En théorie, il y aura du tennis professionnel à Montréal, l’été prochain. « À moins d’une troisième vague ou d’un tsunami », pour reprendre l’image d’Eugène Lapierre, directeur de la Coupe Rogers.

À elle seule, la campagne de vaccination en cours justifie l’optimisme, bien que plus de six mois nous séparent encore de l’évènement.

« Évidemment, c’est toujours conditionnel à l’approbation des gouvernements, y compris tout ce qui a trait à l’accueil des visiteurs et à la quarantaine. Mais on est prêts et on va présenter le tournoi. »

M. Lapierre réitère donc ce qu’il avait indiqué au 98,5 FM, le week-end dernier.

La gestion des billets de 2020, par contre, pourrait se révéler un véritable casse-tête, selon le nombre de spectateurs admis que fixera le gouvernement le moment venu.

Quand le tournoi a été annulé, l’an dernier, l’organisation était rendue à 80, 85 % de son objectif de vente, dévoile le vice-président de Tennis Canada. Or, la très grande majorité de ces détenteurs ont conservé leurs billets.

« Si on ne peut honorer cette année tous les billets de l’an dernier, on va sûrement offrir tous les choix aux détenteurs, se faire rembourser ou les garder, a dit-il mercredi, alors qu’il sortait tout juste d’une rencontre avec le service de la billetterie. Il y a tellement d’options possibles sur la table que ça va devenir très compliqué. Mais on aura une situation claire à proposer à notre clientèle. »

Logiquement, plus le nombre de spectateurs permis sera élevé, plus le scénario appliqué sera simple. Pour le moment, l’organisation ne peut toutefois exclure les pistes les plus pessimistes.

Il faut qu’on ait une espèce de grille pour savoir exactement quoi faire si on a zéro spectateur, 100, 250, 500 et jusqu’à 5000 spectateurs et plus.

Eugène Lapierre, directeur de la Coupe Rogers

S’avancer sur le portrait de la pandémie en août prochain relèverait de la conjecture. Tennis Canada travaille donc déjà sur une multitude de possibilités. Tout comme sur les protocoles de santé et de sécurité pour les visiteurs et, le cas échéant, les spectateurs.

Vu l’importance de l’achalandage – 178 000 spectateurs lors de la dernière visite des femmes en 2018, 223 000 pour les hommes l’année suivante –, on présumait que l’organisation espérait une décision relativement hâtive en ce qui a trait au nombre de fans qui sera accepté sur le site. Mais ça ne semble pas un enjeu.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Rafael Nadal avait remporté le volet masculin à Montréal, en 2019.

« On travaille là-dessus pour être capables de se revirer sur un trente sous », affirme M. Lapierre.

Le tournoi, qui accueille cette année le volet féminin, se tiendra du 6 au 15 août.

Des pertes de 17 millions

Dans les coffres, rappelons-le, Tennis Canada a essuyé des pertes de 17 millions en 2020.

Conséquemment, environ 60 % des programmes de développement du sport sont sur pause et des dizaines d’employés – représentant 40 % des effectifs – ont dû être licenciés. Et le retour à la normale n’est pas pour bientôt.

« Ce qu’on regarde en ce moment, c’est de rouler pour les prochaines années de cette façon. L’horizon financier pour qu’on revienne comme avant est de quelques années », répète Eugène Lapierre.

En octobre, Tennis Canada tâchait de mettre la main sur une marge de crédit pour manœuvrer confortablement à court terme. « L’entente finale n’est pas encore paraphée », nous a dit mercredi M. Lapierre. Mais ça ne saurait tarder.

« C’est un secret de Polichinelle avec les partenaires qu’on a [la Banque Nationale, notamment] qu’on soit capables d’aller chercher quelque chose de ce côté-là. Ça va nous permettre de souffler et d’être capables, dans les deux, trois prochaines années, de retomber sur nos pattes et de repartir comme avant. »

Un programme fédéral – « nouvel élément dans le portrait », fait savoir Eugène Lapierre – pourrait aussi être mis à contribution.

« [Ottawa veut] travailler conjointement avec les institutions financières des organisations qui ont été les plus touchées, alors on regarde les détails de ce programme. Ça augure bien, je suis plutôt optimiste, indique-t-il. Ça va nous aider à traverser la tempête. »