Ce n’est pas la façon qui compte, dit-on souvent dans le monde du sport.

Félix Auger-Aliassime avait remporté la première manche de son match de quart de finale 6-3 contre Carlos Alcaraz. Et puis, à 3-1 pour le Québécois à la manche suivante, l’Espagnol a abandonné.

Auger-Aliassime devient le premier demi-finaliste canadien de l’histoire des Internationaux des États-Unis, qui ont vu le jour en 1881. Pour sa première demi-finale en carrière en tournoi majeur, il affrontera vendredi le Russe Daniil Medvedev, n2 mondial.

« Il est sans doute le plus solide sur surface dure en ce moment, avec Novak [Djokovic] et [Alexander] Zverev, a réagi le Canadien sur le terrain après le match. Je vais essayer de voir ce que je pourrai faire pour le déranger. »

À leur seul affrontement, en 2018 à Toronto, Medvedev l’avait emporté au bris d’égalité de la troisième manche.

Mais le jeu et le classement des deux joueurs ont beaucoup progressé depuis.

Un jeu clé

À la sixième partie de la manche initiale, Auger-Aliassime a enregistré le bris à sa quatrième tentative contre Alcaraz, son jeune adversaire de 18 ans.

Puis, au service pour la manche, le Québécois s’est rapidement retrouvé à 0-40, mais a enchaîné avec cinq points consécutifs pour se sauver avec la manche.

« Je n’ai pas eu un bon départ dans ce jeu, mais j’ai bien servi toute la semaine, donc j’ai tenté de rester calme et confiant. Évidemment, c’était un jeu très important », a commenté Félix Auger-Aliassime.

Neuvième sur le circuit ATP avant le tournoi pour les as, il en a ajouté huit en à peine une manche et demie.

Blessé et fatigué

Jusque-là, c’est néanmoins un beau duel de jeunes qui s’annonçait sur le court Arthur-Ashe.

Comme tous les Espagnols, Alcaraz a surtout joué sur terre battue, mais il n’est pas un client facile sur le dur pour autant. Présentant un jeu complet et mature pour son jeune âge, il n’a commis aucune faute directe avant le milieu de la quatrième partie.

Ça s’est cependant gâté pour lui dès le début de la deuxième manche, qu’il entamait au service. Les cinq premiers points du favori, c’est l’Espagnol qui lui en a fait cadeau avec autant d’erreurs non provoquées.

À la partie au service subséquente de son adversaire, Auger-Aliassime n’a pas su profiter de deux autres balles de bris.

Mais Alcaraz a alors appelé le physiothérapeute en raison de douleurs à la cuisse droite, plus précisément l’adducteur. Puis, après le jeu de service de Félix Auger-Aliassime, le jeune joueur s’est dirigé vers le filet pour serrer la main de son adversaire.

Blessé, et fatigué après avoir disputé 17 manches à ses quatre matchs précédents, Alcaraz n’aura même pas demandé de temps d’arrêt médical avant de tirer sa révérence.

Auger-Aliassime n’avait rien remarqué d’anormal, cela dit, jusqu’à ce qu’Alcaraz appelle le thérapeute.

« Je ne sais pas ce qui est arrivé, mais c’est triste. Je ne l’ai pas vu venir », a indiqué le Québécois avant de louanger le jeu de l’Espagnol.

PHOTO FRANK FRANKLIN II, ASSOCIATED PRESS

Félix Auger-Aliassime et Carlos Alcaraz

Le principal intéressé – qui venait d’enchaîner deux matchs de cinq manches, dont l’un contre Stefanós Tsitsipás – a reconnu qu’il ressentait beaucoup de fatigue.

C’est très difficile pour moi. Je ne suis pas habitué de jouer des matchs de ce genre d’affilée.

Carlos Alcaraz

À ses premiers Internationaux des États-Unis, il s’agit néanmoins d’un parcours exceptionnel pour le 55mondial qui fera son entrée dans le top 40.

Protégé de Juan Carlos Ferrero, ex-numéro 1 mondial, Alcaraz est le plus jeune joueur du top 400 mondial. Il était, par ailleurs, le plus jeune quart-de-finaliste de l’ère Open aux Internationaux des États-Unis (depuis 1968).

Quant à Félix Auger-Aliassime et Leylah Fernandez, jamais auparavant un Canadien et une Canadienne n’avaient atteint les demi-finales des Internationaux des États-Unis la même année – c’était déjà le cas aux quarts de finale. Et la dernière fois qu’un duo avait fait les demi-finales en tournoi majeur, c’était à Wimbledon, en 2014, avec Milos Raonic et Eugenie Bouchard.

« C’est génial pour le Canada et le Québec, a lancé Auger-Aliassime à ce propos. Je ne pensais jamais que ça allait arriver, une jeune fille et un jeune garçon de Montréal, en même temps. C’est spécial. J’espère que les gens à la maison l’apprécient autant que nous. »

Félix Auger-Aliassime, 12tête de série, était 15mondial avant ces Internationaux des États-Unis. En vertu des points accumulés dans le tournoi jusqu’ici, il serait désormais 11e, tout juste devant… Denis Shapovalov.