(Sydney) Leur célébration voulait tout dire. Félix Auger-Aliassime avait les bras écartés alors que la balle de son adversaire Roberto Bautista Agut venait se choir hors-jeu. Il attendait que son compatriote Denis Shapovalov, parti des lignes de côté, se projette sur lui en guise de célébration.

C’est ainsi que les Canadiens ont couronné la première Coupe ATP de leur histoire, dimanche, à Sydney. Auger-Aliassime a vaincu Bautista Agut lors du deuxième match de simple contre l’Espagne, une victoire de 7-6 (3), 6-3. Ce gain procurait au Canada une insurmontable avance de 2-0. Plus tôt dans la journée, Denis Shapovalov avait défait Pablo Carreno Busta en deux manches de 6-4, 6-3.

PHOTO JEREMY NG, AGENCE FRANCE-PRESSE

Félix Auger-Aliassime

« J’aimerais féliciter l’Espagne pour sa magnifique semaine, a déclaré Félix Auger-Aliassime sur le court, en entrevue d’après-match. J’ai le plus grand respect pour chacun d’entre vous. Vous êtes de formidables joueurs, de formidables athlètes et j’ai admiré beaucoup d’entre vous par le passé. Vous êtes de grands sportifs et de grands joueurs de tennis. »

Shapovalov a quant à lui tenu à « remercier son équipe », au vu de toute « l’incertitude » au cours de la semaine.

« Deux d’entre nous étaient en quarantaine et n’étaient pas sûrs de pouvoir jouer. Nous nous sommes tous bien adaptés et nous avons vraiment bien travaillé en équipe. Tout le monde a contribué à notre succès et le soutien était incroyable. »

Je crois que c’est l’une de mes semaines préférées de toute ma carrière.

Denis Shapovalov

Le tournoi avait pourtant mal commencé pour l’équipe canadienne, aussi composée de Brayden Schnur et de Steven Diez. Les représentants de l’unifolié avaient perdu leurs quatre premiers matchs : trois défaites contre les États-Unis, puis une autre contre la Grande-Bretagne. Mais ils se sont ressaisis à temps, remportant finalement leur affrontement contre les Britanniques (2-1), de même que contre les Allemands (2-1), se qualifiant ainsi pour les demi-finales.

En demi-finale, le Canada avait dû trimer dur face à la Russie, championne en titre. Shapovalov avait bataillé pendant trois manches pour vaincre Roman Safiullin (6-4, 5-7, 6-4), mais Auger-Aliassime était tombé en deux manches (6-4, 6-0) face à Daniil Medvedev. Leur performance en double (4-6, 7-5, 10-7) avait été finalement salvatrice.

Nous avons connu un début difficile, mais nous avons réussi à coups de grands efforts.

Félix Auger-Aliassime

Et avec le trophée commémoratif comme enjeu dimanche, ils ont offert leur plus haut niveau de jeu.

Pour permettre au Canada d’arracher ce triomphe, Shapovalov a d’abord dû venir à bout d’un rival qui l’avait battu quatre fois à leurs cinq duels précédents.

PHOTO ASANKA BRENDON RATNAYAKE, REUTERS

Denis Shapovalov

Quant à Auger-Aliassime, il est venu de l’arrière après avoir perdu son service dès le deuxième jeu du match, ce qui le plaçait devant un déficit de 0-2.

Le Montréalais a récupéré ce bris dès le jeu suivant et à partir de ce moment, il a sauvé huit balles de bris d’affilée lors de la première manche, trois lors du quatrième jeu et cinq autres lors du huitième.

À lui seul, le premier set a duré 1 h 25 minutes, soit 14 minutes de moins que tout le match entre Shapovalov et Carreno Busta.

« Les émotions sont incroyables », a aussi déclaré Auger-Aliassime, selon des commentaires publiés sur le site officiel de l’ATP.

« Il n’y a aucune meilleure sensation que de gagner. Nous avons tout laissé sur le court. Nous sommes venus de loin dans cette compétition après avoir perdu nos quatre premiers matchs. Mais nous n’avons jamais cessé d’y croire », a ajouté Auger-Aliassime, qui a sauvé deux autres balles de bris au deuxième set et accumulé 15 as durant le match.

Auger-Aliassime, qui campait le rôle de capitaine de la délégation canadienne, a tenu à rendre hommage au travail de Shapovalov, non seulement dimanche, mais la veille aussi, contre la Russie.

« Nous ne pouvions pas espérer un meilleur départ. Sans Denis au cours des deux derniers jours, nous ne serions pas ici en ce moment », a affirmé Auger-Aliassime.