À New York, Novak Djokovic tentera de s’approprier l’ensemble des titres majeurs de la saison. Quant aux Québécois Félix Auger-Aliassime et Leylah Fernandez, qui ont franchi des étapes intéressantes à Flushing Meadows l’an dernier, l’apprentissage se poursuit.

Novak Djokovic a été victime d’une éclipse, la semaine dernière. Une éclipse partielle, du moins.

L’annonce du retrait de Serena Williams, combinée à ceux déjà connus de Roger Federer et de Rafael Nadal, a secoué le monde du tennis. Et sans doute jeté une douche froide sur les organisateurs des Internationaux des États-Unis.

Jamais depuis 1997 ces trois ténors n’avaient été absents d’un tournoi majeur en même temps. Les mots « fin d’une ère » ont été écrits et répétés ad nauseam.

Pendant ce temps – peut-être un peu victime du fait qu’il suscite des sentiments partagés –, on a moins parlé de Novak Djokovic, qui pourrait entrer dans l’histoire de façon irrévocable, le dimanche 12 septembre. Pour ceux qui ne considéraient pas déjà cela comme acquis.

En l’emportant à Flushing Meadows, le Serbe passerait seul en tête du tennis masculin avec un 21e titre majeur. Certains diront que cette position ne serait pas immuable, Nadal et Federer n’étant pas encore à la retraite. Soit.

Alors, ajoutons qu’il serait le premier depuis Rod Laver, en 1969, à réaliser un « Grand Chelem », c’est-à-dire enlever les quatre tournois majeurs la même année. Chez les femmes, Steffi Graf est la dernière à avoir accompli l’exploit, en 1988.

Depuis quelques années, le Djoker domine le tennis masculin. Point.

Aux deux derniers Internationaux des États-Unis, il a été éjecté en ronde des 16, abandonnant sur blessure en 2019, puis étant disqualifié, l’an dernier, après avoir atteint accidentellement une juge de ligne au visage en frappant une balle par dépit.

En excluant ces deux « défaites » – étant donné leur nature –, Novak Djokovic a pris part à la finale de 9 des 10 derniers tournois majeurs. Et en a remporté huit. Renversant.

« J’anticipe qu’il va gagner le tournoi, s’est mouillé John McEnroe, mardi dernier, en visioconférence médiatique pré-tournoi. Avant Wimbledon, je sentais qu’il allait gagner le Grand Chelem. J’avais l’impression qu’il allait perdre aux Jeux olympiques. Le format deux de trois, les déplacements excessifs, pas de fans, etc., je pense que cela a contribué. »

Le numéro un mondial n’a pas joué depuis les Jeux olympiques. Qu’à cela ne tienne, à New York, tout ce qui pourrait l’arrêter, ce n’est pas un joueur en particulier, selon McEnroe. Mais la chaleur extrême.

Au premier tour, Djokovic affrontera le qualifié danois Holger Vitus Nødskov Rune, 145e mondial.

Auger-Aliassime surfera-t-il sur Wimbledon ?

Félix Auger-Aliassime a atteint la ronde des 16 à Flushing Meadows l’an dernier, devant des gradins déserts. Il s’agissait alors de sa meilleure prestation en tournoi majeur.

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Félix Auger-Aliassime

Depuis, il s’est rendu aussi loin aux Internationaux d’Australie, en début d’année, avant de rallier les quarts de finale à Wimbledon, il y a deux mois.

Mais, par la suite, il est passé en coup de vent aux Jeux de Tokyo et a fait deux tours à Washington (catégorie 500), avant son décevant séjour éclair à Toronto. Il se présente toutefois dans le Queens après un quart de finale au Masters 1000 de Cincinnati.

Le Québécois pointe en ce moment au 15e rang mondial, son sommet en carrière.

« Je pense que Félix va bien. Il n’est peut-être pas tout à fait au niveau où nous l’aurions pensé, compte tenu de ses aptitudes globales. Mais cela peut finir par être une bonne chose à long terme, qu’il ne soit pas submergé par trop de choses, trop tôt, a analysé John McEnroe. La clé, c’est comment vous apprenez de vos défaites, comment vous rebondissez. »

Puis, l’analyste américain a répété ce qu’il prédit chaque fois qu’il est appelé à se prononcer sur la progression du Canadien : le joueur de 21 ans gagnera des tournois majeurs.

« Il a encore des choses sur lesquelles il doit travailler », a-t-il cependant ajouté.

