À 5 pi 4 po, elle n’a pas le profil physique de la grande majorité des joueuses de tennis professionnelles. Mais comme bien des athlètes avant elle, Leylah Annie Fernandez compense autrement.

Sylvain Bruneau, entraîneur-chef du programme national féminin chez Tennis Canada, n’a pas été surpris de voir la jeune Québécoise décrocher un premier titre du circuit WTA, dimanche soir. Pour lui, ce n’est que la suite d’une ascension qui se déroule sans épisodes de stagnation jusqu’à maintenant.

« Elle a eu une belle transition chez les pros. Elle a fait un passage sans complications et elle continue de progresser. Son jeu évolue bien », relève-t-il.

Bruneau aborde l’aspect physique ainsi. Malgré qu’elle soit plutôt petite et « menue », Fernandez « absorbe bien la vitesse de la balle ». Limitant ce qui pourrait être un désavantage causé par son gabarit.

Et puis, il y a le reste.

« Elle a un beau jeu, elle prend la balle tôt, elle est capable de faire de belles variations, elle joue intelligemment. Et elle a une combativité, une ténacité, souligne l’entraîneur. Tu vas me dire que toutes les autres filles sur le circuit sont aussi combatives et tenaces. Oui, mais Leylah a une coche. Elle est extrêmement déterminée, elle a une passion tranquille. C’est vraiment une guerrière. »

Bruneau aime bien la façon dont est dirigée la Québécoise également.

Bianca Andreescu et Fernandez se sont entraînées deux fois conjointement en Australie, et Bruneau a apprécié ce qu’il a perçu de Romain Derrider, le coach français de celle qui vient de triompher à Monterrey.

« J’aime beaucoup sa vision, sa présence. Et j’aime comment il gère tout ça », résume l’entraîneur d’Andreescu.

À la vitesse grand V

Pour sa part, Louis Borfiga, vice-président au développement de l’élite chez Tennis Canada depuis 15 ans, l’a été, surpris. Pas au sens où il croyait Fernandez incapable de cet accomplissement. Mais le rythme auquel elle brûle les étapes le prend souvent de vitesse.

« Encore une fois, Leylah m’a étonné. Remporter un tournoi WTA à 18 ans et la manière dont elle a joué la finale, c’était impressionnant, fait-il remarquer. Chaque fois, elle me surprend agréablement en devançant les espoirs que j’ai en elle. Elle gagne Roland-Garros junior avec un an d’avance, elle bat une top 10 en Fed Cup [la Suissesse Belinda Bencic, il y a un peu plus d’un an], elle gagne un tournoi. »

Elle va très vite et on ne va pas le lui reprocher !

Louis Borfiga, vice-président au développement de l’élite chez Tennis Canada

Fernandez, comme le rappelle Borfiga, n’a que 18 ans. Elle fêtera son 19e anniversaire le 6 septembre, le lundi de la deuxième semaine des Internationaux des États-Unis. Parions que son objectif est de souligner l’évènement sur l’un des terrains de Flushing Meadows, après avoir été stoppée au deuxième tour l’an dernier.

Car, la joueuse l’a dit à qui voulait l’entendre pendant l’entre-saison, elle a un œil sur le top 10 dès cette année. Un objectif audacieux. Mais, là encore, Bruneau n’est pas surpris.

« Je connais les valeurs et l’état d’esprit que son papa [qui a été son entraîneur] lui a inculqués. Donc, je sais d’où elle vient et qu’elle voit grand. Elle est réservée, mais pleine d’ambition. »

Plus d’expérience qu’il n’y paraît

Les trophées, Fernandez compte bien les accumuler. D’ailleurs, même s’il ne s’agissait que d’une deuxième finale sur le circuit de la WTA pour elle, son bagage antérieur a sans doute pesé dans le contrôle de ses émotions, dimanche en soirée.

En 2019, la Québécoise a atteint la finale de deux Grands Chelems juniors : finaliste en Australie et gagnante à Roland-Garros. Et puis, elle détient un titre ITF (Gatineau) également.

La suite du parcours a déjà eu lieu lundi soir. Mais, deuxième favorite des qualifications du WTA 1000 de Miami, elle s’est inclinée devant la Roumaine Mihaela Buzarnescu, celle-là même qu’avait battue Bianca Andreescu lors de son retour à la compétition, le mois dernier.

Andreescu, justement, est la 8e favorite de ce tournoi important, le dernier avant la portion de saison sur terre battue. Elle bénéficie d’un laissez-passer au premier tour et affrontera au deuxième la gagnante entre Yaroslava Shvedova, 822e mondiale — qui a pris une longue pause après avoir donné naissance à des jumeaux en octobre 2018 —, et une qualifiée.

Un titre pour Mboko chez les juniors

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @TENNISCANADA

Victoria Mboko

L’Ontarienne Victoria Mboko, 14 ans, en qui l’on fonde de grands espoirs chez Tennis Canada, vient de remporter un tournoi ITF junior de groupe 4, à Las Vegas. « Pour une fille de son âge, c’est un super beau résultat », affirme Sylvain Bruneau. Elle était deuxième favorite du tournoi, ce qui ne l’a pas empêchée de battre la favorite, 7-5 et 6-3, en finale. Encore un an ou deux, et on la voit suivre les traces des Fernandez, Bouchard et Andreescu, ne cache pas l’entraîneur. Pendant ce temps, en République dominicaine, dans un tournoi de groupe 2, deux Canadiennes se sont affrontées en finale, Marina Stakusic s’imposant en deux manches contre Kayla Cross, huitième favorite. Stakusic avait éliminé la Québécoise et favorite Annabelle Xu en quart de finale. Mboko, Xu, Cross et Mia Kupres s’entraînent ensemble sur une base permanente au Centre national de tennis de Montréal. « Il fallait envoyer les filles jouer, explique Bruneau à propos du contexte difficile lié à la pandémie. Elles s’entraînent sans arrêt, on ne pouvait plus juste les garder ici au Centre national. » Cette semaine, les quatre sont à San Diego pour un tournoi de groupe 1. Trois autres Canadiennes y joueront aussi, dont Bianca Jolie Fernandez, sœur de Leylah Annie.