu’elle avait encore les moyens de revenir parmi l’élite mondiale.

Une période difficile, où elle s’est un peu sentie abandonnée par Tennis Canada, dont les dirigeants privilégiaient alors cette nouvelle génération qui allait bientôt éclore.

Wozniak a vite progressé, introduite au tennis alors qu’elle n’avait que 3 ans par son père, un ancien joueur de soccer professionnel en Pologne qui entraînait déjà la sœur d’Aleksandra, Dorota, une excellente joueuse elle aussi. Mais l’environnement sportif était bien différent à l’époque ; Antoni et Jadwiga ont dû multiplier les boulots pour permettre à leurs filles de vivre leurs passions. Et longtemps, même quand Aleksandra a commencé à briller sur la scène internationale, c’est encore Antoni qui l’entraînait.

Redonner à la relève

Aujourd’hui, à 34 ans, mariée et mère du petit James, Aleksandra dirige une académie de tennis à Bedford, en Estrie. Sa réputation et sa formidable résilience lui attirent l’intérêt de joueurs de tout âge et de leurs parents.

J’ai eu la chance d’avoir des parents exceptionnels qui nous aimaient d’un amour inconditionnel et qui auraient été prêts à tout pour leurs enfants.

Aleksandra Wozniak

« C’est beaucoup grâce à eux que j’ai pu réaliser mon rêve, avoir une si belle carrière et que je peux recevoir des honneurs comme cette intronisation au Temple de la renommée de mon sport au Canada, a raconté Wozniak en entrevue après la cérémonie. Avec le temps, avec ces honneurs et ces marques de reconnaissance, je prends conscience du grand privilège que j’ai eu. »

« J’espère maintenant pouvoir en aider d’autres à réaliser leurs rêves, utiliser mon expérience, mon vécu, pour être un mentor et les guider dans leur cheminement. Mon fils n’a qu’un an et je ne sais pas si le tennis l’intéressera un jour. Ce sera à lui de décider et nous l’appuierons, mon mari et moi, quel que soit son choix. »

Le collègue Tom Tebbutt, qui couvre les tournois du Grand Chelem depuis près de 50 ans et qui est unanimement considéré comme le journaliste de référence pour le tennis au pays, a aussi été intronisé au Temple de la renommée de Tennis Canada.