Au premier tour, Auger-Aliassime, 12e favori, se frottera au qualifié russe Evgeny Donskoy, 152e mondial.

Fernandez en quête de résultats

Leylah Fernandez a gagné 15 rangs depuis le début de l’année – on la retrouve présentement au 73e échelon –, en plus d’engranger son premier titre, en mars, au Mexique.

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Leylah Fernandez

Mais depuis, les victoires se sont faites plus rares (9-11, incluant les différentes qualifications et la Coupe Billie Jean King). La constance, pendant une saison qui s’échelonne sur environ 11 mois, demeure très difficile à atteindre.

L’ex-joueuse Pam Shriver, également analyste au réseau ESPN, gagnante de 21 titres majeurs en double, perçoit un bel avenir pour la Lavalloise. Et elle apporte un éclairage intéressant. Le succès national peut aider sur une base individuelle, dit-elle.

« Ce que je lis et ce que je vois de son évolution est formidable », indique Shriver, qui signale, par ailleurs, qu’être gauchère est toujours un atout.

« Je pense que cela aide vraiment d’être originaire d’un pays, nous l’avons déjà vu – que ce soit la Suède dans les années 1980, que ce soit la Serbie, l’Espagne –, où vous gagnez vraiment en force en ayant des compatriotes qui ouvrent la voie. »

En l’occurrence, les Eugenie Bouchard et Milos Raonic, puis, aujourd’hui, Félix Auger-Aliassime, Denis Shapovalov et Bianca Andreescu.

L’an dernier, à New York, Fernandez a atteint le deuxième tour d’un tournoi majeur pour la première fois de sa jeune carrière. Elle allait faire une ronde supplémentaire à Roland-Garros, le mois suivant.

Cette année, à Flushing Meadows, elle affrontera d’entrée la qualifiée croate Ana Konjuh, 88e mondiale.

Les autres Canadiens en simple

Denis Shapovalov

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Denis Shapovalov

Le Canadien de 22 ans est de retour dans le top 10, avec tout ce que ça implique. En demi-finale à Wimbledon, il a livré une chaude lutte à Novak Djokovic. Mais depuis, trois défaites en autant de matchs. Il n’a donc pas gagné en près de deux mois. Il est le septième favori du tableau.

ADVERSAIRE AU PREMIER TOUR : Federico Delbonis, 47e mondial
MEILLEURE PERFORMANCE À NEW YORK : quart de finale en 2020 (battu par Pablo Carreño Busta)

Bianca Andreescu

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Bianca Andreescu

Septième mondiale, l’Ontarienne est sixième favorite du tournoi en raison de l’absence de Sofia Kenin. Après un retour somme toute prometteur en début d’année, compte tenu de sa longue absence, Andreescu peine depuis à retrouver son rythme. Il faut dire que de nouvelles blessures, bien que moins importantes, et une infection à la COVID-19 n’ont pas aidé.

ADVERSAIRE AU PREMIER TOUR : Viktorija Golubic, 45e mondiale
MEILLEURE PERFORMANCE À NEW YORK : championne en 2019

Vasek Pospisil

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Vasek Pospisil

L’ATP a attribué à Pospisil le plus beau retour de l’année 2020, après qu’il eut grimpé du 148e au 61e rang mondial. Bien qu’il n’ait gagné que 5 de ses 15 duels cette saison, il n’a pas dégringolé, présentement 58e. Il n’a enregistré deux gains de suite qu’une seule fois en 2021, sur le gazon anglais d’Eastbourne.

ADVERSAIRE AU PREMIER TOUR : Fabio Fognini, 31e mondial
MEILLEURE PERFORMANCE À NEW YORK : ronde des 16 en 2020 (battu par Alex de Minaur)

Rebecca Marino

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Rebecca Marino

Marino a poursuivi sur le momentum de son passage à Montréal, alors qu’elle avait surpris en accédant au troisième tour de l’Omnium Banque Nationale. La Canadienne, 175e mondiale, a défait les 19e et 6e têtes de série des qualifications, en route vers son deuxième tableau principal en tournoi majeur cette année (deuxième tour en Australie) et son premier en dix ans aux Internationaux des États-Unis.

ADVERSAIRE AU PREMIER TOUR : Elina Svitolina, 5e mondiale
MEILLEURE PERFORMANCE À NEW YORK : deuxième tour en 2010 (battue par Venus Williams)