Alexis Galarneau rêve éveillé depuis quelques jours. À 23 ans, il a eu accès au tableau principal de l’Omnium Banque Nationale. Pour la famille Galarneau, ce cadeau est d’une valeur inestimable, mais il s’agit surtout d’une énorme récompense.

Galarneau a été le premier joueur à sauter sur le terrain d’entraînement du stade IGA, samedi matin. Sur le terrain voisin, à sa gauche, les vétérans Stan Wawrinka et Roberto Bautista Agut sont à leur tour venus poursuivre leur préparation.

Rapidement, la foule s’est agglutinée autour du terrain du Lavallois. Les murmures l’ont confirmé, les spectateurs présents dans le cadre du Week-end de la famille n’étaient pas venus voir n’importe qui, ils étaient venus voir Alexis Galarneau.

D’ailleurs, lors de certains échanges avec son partenaire d’entraînement, le Québécois se faisait applaudir lorsqu’il gagnait un point, même s’il était à l’échauffement. « C’est cool », a souligné brièvement Galarneau lors d’une pause d’hydratation, alors que lui-même suait à grosses gouttes. La température frôlait les 40 °C. « C’était une première ! Il va y avoir beaucoup de premières cette semaine. Il faudra être prêt à tout. »

Après son entraînement, dans le confort des bureaux climatisés de Tennis Canada situés dans le parc Jarry, Galarneau, accompagné de sa mère, Chantal Denis, s’est dit privilégié de vivre une telle expérience. Il a même confié être un peu surpris de l’ampleur de l’évènement et de ce que ça impliquait, étant donné qu’il fait partie du tableau principal en vertu d’un laissez-passer remis par les organisateurs du tournoi.

Même s’il est 238e au monde, le Québécois est l’un des joueurs les plus populaires depuis le début du tournoi. « À l’université américaine, tu apprends à gérer ton temps, et j’essaie d’utiliser ce que j’ai appris pour m’en servir ici. »

Galarneau a évolué pendant cinq ans sur le circuit de la NCAA, à l’Université d’État de Caroline du Nord, pour parfaire son jeu et continuer ses études. Il n’est peut-être pas un jeune prodige comme son bon ami Félix Auger-Aliassime, mais il a bûché pour arriver où il est aujourd’hui et sa mère, aux premières loges, ne pourrait être plus fière de son fiston.

Tous derrière Alexis

Mme Denis est l’agente de son fils pendant cette semaine spéciale, question de laisser respirer un peu celui qui affrontera Grigor Dimitrov, 16tête de série, au premier tour.

« On est super fiers et surtout très heureux pour Alexis », a-t-elle fait savoir en regardant son fils avec toute l’admiration que peut avoir une mère pour son enfant qui réalise son rêve.

Depuis toujours, les parents Galarneau amènent Alexis et le reste de la famille au Week-end de la famille. Habituellement, ce sont eux qui regardent avec admiration les meilleurs au monde s’entraîner. Cette année, c’est différent.

Mme Denis est fière de constater que les sacrifices de son fils sont enfin récompensés, même si le principal intéressé n’aime pas parler de sacrifices, puisqu’il vit de sa passion chaque jour.

Il ne fait pas le party, il ne boit pas d’alcool, il est super strict sur son alimentation et il ne prend jamais de vacances.

Chantal Denis, mère et agente d’Alexis Galarneau

« Nous, on prend des vacances, mais lui, il est seul sur la route. On a pris trois jours récemment ensemble, parce que ça tombait entre deux tournois, dit-elle les larmes aux yeux. Il ne se souvient même pas de la dernière fois qu’il a pris des vacances complètes. »

Pour eux, c’est presque l’accomplissement d’une vie de voir leur fils s’émanciper ainsi. De son côté, Galarneau est ravi de voir que sa famille le suit et qu’elle continue de prendre soin de lui. C’est donnant-donnant.

Il espère aussi pouvoir redonner aux Québécois. Il n’y a pas eu deux représentants de la Belle Province dans le tableau principal de l’Omnium Banque Nationale à Montréal depuis des lustres et Galarneau ne veut pas décevoir ses compatriotes : « C’est touchant de voir que les Québécois sont fiers de moi, parce que moi aussi, je suis fier d’être québécois. Pouvoir représenter le Québec à Montréal, c’est incroyable. »

Tous les éléments sont réunis pour que le jeune Galarneau se souvienne longtemps de cette semaine. Au-delà du résultat, une seule chose importe pour la famille du joueur, et c’est ce que Mme Denis a souligné en conclusion de notre entretien en regardant son fils : « Profites-en, Alexis. »