(Marseille) À 36 ans et après quatre années minées par les blessures, Jo-Wilfried Tsonga envisage la retraite à sa façon : « J’ai encore envie de passer de bons moments sur le terrain et de planifier ma sortie », assure-t-il à l’AFP avant son entrée en lice mardi à l’Open 13 de Marseille.

Désormais retombé au 243e rang mondial, l’ancien N.5 affrontera mardi soir son compère de l’équipe de France de Coupe Davis Gilles Simon, pour son sixième match de la saison.

Éliminé au 2e tour du Challenger (2e division) de Quimper, puis au 2e tour de l’ATP 250 de Montpellier en poussant le 36e mondial Filip Krajinovic au bris d’égalité du 2e set, et au 1er tour de l’ATP 500 de Rotterdam en s’inclinant là aussi au bris d’égalité (9/7) face au 11e mondial Hubert Hurkacz, Tsonga est en forme physiquement mais n’est pas encore satisfait de son jeu.

« De mon point de vue, ce n’est pas encore ça, mais je suis très content parce qu’il y a eu une évolution et au fur et à mesure des matchs, je sens bien que les automatismes se remettent en place. Physiquement je suis de plus en plus libéré, je continue à progresser », analyse-t-il.

Pas de calcul

« J’essaie de jouer un maximum, je ne calcule pas : s’il faut que j’aille jouer un Challenger pour jouer des matchs, j’y vais parce que je sais très bien qu’il n’y a qu’en rejouant des matchs et en faisant le maximum de points et de situations réelles de match que je vais continuer à progresser. Surtout qu’en quatre ans, j’ai joué une année… et ce n’est pas beaucoup », souligne-t-il.

Après le tournoi de Marseille, dont il est actionnaire principal, Tsonga est engagé dans le Challenger de Pau. Ensuite, on verra.

Son corps ne lui a laissé quasiment aucun moment de répit ces dernières années : outre une drépanocytose sous-jacente (maladie génétique touchant les globules rouges et provoquant de grosses fatigues), il a souffert des genoux, des vertèbres, de l’articulation sacro-iliaque qui s’est calcifiée, l’obligeant à abandonner au 1er tour des Internationaux d’Australie en 2020. Il n’a repris qu’en pointillés la saison 2021 fin février à Montpellier avant d’y mettre un terme sur une défaite au 1er tour à Wimbledon.

Pas de douleurs, mais des restrictions

Mais aujourd’hui, « je n’ai plus de douleurs et c’est extraordinaire », se félicite Tsonga.

« Par contre, j’ai des restrictions liées à mes blessures parce qu’on ne sort pas indemne d’une double hernie discale, on ne sort pas indemne d’une opération à chaque genou, on ne sort pas indemne d’une articulation qui s’est figée », souligne-t-il.

La perte de mobilité induite l’oblige à compenser et à modifier certaines choses dans son jeu, ce pour quoi il a besoin de jouer des matchs.

Alors quel objectif se fixe-t-il ? Le même qu’il s’était fixé en 2019 : « Revenir à un bon niveau pour reprendre du plaisir et partir la tête haute », explique-t-il.

« J’aurais très bien pu me dire “J’arrête” quand j’abandonne en Australie en 2020. J’aurais pu me dire “Ça va, j’ai assez cravaché depuis un an pour revenir, je suis revenu et je me refais mal… Les médecins ne savent pas pour combien de temps j’en ai, ça peut durer 6 mois comme 5 ans”. J’ai beaucoup hésité, mais j’avais envie de me donner une chance d’arrêter la tête un peu haute et en jouant correctement au tennis. C’est un challenge que je me suis mis : arrêter, mais à un moment où je l’ai décidé, à un moment où je suis capable de jouer à un certain niveau », assène Tsonga.

Avec son vécu, il ne se laisse pas bercer de certitudes sur la réalisation de ce projet. Mais il lui reste une envie forte et directrice : « Passer de bons moments sur le terrain et planifier ma sortie. »