Félix Auger-Aliassime a poussé Rafael Nadal à la limite. À Roland-Garros. En soi, c’est un exploit.

Mais le Québécois n’a pu tirer profit de sa performance étincelante contre l’Espagnol. Il s’est incliné en cinq manches âprement disputées en huitièmes de finale, sur le court Philippe-Chatrier.

Nadal passe donc en quarts au profit d’une victoire de 3-6, 6-3, 6-2, 3-6 et 6-3 contre Auger-Aliassime. Cette bataille de tous les instants a duré près de 4 h 30 min.

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Rafael Nadal

« Oui, c’était un gros match, a dit Auger-Aliassime après le duel. Mais même s’il a haussé son niveau de jeu dans la cinquième manche, j’ai eu aussi quelques creux, physiquement et mentalement. J’ai un peu perdu le fil du jeu par moments. J’ai su me ressaisir quand il le fallait et retrouver mon service.

« Mais oui, globalement j’ai montré des choses positives, j’ai tenu la distance. En tout cas, j’ai tout essayé par rapport à ce que je maîtrise aujourd’hui. Tout cela est bien encourageant pour la suite. Je suis fier et je n’ai pas de regrets. »

« C’est un joueur incroyable », a souligné Nadal à propos d’Auger-Aliassime, sur le terrain après le match. « C’est un des meilleurs au monde. Il est très jeune. Il a beaucoup de puissance et est très mobile. C’était un adversaire difficile pour moi. »

Il s’améliore ici à chaque année. Je lui souhaite la meilleure des chances cette saison. C’est un bon gars et un bon collègue sur le circuit.

Rafael Nadal, au sujet de Félix Auger-Aliassime

Intenable tension

Auger-Aliassime était féroce en début de match. Nadal, un peu moins. Une bonne recette pour tenter de réussir l’exploit de vaincre l’Espagnol sur sa terre battue parisienne.

Plus précisément, Nadal ne convertissait qu’une seule balle de bris en sept occasions en première manche. Et Félix en a profité à quelques reprises pour faire de belles remontées dans ces jeux et ainsi prendre du galon. Il confirmait son gain en servant magistralement à 5-3.

Mais ne bat pas Rafael Nadal qui veut. L’Espagnol n’a quand même perdu que trois matchs en carrière à Roland-Garros.

Il commençait à imposer son rythme au deuxième set. Il ratait beaucoup moins. Et poussait Auger-Aliassime dans ses derniers retranchements. Ce dernier répondait généralement très bien à l’appel, toutefois. Les échanges étaient spectaculaires.

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Félix Auger-Aliassime

À 4-3, Nadal trouvait enfin la brèche sur une balle de bris. Sa deuxième réussite en 10 tentatives. Il consolidait son avance à 5-3, puis servait avec justesse pour la manche. Un set partout.

Irréductible Nadal

En troisième manche, on sentait que l’inévitable était en train de se produire. L’Espagnol asphyxiait le Québécois chaque fois qu’il trouvait un peu d’air frais dans les coins. Il rejoignait toutes les frappes en fond de terrain. Et celles excentrées à aller chercher hors du court.

Auger-Aliassime continuait à offrir de l’excellent tennis. Mais celui de Nadal était tout simplement meilleur. Il brisait le Canadien à deux reprises pour remporter la troisième manche 6-2.

Tiens, tiens. Était-ce une petite baisse de régime de la part de Nadal au quatrième set ? Si oui, Félix était là pour en profiter. Il brisait pour prendre les devants 2-0. Après que Nadal lui eut rendu la pareille, le Canadien trouvait la brèche à nouveau dans le service de l’Espagnol, puis consolidait à 3-1.

Nadal continuait à s’accrocher. Mais Félix avait flairé la bonne affaire. Il s’imposait 6-3 pour pousser le roi de la terre battue à la limite des cinq manches.

À l’image des quatre heures précédentes, le cinquième set a été tendu au possible. Il a fallu attendre le service de Félix à 4-3 pour voir Rafa élever son jeu d’un cran – une fois de plus. Il fallait voir la réaction de Nadal, et de la foule, lorsque l’Espagnol se donnait deux balles de bris à 15-40. Il concrétisait son bris le jeu suivant. Et allait servir pour le match à 5-3.

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Rafael Nadal

Poussé par une ferveur que l’on n’avait pas vue encore dans cette rencontre, le maître incontesté de Roland-Garros allait confirmer son emprise sur ce tournoi quelques instants plus tard. Fin des émissions pour le Québécois.

« C’est un tournoi que j’adore depuis que je suis gamin et c’était dommage, difficile, de ne pas gagner de match ici les deux dernières années alors que j’aime tant jouer ici », a reconnu Auger-Aliassime, en mode bilan.

« Même si ce n’est pas la surface où j’ai les meilleurs résultats, j’aime aussi jouer sur terre battue. Cela me fait du bien de me prouver, et aux autres aussi, que j’ai ma place dans les derniers joueurs du tournoi. J’espère que, dans les années à venir, j’aurai une chance de gagner le tournoi, mais ça fait déjà plaisir d’avoir gagné des matchs. »

Maintenant, restera-t-il assez d’énergie à Nadal pour battre Novak Djokovic en quarts de finale ?

« Moi, j’accepte ma situation, a expliqué le taureau de Manacor, humble. Je ne peux pas me plaindre, je suis en quarts de finale de Roland-Garros. Il y a deux semaines, je ne savais même pas si j’allais pouvoir venir. Alors j’apprécie simplement le fait d’être ici une année de plus.

« Car pour être honnête, chaque match que je joue ici pourrait être le dernier de ma carrière à Roland-Garros. C’est là où j’en suis. Oui, j’ai traversé de dures épreuves à cause de mon pied [gauche] et je ne sais pas ce qu’il en sera dans un avenir proche, sur le plan de ma carrière. C’est pourquoi j’essaie de profiter au maximum et de me battre autant que je le peux pour continuer à vivre ce rêve qui est de continuer à jouer au tennis et de pouvoir faire face au n° 1 mondial dans les derniers tours du tournoi. On verra. »