Les tambours et trompettes qui jouaient en son honneur n’auront pas suffi pour porter Félix Auger-Aliassime, dimanche, à Marseille. Le Québécois s’est incliné en deux manches de 7-5 et 7-6 (4) devant le Russe Andrey Rublev en finale de ce tournoi ATP 250.

Auger-Aliassime a haussé son jeu d’un cran en fin de deuxième manche, mais c’était trop peu, trop tard. Rublev était là pour pousser son adversaire à la faute et en faire le moins possible.

« Je pense qu’il a mieux joué dans les moments importants, dans les fins de sets », a commenté Auger-Aliassime dans un entretien virtuel avec La Presse. « C’était mérité de sa part. Il a élevé son niveau quand il le fallait. »

Le vainqueur obtient ainsi sa revanche contre le Canadien et remporte le neuvième titre de sa carrière. Ils s’étaient affrontés la semaine dernière en demi-finale à Rotterdam.

Auger-Aliassime avait gagné cette demi-finale en trois manches, puis le tournoi aux Pays-Bas face à Stéfanos Tsitsipás lors du match ultime. C’était son tout premier titre en simple sur le circuit de l’ATP, après huit tentatives infructueuses en finale pour entamer sa carrière professionnelle, débutée en 2017.

Est-ce que Rublev a corrigé des éléments de son jeu par rapport à sa défaite de la semaine précédente ?

« Non, et tu sais, on joue tellement souvent, les joueurs entre nous, que ce n’est pas une question de choses que l’on corrige, a indiqué Auger-Aliassime. Chaque match est un peu différent, c’est un stade différent, tout est différent. »

La semaine dernière, je n’étais pas très loin de perdre contre lui en deuxième manche, mais j’ai réussi à renverser le match. Aujourd’hui, je n’ai pas réussi.

Félix Auger-Aliassime

L’apprentissage continue, donc, pour le joueur de 21 ans.

« La prochaine fois, je vais juste essayer de jouer un peu mieux sur le moment. Tactiquement, on sait comment se jouer les deux, on se connaît bien. Mais sur le moment, tu veux être capable d’exécuter le mieux possible. »

La valse des bris

Le match de dimanche a été tendu dès les premières balles mises en jeu. Les deux joueurs offraient le même niveau de tennis. Mais c’était aussi un peu décousu : lorsqu’un joueur était brisé, il rendait la pareille à son adversaire au jeu suivant.

Ç’a été l’histoire de la première manche… jusqu’à ce qu’Auger-Aliassime n’ait plus de réponse pour le bris ultime de Rublev. Le Russe menait 6-5, pour finalement remporter la manche 7-5.

Le même scénario s’est produit en deuxième manche. Trois jeux de suite en milieu d’engagement se sont soldés par un bris, dont deux à l’avantage de Rublev. À 4-3, le Russe a consolidé son bris pour prendre les devants 5-3.

PHOTO DANIEL COLE, ASSOCIATED PRESS

Andrey Rublev

C’est à ce moment qu’Auger-Aliassime a trouvé son élan. Il a remporté 10 échanges consécutifs. À 6-5 Rublev, le match avait pris une réelle ampleur. Les trompettes et les tambours se faisaient entendre, en soutien au Canadien.

Ça s’est finalement conclu au bris d’égalité. Après deux fautes directes sur coup droit, Auger-Aliassime a exécuté deux coups droits gagnants. Il semblait y croire.

Sauf que Rublev n’avait pas l’intention de laisser échapper l’occasion de remporter un premier titre depuis celui de Rotterdam, en mars 2021. Il a tenu bon.

« L’ambiance était superbe toute la semaine, a jugé Auger-Aliassime. C’était vraiment un super public. Il y avait de la musique en live. C’est toujours un plaisir pour moi de jouer à Marseille et en France. »

Le match aura finalement duré 1 heure 56 minutes.

À Dubaï… comme Djokovic ?

C’est tout de même un début de saison exemplaire pour le tennisman né à Montréal. Il a remporté la Coupe ATP avec son compatriote Denis Shapovalov au début de janvier. Il s’est incliné en cinq manches face à Daniil Medvedev en quarts de finale des Internationaux d’Australie. Puis il a remporté son premier titre en simple la semaine dernière.

« C’est un travail constant qui finit par payer, estime-t-il. Je pense que oui, j’ai affronté des défis, des choses qui étaient difficiles pour moi, avec courage et détermination. Cette année, j’ai amélioré mon attitude par rapport à la compétition, par rapport au fait que je veux m’implanter parmi les meilleurs joueurs du circuit. »

Je veux essayer de devenir le meilleur joueur possible. C’est ma mentalité avant tout, avant même de penser à mon jeu qui est très bon cette année.

Félix Auger-Aliassime

Pour l’instant, il est prévu qu’Auger-Aliassime se rende à Dubaï pour un premier match dès mardi à ce tournoi ATP 500. Ce serait une troisième compétition en trois semaines, après avoir disputé deux finales consécutives. Il n’est pas certain d’y aller.

« Je dois discuter avec mon équipe de la meilleure décision à prendre, confie-t-il. […] S’il y a Dubaï, il y a Dubaï. Sinon, il y aura du repos. »

Ce tournoi a notamment ouvert ses portes à Novak Djokovic, qui sera de retour à une première compétition depuis son éviction d’Australie. Le numéro un mondial refuse de se faire vacciner contre la COVID-19.

Est-ce qu’Auger-Aliassime ressent un malaise au sein de l’ATP face au retour au jeu du Serbe ?

« Non, il n’y a pas de malaise parmi les joueurs, juge-t-il. C’est très personnel pour Novak. Je ne veux pas parler pour lui, il a fait son entrevue avec la BBC. Il a très bien exprimé son point de vue par rapport à ça. »

« Novak, à la fin, c’est un humain parmi tant d’autres, continue Auger-Aliassime. Il y a des gens partout dans le monde qui ont pris la décision de ne pas se faire vacciner. Je pense qu’il accepte complètement ce qui vient avec. Dubaï lui a permis de jouer là-bas. C’est bien pour le tennis. Ça reste le numéro un mondial de notre sport, de notre classement. C’est sûr que c’est bien pour la compétition, pour les joueurs, d’aller se tester contre lui et essayer de gagner le tournoi. Il n’y a aucun malaise par rapport à ça. »

S’il n’a pas encore pris sa décision quant à sa présence aux Émirats arabes unis, Auger-Aliassime dit que sa priorité, ce sont les grands tournois aux États-Unis en mars.

« Ce qui reste important pour moi, c’est de préparer les tournois d’Indian Wells et de Miami, les deux premiers Masters de l’année, le mieux possible. Je pense que j’ai quand même quelque chose à gagner sur ces tournois-là. »

Difficile de le contredire, au vu de sa forme actuelle.