(Londres) Accusé de fraudes liées à sa banqueroute, l’ex-gloire du tennis allemand Boris Becker a comparu lundi au lancement de son procès à Londres, dernier déboire en date d’une retraite sportive mouvementée.

« Boum Boum » Becker, 54 ans, est arrivé au tribunal de Southwark à Londres, avec sa compagne Lilian de Carvalho Monteiro, portant un pardessus sombre et une écharpe violette.

Déclaré en faillite personnelle en juin 2017 à Londres, le sextuple vainqueur de tournois du Grand Chelem est accusé de ne pas avoir respecté ses obligations de divulgation d’informations, notamment bancaires, ce qu’il conteste. Il risque jusqu’à sept ans de prison.

Il est accusé d’avoir dissimulé plusieurs propriétés et environ 1,8 million de livres sterling (3 millions $). Il lui est également reproché ne pas avoir remis certains de ses trophées de Wimbledon et de l’Open d’Australie afin de régler ses dettes.

En juillet 2019, 82 articles, parmi lesquels d’autres trophées et souvenirs personnels, avaient été vendus aux enchères et avaient rapporté 765 000 euros, une somme destinée à éponger une partie de ses dettes.

À l’époque de sa banqueroute en juin 2017, ses dettes étaient estimées jusqu’à 50 millions de livres.

Le procès, prévu pour durer trois semaines, a débuté avec la sélection des jurés, à qui la juge Deborah Taylor a demandé d’« ignorer » la célébrité du prévenu.

Multiples déboires

L’ancien joueur a déjà eu des déboires judiciaires pour des dettes impayées avec la justice espagnole, concernant des travaux dans sa villa de Majorque, et avec la justice suisse, pour ne pas avoir payé le pasteur qui l’avait marié en 2009.

En 2002, la justice allemande l’avait condamné à deux ans de prison avec sursis ainsi qu’à 500 000 euros d’amende pour quelque 1,7 million d’euros d’arriérés d’impôts.

Six fois titré en Grand Chelem, « Boum Boum » Becker, ainsi surnommé pour son service ravageur, a remporté 49 titres et obtenu plus de 20 millions d’euros de gains pendant sa carrière sportive.

Alors âgé de seulement 17 ans, Becker est devenu en 1985 le plus jeune vainqueur de Wimbledon en simple et le premier joueur non classé à soulever le trophée.

Son jeu dynamique et son enthousiasme enfantin, illustrés par son penchant pour les volées plongeantes spectaculaires, fait alors de lui le chouchou du public de Wimbledon.

Il défend avec succès son titre à Wimbledon l’année suivante, écrasant le numéro un mondial de l’époque Ivan Lendl.

En 1989, Becker remporte Wimbledon pour la troisième fois et gagne son premier US Open quelques mois plus tard.

Passeport diplomatique

Sa longue quête pour devenir numéro un mondial finit par payer en 1991, où il remporte l’Open d’Australie pour la première fois, battant Lendl en finale pour se hisser en haut du tableau.

Mais le plus grand moment de Becker s’avère être aussi le début de son déclin brutal.

Sujet à des sautes d’humeur sur les courts, Becker a souvent perdu des matchs à sa portée et a écopé de nombreuses amendes pour avoir brisé sa raquette.

Ces crises de colère sont des manifestations publiques de la personnalité instable de Becker, qui a du mal à rester au sommet.

À partir de 1993, il a maille à partir avec le fisc allemand, et perd sa dernière finale à Wimbledon face à Pete Sampras en 1995.

Il remporte son dernier titre du Grand Chelem à l’Open d’Australie en 1996 avant de prendre sa retraite sportive trois ans après, 49 titres en simple à son actif.

Toujours dans le milieu du tennis, il deviendra commentateur à la télévision et sera l’entraîneur de Novak Djokovic de 2013 à 2016, aidant le Serbe à s’imposer face à la domination de Roger Federer et Rafael Nadal.

Sa vie privée a souvent été agitée, avec de nombreuses séparations.

Acculé par la justice britannique, il tente en 2018 un ultime coup de poker, affirmant avoir été nommé par le président de la Centrafrique « attaché » auprès de l’Union européenne pour les affaires culturelles, sportives et humanitaires de ce pays.

Son avocat avait argué que son rôle lui accordait une immunité diplomatique l’empêchant d’être poursuivi pour le paiement d’autres dettes, avant de renoncer à cette revendication.