Quelques jours après que les organisateurs des Internationaux d’Australie eurent accordé un droit de jeu exceptionnel à Novak Djokovic, la douane australienne a refusé l’entrée au pays du numéro un mondial.

La nouvelle a d’abord été rapportée par divers médias, dont le journal australien The Age, puis confirmée par la douane australienne en fin d’après-midi, mercredi. Le visa du joueur serbe a été refusé lors de son entrée sur le sol australien.

« L’ABF [la douane australienne] va continuer de faire en sorte que ceux qui franchissent notre frontière respectent et appliquent nos lois et nos directives. L’ABF peut confirmer que M. Djokovic n’est pas parvenu à montrer des preuves suffisantes et des documents valides pour entrer en Australie et son visa a donc été annulé. Les non-résidents qui n’ont pas de visa valide ou qui ont vu leur visa annulé seront retenus puis renvoyés de l’Australie », ont expliqué les services frontaliers australiens par communiqué.

Djokovic refuse toujours de confirmer s’il a été vacciné contre la COVID-19, ce qui contrevient aux lois de l’État australien. Il avait obtenu une dérogation pour pouvoir se rendre à Melbourne.

Le joueur de 34 ans aurait été interrogé de longues heures à l’aéroport de Melbourne par les agences douanières, avant de se voir refuser l’accès. Ses avocats seraient même prêts à contester la décision et à faire appel, si nécessaire.

Tout indique qu’il ne pourra pas disputer le premier tournoi du Grand Chelem de la saison à la fin du mois de janvier et ainsi tenter de remporter un 21titre majeur. Djoko a enlevé neuf fois les grands honneurs à Melbourne, plus que quiconque dans l’histoire.

Revirement de situation

Djokovic croyait avoir fait le plus difficile en obtenant une dérogation médicale pour pouvoir participer aux Internationaux d’Australie.

Djokovic était tout sourire pour annoncer son départ pour Melbourne sur son compte Instagram mardi. Mais le champion serbe, qui s’était opposé à la vaccination obligatoire, mais n’a jamais divulgué son propre statut vaccinal, a déchanté à son arrivée en Australie. Djoko n’aurait pas rempli le bon formulaire pour faire sa demande de visa et le visa qu’il a demandé n’autorise pas de dérogation médicale.

Le service fédéral des douanes a contacté le gouvernement de l’État de Victoria, dont Melbourne est la capitale, lorsque le camp Djokovic a constaté son erreur.

Mais cette demande a été rejetée, indique Jaala Pulford, une ministre de l’État de Victoria.

« Le gouvernement fédéral nous a demandé si nous soutenions la demande de visa de Novak Djokovic pour entrer en Australie. Nous ne donnerons pas notre aval à cette demande. […] Nous avons toujours été clairs sur deux points : l’étude des demandes de visa est une prérogative du gouvernement fédéral et les exemptions médicales une prérogative des médecins », a-t-elle expliqué sur Twitter.

Depuis des mois, le Serbe laissait planer le doute sur sa participation au premier tournoi du Grand Chelem de l’année, en raison de l’obligation pour les joueurs de se faire vacciner contre la COVID-19 pour entrer en Australie.

Le numéro 1 mondial s’était exprimé en avril 2020 contre la vaccination obligatoire, alors envisagée pour permettre la reprise des tournois.

Personnellement, je ne suis pas pour les vaccins. Je n’aimerais pas que quelqu’un m’oblige à me faire vacciner pour voyager.

Novak Djokovic

Il a finalement annoncé mardi avoir obtenu une dérogation médicale lui permettant de faire le voyage en Australie. La réglementation du pays prévoit ce type de dérogation dans cinq cas précis (notamment avoir contracté la COVID-19 dans les six mois précédents, une grave contre-indication médicale…), mais la fédération, invoquant le secret médical, a refusé de dire quel cas s’appliquait à Djokovic.

Cette décision a soulevé un tollé en Australie, où les mesures mises en place pour lutter contre la COVID-19 ont été particulièrement strictes depuis le début de la pandémie.

Il s’agit d’un « crachat dans la face de tout habitant de l’État de Victoria et de tout Australien », a notamment écrit l’ancien tennisman Sam Groth, devenu commentateur à la télévision, dans une tribune publiée par le quotidien Herald Sun de Melbourne.

Un incident diplomatique ?

Selon ce que rapportent plusieurs sources, le président de la Serbie, Aleksandar Vučić, se serait déjà mêlé du dossier. Non seulement il apporte son soutien à Djokovic, mais il aurait aussi écorché le premier ministre australien Scott Morrison au passage.

« Je lui ai indiqué que la Serbie était derrière lui. Notre gouvernement fait tout en son pouvoir pour que le harcèlement à l’égard du meilleur joueur de tennis au monde cesse immédiatement. […] Nous nous battrons pour la justice et la vérité. »

Avec l’Agence France-Presse