La joueuse canadienne qui réussit le mieux depuis le début de la saison est Gabriela Dabrowski. Le joueur canadien qui a remporté le plus de titres en carrière est Daniel Nestor. La seule médaille olympique de l’histoire du Canada en tennis a été acquise par Sébastien Lareau. Le point commun ? Ce sont tous des joueurs de double.

La situation n’est pas récente, mais le problème persiste. Les joueurs de double ne sont pas reconnus à leur juste valeur. Que ce soit dans les tournois ou dans la représentation médiatique, ces athlètes qui ont choisi une autre manière de vivre leur sport sont relégués à un statut inférieur, malgré tout le succès qu’ils connaissent.

Aux Jeux olympiques de Sydney, en 2000, Sébastien Lareau et Daniel Nestor ont terminé le tournoi avec une médaille d’or autour du cou. Il s’agit, encore à ce jour, de la seule médaille olympique remportée par le Canada en tennis.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Daniel Nestor et Sébastien Lareau, médaillés d’or aux Jeux olympiques de Sydney, en 2000

Pour sa part, Daniel Nestor arrive au troisième rang de l’histoire du tennis pour le plus grand nombre de titres en double avec 91. Il est devancé seulement par les frères Mike et Bob Bryan. Sur le plan statistique, Nestor est le joueur canadien le plus performant de l’histoire du sport.

Puis, malgré le retour en force de Bianca Andreescu et l’ascension de Leylah Annie Fernandez, c’est Gabriela Dabrowski qui doit être considérée comme la meilleure joueuse du Canada depuis le début de la saison. L’Ottavienne occupe le sixième rang mondial et elle a gagné un titre à Madrid en mai.

Elle a aussi atteint la finale à Rome la semaine suivante et elle vient de s’incliner en demi-finale du double mixte à Roland-Garros.

« J’ai toujours joué en simple et en double, a précisé Dabrowski en entrevue, mais j’ai longtemps voulu percer en tant que joueuse de simple. »

En raison de difficultés et de résultats concluants qui tardaient à arriver, l’athlète de 30 ans s’est davantage concentrée sur le double. Elle croit que de prendre cette avenue l’a sauvée. Même si sa carrière a pris une tournure inattendue, elle n’est pas moins heureuse et elle est reconnaissante d’avoir pu non seulement continuer à vivre de sa passion, mais aussi de s’être accomplie.

Ce dont je suis le plus fière, c’est d’avoir réussi à rester dans le monde du tennis malgré les difficultés. Jouer en double m’a permis d’accomplir mes buts, d’aller aux Jeux olympiques, d’être sur l’équipe nationale en Coupe Fed et à la Coupe Billie Jean King, de jouer les plus gros tournois au monde et de voyager partout sur la planète.

Gabriela Dabrowski

Avec 11 titres sur le circuit de la WTA, elle espère que son parcours atypique pourra convaincre les jeunes que le double n’est pas un prix de consolation.

D’autant plus que le double est enseigné rapidement dans les différents clubs et académies de tennis du Canada. De plus en plus, les entraîneurs encouragent et montrent aux jeunes à jouer en double. Pour le plaisir, certes, mais aussi pour développer d’autres habiletés, comme le jeu au filet ou des enchaînements après service.

Une question de marché et de format

L’été dernier, Dabrowski a remporté le tournoi de double féminin à l’Omnium Banque Nationale de Montréal. Pourtant, peu de gens en ont parlé. Cette victoire n’a pas fait la manchette.

Elle constate cependant que les choses tendent à changer. D’autant plus que certaines des meilleures joueuses au monde en simple, comme Barbora Krejcikova ou Coco Gauff, jouent aussi du tennis de grande qualité en double. « Il y a plus d’attention et d’importance qui sont données au double. Il y a plus de promotion et de marketing. Il y a un marché pour le double, mais je pense qu’il faut en faire plus. Le circuit, les fédérations, les tournois et les clubs doivent emboîter le pas. »

L’une des idées soutenues par Dabrowski et qui semblent faire l’unanimité des joueuses de double sur le circuit est de repenser au format des tournois par nation, par exemple. En Coupe Davis, chez les hommes, les matchs de double sont joués au milieu de la compétition, donc ce sont toujours des matchs déterminants et les joueurs sont aussi choisis en fonction de leurs habiletés en double. Du côté des dames, à la Coupe Billie Jean King, le double est joué à la fin du tournoi, si nécessaire.

« Je pense que ça fait perdre au double son importance, parce que certains duels se décident avant même que le double ne soit joué, ou bien toute la pression est mise sur nous parce que le tournoi se décide à ce moment précis. Si c’était toujours fait comme à la Coupe Davis, ce serait plus facile de le mettre en valeur », a conclu Dabrowski.