En décembre, Félix Auger-Aliassime avait passé quelques jours à l’académie de Rafael Nadal, profitant entre autres des conseils de l’oncle de celui-ci, Toni.

Jeudi matin, Toni Nadal a dévoilé s’être rendu à Monte-Carlo pour entamer une nouvelle collaboration avec l’équipe technique du Québécois, alors que s’amorce la saison sur terre battue.

« L’idée est de travailler avec quelqu’un qui a connu le haut niveau. Pas juste pour un tournoi, mais pour travailler au jour le jour et devenir un meilleur joueur, a expliqué Auger-Aliassime. […] Ce n’est pas lié à un problème ou un blocage [sept finales perdues sur le circuit], mais à une vraie volonté d’avancer. Toni ne vient pas pour régler un problème. »

Nadal, qui a entraîné son célèbre neveu pendant une douzaine d’années avant de céder la place à Carlos Moya en 2017, a pris part à une première séance avec le joueur de 20 ans et celui qui demeure son entraîneur-chef, Frédéric Fontang, jeudi, à quelques jours du tournoi de catégorie 1000 de Monaco.

« Quand m’est parvenue l’offre, je lui ai dit de venir à l’académie [la Rafa Nadal Academy, fondée par le joueur dans son île de Majorque] pendant 10 jours pour qu’il voie si ce que je peux lui offrir pourrait lui convenir ou pas. Je n’envisageais pas la possibilité d’entraîner un autre joueur », a raconté Toni Nadal, 60 ans.

« En discutant avec Toni, on se rend compte de ce qu’il y a derrière un grand joueur comme Rafael Nadal. Derrière chaque grand joueur, il y a un grand homme », a pour sa part souligné Fontang.

Le Québécois est actuellement 22e au classement mondial.

« Pas une expédition de pêche »

Le clan Auger-Aliassime avait mis fin à son association avec l’entraîneur-chef Guillaume Marx, au début du mois de novembre dernier.

Dès lors, le jeune joueur n’avait pas caché être à la recherche de quelqu’un qui serait, en quelque sorte, un mentor pour compléter son équipe. En peu de temps, Toni Nadal s’est imposé comme le choix idéal.

« Beaucoup de gens ont manifesté leur intérêt, affirme Bernard Duchesneau, agent de Félix Auger-Aliassime, en entrevue téléphonique avec La Presse. Est-ce que Toni Nadal était notre premier choix ? À la base, on avait de très bons candidats, mais ce qu’amène Toni à l’équipe a rapidement pris toute la place. »

Et qu’amène-t-il ? D’abord, la complémentarité recherchée, indique Duchesneau.

« Ce n’est pas que d’avoir un coach, c’est d’avoir quelqu’un qui arrive dans une équipe, qui est capable de l’intégrer et d’apporter à cette équipe son expertise du haut niveau, des grands tournois, des grosses victoires. Son profil est de loin celui qui complète le mieux ce qui est en place et, on trouve, qui amène le plus de positif à l’heure actuelle dans l’environnement de Félix. »

En ce sens, l’arrivée de l’oncle Nadal est « une super prise », qualifie Bernard Duchesneau.

Pour la complémentarité, donc, et pour sa notoriété et son expérience, cela va de soi.

Toni Nadal est l’entraîneur le plus titré en Grand Chelem, en vertu des 16 victoires de son neveu au cours de leur collaboration.

Et puis, il y a la question des valeurs aussi.

« Je pense qu’il [Toni Nadal] voyait en Félix aussi quelqu’un qui avait ce type de valeurs : l’humilité, le travail. Donc, on savait qu’on n’allait pas dans une expédition de pêche, qu’il y avait de la compatibilité évidente entre les deux clans. »

Pas toujours présent, mais à plein temps

Après l’approche initiale engagée par l’entourage du Québécois et le passage à l’académie de Nadal à la mi-décembre, on a laissé la relation « prendre forme ».

« Ça aurait pu ne déboucher sur rien, mais les choses se sont super bien déroulées à Majorque, relate Duchesneau. Ensuite, c’était vraiment important que ça se fasse de façon organique. On ne voulait rien presser. »

Cela dit, le partenariat « est scellé depuis un certain temps », mais on a préféré attendre que Toni Nadal puisse se joindre physiquement au groupe – ce qui n’a pas été possible plus tôt en raison des contraintes liées à la crise sanitaire – avant d’en faire l’annonce.

À compter d’aujourd’hui, sous réserve des potentielles complications dues à la pandémie, Nadal sera présent avec Félix Auger-Aliassime et le reste de l’équipe lors des tournois du Grand Chelem, du tournoi Masters de fin de saison (les Finales ATP) – si le Québécois réussit à y accéder – et pour deux ou trois tournois de catégorie 1000, sélectionnés en fonction des besoins et de l’horaire du nouveau venu. Donc, de 10 à 12 semaines par an, calcule Bernard Duchesneau.

Mais, insiste-t-il, il n’est pas coach à temps partiel pour autant. Nadal sera toujours disponible « au bout du fil ».

« Même s’il n’est pas physiquement là, il fait partie de l’équipe », résume l’agent.

Et si le nouveau protégé devait croiser la route du neveu de Toni Nadal en tournoi ?

« Je ne m’assiérais sur aucun des deux bancs, par respect envers les deux joueurs et parce que je suis toujours le directeur de l’académie, je continue de travailler pour lui et je suis son oncle, a-t-il fait valoir. Mais s’il doit perdre contre quelqu’un, j’espère bien que ce sera contre Félix. Je n’arrêterai jamais d’être l’oncle de Rafael, on a été liés pendant de nombreuses années. J’espère que, dans l’avenir, ce sera Félix qui sera le numéro 1 mondial. »

— Avec l’Agence France-Presse et L’Équipe