(Madrid) Où s’arrêtera Carlos Alcaraz ? 24 heures après Rafael Nadal, la nouvelle merveille espagnole, 19 ans depuis jeudi, a fait mordre la poussière au N.1 mondial Novak Djokovic samedi pour se qualifier pour la finale du Masters 1000 de Madrid.

Entré dans le top 10 fin avril, quand il n’avait encore que 18 ans, Alcaraz s’est imposé 6-7 (5/7), 7-5, 7-6 (7/5) au bout d’un match marathon et spectaculaire de 3 h 35 min

Il disputera la deuxième finale en Masters 1000 de sa carrière naissante face au N.3 mondial et tenant du trophée Alexander Zverev, victorieux du N.5 Stefanos Tsitsipas 6-4, 3-6, 6-2 à une heure du matin passée. Et il sait d’ores et déjà qu’il grimpera à la sixième place mondiale lundi.

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Carlos Alcaraz et Novak Djokovic

Tombeur de Nadal la veille, pour leur troisième face-à-face, Alcaraz devient le plus jeune joueur (devant Tsitsipas) à avoir accroché à son tableau de chasse à la fois « Rafa » et Djokovic – certes pas en ce moment les épouvantails qu’ils ont été (et pourraient redevenir). Avant lui, jamais personne ne les avait battus tous les deux dans le même tournoi sur terre battue.

Deux statistiques qui ne font que confirmer ce qui se dessine depuis plusieurs mois déjà : la vertigineuse ascension du jeune Espagnol, encore au-delà du top 100 il y a un an et promis à un avenir radieux. Dès Roland-Garros dans deux semaines (22 mai-5 juin) ?

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Alexander Zverev et Stefanos Tsitsipas

« Je me sens prêt à rivaliser eux dans tous les tournois, sur toutes les surfaces. En Grand Chelem, avec les matchs en cinq manches, c’est totalement différent, mais je crois que je suis prêt », assume le protégé de Juan-Carlos Ferrero, ex-N. 1 mondial et lauréat de Roland-Garros 2003.

Amorties à la pelle

Sous le soleil madrilène, les amateurs de duels épiques ont été servis. Et la Caja Magica ne s’y est pas trompée en se lançant dans une ola à l’approche du dénouement et en accompagnant jusqu’au bout sa nouvelle pépite à coups de « Si se puede ! », l’équivalent espagnol de « Yes we can », à tue-tête.

Sur un fil tout au long de la manche décisive, Djokovic a tenu bon jusqu’au bris d’égalité. Mais Alcaraz, qui s’était déjà procuré cinq balles de break et même une première balle de match à 5-4 dans cette troisième manche, a fini par porter l’estocade après plus de trois heures et demie de jeu.  

Trois heures et demie pendant lesquelles il a fait étalage de son jeu spectaculaire, à la fois offensif et créatif, entre coups droits fusées, volonté farouche de jouer vers l’avant, prises de balle hyper précoces, et inspirations géniales, à l’image de ce coup droit chopé glissé en début de deuxième manche. Sans oublier un sang-froid bluffant aussi jeune.

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Novak Djokovic

« Il a très bien tenu ses nerfs. Jouer avec autant de maturité et de courage à son âge, c’est impressionnant », concède Djokovic.

Plus tôt, le N.1 mondial s’en était sorti de justesse dans la première manche, au jeu décisif, après avoir été breaké d’entrée et mené 4 jeux à 2.

« Meilleur tennis de l’année »

Il s’est même approché pas si loin d’une victoire en deux manches quand il a obtenu une balle de break à 5 jeux partout.

Mais Alcaraz, visiblement pas gêné par sa cheville droite méchamment tordue la veille contre Nadal, l’a écartée – avec une de ses délicieuses amorties dont il a fait son arme fatale – et au jeu suivant, il a égalisé à une manche partout. On jouait déjà depuis plus de deux heures et l’ombre gagnait le Central madrilène.

Même battu, Djokovic repart avec une certitude : lui qui est à la recherche de son meilleur niveau après un premier trimestre quasiment à l’arrêt marqué par son invraisemblable expulsion d’Australie, faute de vaccination contre la COVID-19, est incontestablement sur le bon chemin.

S’il a fini par plier, le Serbe a longtemps tenu le choc face au joueur en forme du moment, et a évité la panne sèche connue tant à Monte-Carlo qu’à Belgrade les semaines précédentes. Sa montée en puissance est évidente.

« J’ai joué du très bon tennis, mon meilleur de l’année. Probablement que quand la déception d’avoir perdu sera passée, je retirerai beaucoup de positif de cette semaine », estime-t-il.

En finale dimanche, Alcaraz, désormais sur une série de neuf matchs remportés consécutivement, partira à la conquête d’un cinquième trophée, son quatrième de l’année après Rio, Miami (Masters 1000) et Barcelone il y a deux semaines.  

Rien ne semble faire peur à « Carlito ». À part peut-être une chose : quand on l’appelle Carlos. Alors, sourit le jeune phénomène, « j’ai l’impression d’avoir fait quelque de mal ».