(New York) À un jeu de voir sa tentative de devenir le premier homme à réussir le Grand Chelem calendaire depuis 1969 s’échouer, Novak Djokovic a recouvert son visage d’une serviette, cachant ses larmes.

Pendant 27 matchs en Grand Chelem en 2021, sur terre battue, surface dure ou gazon, Djokovic n’avait pas été vaincu et il n’avait besoin que d’une dernière victoire pour écrire l’histoire.

Le Russe Daniil Medvedev avait toutefois d’autres plans en tête, dominant le Serbe en trois manches de 6-4, 6-4, 6-4, dimanche, pour remporter les Internationaux des États-Unis.

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Novak Djokovic et Daniil Medvedev

Quelles étaient les pensées de Djokovic lorsqu’il était sur les lignes de côté, en sachant fort bien que sa quête était sur le point de se terminer ?

« Du soulagement. Je suis heureux que ça soit terminé parce que c’était difficile à gérer mentalement et émotionnellement, a-t-il répondu. J’ai ressenti de la tristesse, de la déception, mais aussi de la reconnaissance envers la foule et le moment spécial qu’ils ont créé pour moi. »

Rod Laver était le dernier homme à compléter le Grand Chelem calendaire, en 1969. Il avait d’ailleurs réussi l’exploit quelques années plus tôt, en 1962. Steffi Graf est la dernière femme à avoir accompli cette lourde tâche, en 1988.

Medvedev a privé les amateurs de tennis d’une page d’histoire, mais il ne s’en plaindra pas, car il vient de signer un premier titre majeur en carrière.

Le Russe, qui s’était incliné en finale à Flushing Meadows en 2019, a obtenu une douce revanche contre Djokovic, qui l’avait vaincu en finale des Internationaux d’Australie, plus tôt cette année.

Le Serbe et favori du tournoi tentait non seulement de rejoindre Laver, mais il tentait d’obtenir un 21e titre majeur en simple, ce qui lui aurait permis de briser l’égalité avec Roger Federer et Rafael Nadal.

En juin, Djokovic était parvenu à remporter le tournoi de Roland-Garros même s’il avait tiré de l’arrière deux sets à zéro contre le Grec Stefanos Tsitsipas. Malgré un petit effondrement en troisième manche, Medvedev ne s’est pas laissé faire le coup.

Sous pression, et devant répondre à d’immenses attentes, le joueur de 34 ans n’a tout simplement pas été à son meilleur, dimanche.

« Il est tellement bon que chaque match est différent. Il change ses tactiques ou son approche, a analysé Medvedev. J’avais un plan clair, qui a semblé fonctionner. Était-il à son meilleur ? Peut-être pas aujourd’hui. Il faisait face à beaucoup de pression, mais moi aussi. »

Djokovic a commis plusieurs erreurs, dont 38 fautes directes. Il n’a pas été en mesure de convertir une balle de bris avant la fin du troisième set, alors que l’issue de l’affrontement semblait déjà scellée.

« Daniil a été extraordinaire. Je dois le féliciter et lui donner du crédit pour son approche, son jeu, sa mentalité, a ajouté Djokovic. Il était assurément le meilleur joueur et il méritait de gagner. »

Le Serbe a également montré beaucoup de frustration, brisant une raquette sur le terrain après un jeu, ce qui a attiré les huées de l’imposante foule au stade Arthur Ashe. L’arbitre principal lui a même décerné un avertissement.

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Novak Djokovic a brisé sa raquette lors du match contre Daniil Medvedev.

« Je me sentais lent, a observé Djokovic. Je sais que j’aurais pu et que j’aurais dû faire mieux. »

Les problèmes de Djokovic ont été principalement causés par son adversaire, qui a utilisé sa longiligne silhouette de six pieds six pouces pour courir plusieurs balles en fond de terrain. Medvedev s’est même permis de répondre avec bon nombre de coups droits appuyés et un service à point.

« Je me sens vraiment mal pour Novak parce que je ne peux pas imaginer comment il se sent en ce moment, a exprimé Medvedev. De savoir que j’ai pu le freiner, ça rend la chose encore plus plaisante. Ça m’apporte de la confiance pour l’avenir. »

Lors de la présentation des trophées, le Russe s’est tourné vers Djokovic et il a mentionné que pour lui, il était le meilleur joueur de l’histoire du tennis.

Djokovic disputait une 31e finale en Grand Chelem en carrière, égalant un record de tous les temps du côté masculin. Il a signé six titres à New York.