La première sortie d’Alexis Galarneau en Coupe Davis, vendredi aux Pays-Bas, viendra un peu moins de deux mois après le triomphe du Canada contre l’Espagne à la finale de la Coupe ATP, en Australie.

Ce triomphe a été rendu possible par le brio de Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov qui, du coup, ont pu venger l’échec qu’ils avaient subi aux mains des Espagnols lors des Finales de la Coupe Davis de 2019 à Madrid.

Toutefois, ce week-end, les deux meilleurs joueurs de tennis du Canada feront l’impasse sur la Coupe Davis, qui arrive à peine quelques jours avant le début de l’important tournoi d’Indian Wells en Californie, sur surface dure, du 10 au 20 mars.

Peu de temps après, l’élite du tennis mondial se donnera rendez-vous à Miami pour un tournoi d’aussi grande envergure, également sur surface dure, du 23 mars au 3 avril.

« Ça fait partie du problème de la structure de la Coupe Davis présentement », a souligné Eugène Lapierre, vice-président principal chez Tennis Canada, qui note qu’il existe trois grandes compétitions par équipe au tennis masculin, soit la Coupe Davis, la Coupe ATP mais aussi la Coupe Laver.

« Il (Le Canada) doit se qualifier pour la finale (de la Coupe Davis). On a un match à jouer contre un pays tiré au hasard. C’est en Hollande. Il faut se déplacer en Europe. Félix vient de gagner un tournoi, il essaie de monter au classement. Même chose pour Denis. Et tout à coup, il faudrait aller en Europe, jouer sur terre battue pendant une semaine, revenir et se préparer pour deux grands tournois sur le dur. Ça n’a pas de sens », a affirmé Lapierre, qui est en faveur de la tenue d’une seule grande rencontre par équipe par année, placée à un moment stratégique de la saison.

C’est une opinion que partage l’ancien joueur Réjean Genois, qui a réalisé un rêve d’adolescent en participant à 20 matchs en simple en Coupe Davis entre 1974 et 1983.

Genois rappelle que les temps ont changé et qu’aujourd’hui, se hisser dans le top-10, gagner des tournois de l’ATP et, surtout, triompher en Grand Chelem sont les principales sources de motivation des joueurs.

« J’ai été le premier Québécois de la région de Québec à faire partie de l’équipe canadienne de la Coupe Davis et c’était toute une source de fierté », a noté Genois, qui comprend très bien les choix que doivent faire des joueurs hautement classés, comme c’est le cas pour Auger-Aliassime et Shapovalov, au fil d’un calendrier chargé et exigeant.

Il reste qu’il fut une époque où la Coupe Davis était vue comme un évènement au moins aussi important que les tournois du Grand Chelem.

« Pour nous, c’était le plus gros tournoi », a dit Robert Bédard, qui a porté les couleurs du Canada en Coupe Davis de 1953 à 1961, ainsi qu’en 1967.

« Ç’a changé lorsque le tennis est devenu professionnel, en 1968, a-t-il poursuivi. Nous, on faisait tout ce qu’on pouvait pour faire partie de l’équipe de la Coupe Davis. »

Longtemps analyste de tennis à la télévision, François Godbout a lui aussi connu l’époque de la Coupe Davis des années 50.

Il y a joué un premier match en juillet 1959, au Club de tennis Mont-Royal, sur gazon, contre l’illustre joueur australien Rod Laver qui, quelque trois semaines auparavant, s’était incliné en finale à Wimbledon.

« La veille du match, je n’ai pas dormi de la nuit », a avoué Godbout, qui avait tout de même gagné la manche initiale 9-7, avant de perdre les trois suivantes 6-4, 6-2, 6-1.

Godbout venait alors de concrétiser un rêve d’adolescent, celui de jouer un match à la Coupe Davis.

Un rêve qu’il avait entretenu en écoutant avec passion des matchs de la Coupe Davis qui étaient diffusés à la radio et qui étaient commentés par René Lecavalier, avant l’avènement de la télévision, en 1952.

« Quand la Coupe Davis arrivait pendant trois jours en juillet, j’étais chez moi dans le salon, je fermais tous les rideaux parce que je voulais être dans la noirceur, j’allumais la radio et j’écoutais ça avec un coupe-papier dans la main. Et chaque fois que le Canada perdait un point, je donnais un coup de coupe-papier dans la radio ! », a-t-il raconté en riant.

« J’écoutais la radio religieusement pendant trois jours. Chaque point », a-t-il ajouté.

Godbout garde aussi un précieux souvenir du premier match de la Coupe Davis qu’il a vu en personne en 1951, à l’âge de 13 ans. Le Canada se mesurait alors aux États-Unis.

« C’était le seul moment où on pouvait voir les meilleurs joueurs au monde. Ma première Coupe Davis comme spectateur, en 1951, c’était comme le Pays des Merveilles », a-t-il décrit.

« Dans les années 50, la Coupe Davis était aussi importante que les tournois du Grand Chelem, a-t-il affirmé. Et je dirais qu’avant ça, dans les années 30, c’était plus important encore. »