(Los Angeles) Naomi Osaka a encore besoin de temps pour elle : après son retrait fracassant de Roland-Garros fin mai, où elle avait dit souffrir de dépression et d’anxiété, la star japonaise renonce à disputer Wimbledon et donne rendez-vous cet été chez elle, aux Jeux de Tokyo.  

« Naomi ne jouera pas à Wimbledon cette année. Elle prend du temps pour elle, avec ses amis et sa famille », indique le communiqué transmis à l’AFP par l’agent de la joueuse Stuart Duguid.

La veille, les organisateurs de la 3e levée du Grand Chelem de la saison de tennis (28 juin-11 juillet), espérant encore sa présence, avaient contacté son équipe, sans avoir pu « parler à Naomi elle-même », et avaient ajouté ne pas avoir « reçu la confirmation » d’une non-participation.

Mais la N.2 mondiale et quadruple lauréate en Grand Chelem (Internationaux des États-Unis 2018 et 2020, Internationaux d’Australie 2019 et 2021), 23 ans, avait bien prévenu qu’elle prendrait du recul par rapport à la compétition, après son retrait retentissant du tableau féminin de Roland-Garros le 31 mai, invoquant des problèmes d’anxiété et expliquant avoir notamment traversé « de longues périodes de dépression » depuis 2018.

Cet épisode constitua l’épilogue brutal d’une semaine très agitée dans le monde du tennis, après qu’elle eut d’abord refusé de participer aux conférences de presse du tournoi pour « préserver sa santé mentale ».

Deuxième coup dur

Sanctionnée d’une amende de 15 000 dollars, elle avait été menacée d’exclusion non seulement du tournoi parisien, mais également des autres épreuves du Grand Chelem.  

Accusés d’avoir eu la main lourde, les organisateurs de Roland-Garros avaient protesté en affirmant qu’ils l’avaient traitée avec « soin et respect ».

Presque trois semaines plus tard, Osaka, qui a aussi renoncé à participer au tournoi de Berlin cette semaine, ne fera donc pas son retour à Londres, où elle n’a jamais passé le 3e tour, éliminée à ce stade en 2017 et 2018, avant même d’être sortie dès le premier tour l’année suivante.

Un deuxième coup dur pour Wimbledon en l’espace de quelques heures, puisque plus tôt jeudi, le N.3 mondial, Rafael Nadal, avait lui aussi annoncé son forfait afin de « laisser son corps récupérer ».  

L’Espagnol, 13 fois sacré sur la terre battue parisienne, a été déchu de son trône à Roland-Garros vendredi dernier, battu en demi-finale par Novak Djokovic au terme d’un combat épique, dans lequel il était apparu marqué physiquement.  

Et un forfait en entraînant d’autres, c’est l’Autrichien Dominic Thiem, 5e mondial, qui a annoncé jeudi soir sa non-participation à l’autre grand rendez-vous tennistique de l’été, aux Jeux olympiques de Tokyo, auquel Nadal ne participera pas non plus. L’Autrichien, qui traverse une passe difficile depuis quelques mois, ne se sent « pas prêt à jouer à son meilleur niveau ».

Tokyo, contexte favorable

Des Jeux où compte en revanche bien être présente Osaka. « Elle sera prête pour (Tokyo) et est impatiente de jouer devant son public », a assuré son agent.

Les JO se tiendront du 23 juillet au 8 août. Et même si la présence de spectateurs japonais pour assister aux compétitions n’est pas encore garantie - aucun public étranger ne sera présent à Tokyo, selon les restrictions mises en place en raison de la pandémie de COVID-19 -, la Japonaise jouera donc à domicile.  

Dans un contexte qu’elle doit espérer plus favorable que celui auquel elle a été confrontée ces dernières semaines, Osaka devrait être une des figures majeures des Jeux. Non seulement parce qu’elle ne visera rien d’autre qu’une médaille d’or, mais aussi parce qu’elle est devenue plus qu’une sportive l’an passé, en étant une des porte-voix de la lutte contre le racisme.

Au tournoi de Cincinnati, elle avait boycotté sa demi-finale juste après l’affaire James Blake, cet homme noir qui reçut plusieurs tirs policiers dans le dos à Kenosha (Wisconsin), avant finalement de la jouer le lendemain quand les organisateurs avaient décidé de stopper le jeu en signe de solidarité. Aux Internationaux des États-Unis, dans la foulée, elle était entrée sur le court à chaque match, en portant un masque sur lesquels étaient inscrit des noms de victimes afro-américaines de violences policières aux États-Unis.