La décision de Naomi Osaka de ne pas participer aux conférences de presse pendant les Internationaux de France a été le sujet de discussion incontournable, quoique légèrement malaisant, puisque la journée médiatique du tournoi s’est déroulée de façon inhabituelle, par vidéoconférence.

« Je comprends pourquoi elle le fait. Je respecte son opinion », a affirmé Daniil Medvedev, deuxième tête de série à Roland-Garros, faisant écho à un sentiment général alors qu’un défilé des meilleurs joueurs – à l’exception bien entendu d’Osaka – a répondu aux questions des journalistes lors d’un rituel deux jours avant le début de l’action.

« Moi, je n’ai aucun problème » à composer avec les journalistes, a ajouté Medvedev en répondant à une question d’un journaliste.

« J’essaie toujours de me présenter à une conférence de presse, que je sois de mauvaise humeur ou de bonne humeur. Et j’ai l’impression que, même parfois de mauvaise humeur, je peux être de meilleure humeur après avoir parlé avec vous, les gars. »

« Sans la presse… nous ne serions probablement pas les athlètes que nous sommes aujourd’hui, a affirmé pour sa part Nadal. Nous n’aurions pas la reconnaissance que nous avons dans le monde, et nous ne serions pas aussi populaires, n’est-ce pas ? »

Osaka, quadruple championne en Grand Chelem qui est classée au deuxième rang mondial, a annoncé mercredi par un message sur Twitter son intention de ne pas s’adresser aux médias à Paris – ce que chaque athlète de chaque sport fait régulièrement.

« Il y a beaucoup de vérité dans ce qu’elle a dit, mais là encore, il y a aussi les attentes et les engagements qui accompagnent le fait d’être une athlète professionnelle, et celui-ci en est un, a avancé Johanna Konta, triple demi-finaliste en tournoi majeur et classée 20e au monde. Il s’agit donc de trouver… le bon équilibre. »

Lors des tournois du Grand Chelem, les joueurs et joueuses sont passibles d’amendes allant jusqu’à 20 000 $ US pour avoir raté des conférences de presse s’ils ou elles sont invités à s’y présenter et ne le font pas.

Ce n’est pas vraiment un facteur de dissuasion pour Osaka, l’athlète féminine la mieux rémunérée du monde, qui a justifié sa décision en parlant de sa santé mentale et a dit espérer que les sommes qu’elle versera en amende seront données à des organismes de bienfaisance œuvrant dans ce domaine.

« Nous sommes souvent assises là et on nous pose des questions qu’on a déjà entendues à de nombreuses reprises ou des questions qui nous mettent dans le doute, et je ne vais pas me présenter face à des personnes qui veulent insinuer le doute en moi. »

Vendredi, le circuit WTA a rappelé à Osaka sa « responsabilité » d’interagir avec les journalistes.

Une déclaration envoyée par courriel à Associated Press par une porte-parole de la WTA et attribuée à l’organisme se lit en partie : « La WTA accueille favorablement un dialogue avec Naomi (et toutes les joueuses) pour discuter des approches possibles qui peuvent aider une athlète à gérer ses préoccupations liées à la santé mentale, tout en nous permettant de nous acquitter de nos responsabilités envers les amateurs et le public. Les athlètes professionnels ont la responsabilité envers leur sport et leurs partisans de parler aux médias pendant leur compétition, ce qui leur permet de faire partager leur point de vue et de raconter leur histoire. »

La Fédération française de tennis n’a pas répondu à une demande de commentaire.

« À mon avis, la presse fait en quelque sorte partie du travail. Nous savons à quoi nous nous engageons en tant que joueuses professionnelles. […] Parfois, les conférences de presse sont difficiles, bien sûr, mais ce n’est pas non plus quelque chose qui me dérange. […] Pour moi, personnellement, ce que je dis et entends ou ce que vous me demandez, ça ne m’empêche pas de dormir la nuit. J’essaie donc de le rendre un peu plus léger et de m’amuser un peu avec vous, a commenté Ashleigh Barty, championne à Roland-Garros en 2019.

« Pour moi, c’est un peu différent, mais je ne peux pas personnellement faire de commentaires pour ce que [Osaka] vit, a-t-elle poursuivi. Alors je suppose que vous devrez lui demander cela la prochaine fois que vous lui parlerez. »

Qui sait quand ce sera ?