Le 8 juin dernier, la relation professionnelle de Sylvain Bruneau avec Bianca Andreescu a pris fin. Un mois après qu’on lui eut confié l’entière responsabilité du tennis féminin professionnel et de transition.

Depuis, il peut ainsi se concentrer à plein temps sur ce poste d’entraîneur national en chef du programme féminin. Titre qu’il possédait cependant déjà.

Donc, dans cette réorganisation due au départ très prochain de Louis Borfiga, vice-président du développement de l’élite, qu’est-ce qui change concrètement pour Bruneau ?

D’emblée, ce dernier admet que ce n’est pas le jour et la nuit pour lui.

« Dans les faits, ce n’est pas un énorme changement parce que Louis me donnait énormément de latitude, il me faisait énormément confiance. Mais il y en a un petit », dit-il.

Pour l’illustrer, il rappelle cette anecdote bien connue qui l’a lié irrévocablement à l’histoire d’Andreescu.

Même si Bruneau était alors entraîneur national en chef du programme féminin, le patron, c’était Borfiga. Pour le tennis masculin aussi, d’ailleurs.

Et, un jour, Borfiga a dit à Bruneau qu’il s’occuperait prioritairement d’Andreescu.

« Moi, au début, je disais : ‟Non, je veux continuer la Fed Cup.” Et il m’a répondu : ‟Non, c’est ça !” Alors, maintenant, je suis cette personne-là aussi, explique Bruneau. Tout ce volet-là de ce que Louis faisait avec le tennis féminin, je vais aller en Coupe Billie Jean King [le nouveau nom de la Fed Cup] même si je ne suis pas le capitaine de l’équipe, même si je ne suis pas un entraîneur, mais parce que je suis le grand responsable du tennis féminin professionnel et de transition. »

Du côté masculin, on rappelle que c’est Guillaume Marx qui a hérité de la responsabilité. Celui-ci dirige également le Centre national et les centres d’entraînement régionaux.

Le CNT

Dans le cadre de la visite des joueuses de la WTA à Montréal, nous avons discuté avec Bruneau, mercredi dernier, de la progression des jeunes Canadiennes. En particulier de celle des quatre joueuses qui s’entraînent en permanence au Centre national de tennis (CNT) du parc Jarry, puisque l’entraîneur national en chef était en Australie avec Andreescu lors de notre visite du CNT, en février.

Lisez le reportage sur notre visite du CNT

Et parce qu’il s’agit d’une cohorte très prometteuse, nous avait-on affirmé. Un groupe qui, espère-t-on, permettra au Canada de poursuivre sur sa lancée sur le plan mondial.

« Honnêtement, je suis content, mais je ne suis pas satisfait, affirme Bruneau. Je voudrais qu’on soit encore plus sur la map que ça. Même si on s’est améliorés, on n’est pas rendus où je voudrais qu’on soit. »

Les quatre jeunes filles présentes à temps plein au CNT – il y a également trois garçons – sont la Québécoise Annabelle Xu (17 ans), de même que Kayla Cross (16 ans), Mia Kupres (17 ans) et Victoria Mboko (15 ans dans quelques jours).

Une formule hybride, à temps partiel, est également offerte à quelques autres joueuses. À la sœur de Leylah Annie Fernandez, Bianca, notamment.

« J’ai parlé avec son père et on a discuté de cette option », explique Bruneau.

Mélodie Collard – qui a joué en double au tableau principal de l’Omnium Banque Nationale avec Carol Zhao – devait également se prévaloir de cette formule hybride l’an dernier, mais ça n’a jamais pu se concrétiser en raison des complications liées à la COVID-19.

Et elle part maintenant poursuivre son apprentissage dans le réseau scolaire américain.

Collard est en ce moment la junior canadienne la mieux classée au monde en simple, au 52e rang.

Les quatre jeunes

Quand Fernandez a mis la main sur un premier titre WTA, en mars, Mboko venait pour sa part de remporter un tournoi ITF junior de groupe 4, à Las Vegas.

Depuis, la puissante Mboko a ajouté des titres en groupes 3 (en République dominicaine) et 2 (en Ouzbékistan), en plus de trois finales.

Elle est actuellement 62mondiale au classement junior. Avant son 15anniversaire. Parmi celles qui la devancent, seulement quatre joueuses sont nées la même année qu’elle ou l’année suivante.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @TENNISCANADA

Victoria Mboko

« C’est celle qui a fait la plus belle progression au classement, indique Bruneau. C’est une fille qui a un profil exceptionnel. C’est un mandat sérieux – comme pour toutes les filles – de l’amener à bon port. Les prochaines années sont importantes. »

Juste au-dessus d’elle, au 61e rang, vient la Québécoise Annabelle Xu.

« C’est un bel exemple parce que depuis qu’elle a 12, 13 ans, elle roule sa bosse et d’une année à l’autre, elle avance. Son tennis et son niveau de jeu évoluent, ses résultats aussi. Dans son cas, ça n’a jamais été une progression fulgurante, mais chaque année, elle fait son petit bout de chemin.

« Et j’en vois beaucoup des filles sur le grand circuit qui ont cette histoire. Pas toutes, il y en a que ça se passe comme un coup de feu. Mais il y en a d’autres dont on se dit qu’elles sont arrivées à quelque chose d’intéressant, étape par étape, sans en brûler. Donc, Annabelle, ça me donne cette impression-là, que ça pourrait être son cas. »

Xu a remporté un titre de groupe 3 en avril, au Costa Rica, et participé au tableau principal de Roland-Garros et de Wimbledon juniors.

De « bonnes choses » à venir

Quelques rangs plus bas, au 79e échelon, pointe Kayla Cross, une gauchère. « Ce que j’aime beaucoup, dévoile Bruneau. Et elle joue comme une gauchère. »

Comme Xu, elle a atteint le tableau principal junior à Wimbledon.

« C’est une fille qui a un beau jeu, une facilité avec la balle. Je pense qu’elle a encore de la maturité à prendre sur le plan physique. Des fois, ça varie chez les filles entre 13 et 17 ans, elles ne sont pas toutes à la même place. Je pense que ça va être une fille de bonne taille, mais elle n’est pas encore là. »

Quant à Mia Kupres, 106e chez les juniors, elle a gagné le printemps dernier un titre de groupe 3 en avril, au Costa Rica, en plus de faire une finale.

« Elle est très travaillante, très physique, très bonne athlète. Et elle a bien joué récemment, avec de belles victoires chez les professionnelles. Dans un tournoi, elle a même battu la favorite [en Serbie] », explique l’entraîneur.

Toutes ont progressé au classement cette année. La suite dépendra de bien des facteurs. En partie de leur propre volonté.

« Ça va être du travail, ça va prendre un engagement des filles. Mais je pense que de bonnes choses vont se passer », avance Bruneau.