(Melbourne, Australie) Invaincu depuis près de quatre mois et bardé de confiance, Daniil Medvedev, trop fort pour Stefanos Tsitsipas vendredi, va défier Novak Djokovic sur son terrain de jeu préféré en finale des Internationaux d’Australie.

Impossible à déborder ou presque, et intraitable au service, Medvedev (4e) n’a laissé aucune chance à Tsitsipas (6e), muselé 6-4, 6-2, 7-5 en à peine plus de deux heures, pour s’offrir sa deuxième finale en Grand Chelem, un an et demi après sa première (Internationaux des États-Unis de 2019, perdue contre Nadal).

« Je ne serais pas surpris de voir Daniil gagner le tournoi », envisage sa victime du jour.

Se dresse désormais face à lui Djokovic, libéré de ses douleurs abdominales, qui a mis fin 6-3, 6-4, 6-2 à la folle aventure du qualifié russe Aslan Karatsev (114e) la veille.

Il s’agira de la neuvième finale à Melbourne du numéro 1 mondial, plus qu’à une victoire d’un 18e sacre en Grand Chelem, qui le rapprocherait du record de 20 trophées co-détenu par Roger Federer et Rafael Nadal.

« C’est lui qui a toute la pression, il n’a jamais perdu en finale ici, il court après Roger et Rafa », souligne Medvedev.

« J’espère que je vais montrer mon meilleur tennis, on voit que je peux battre des grands noms si je joue bien. Il a évidemment plus d’expérience, mais plus à perdre aussi », insiste-t-il.

20 victoires consécutives

On n’arrête plus Medvedev.

À cheval sur 2020 et 2021, le Russe de 25 ans est désormais sur une série de 20 victoires consécutives. Il s’est imposé successivement au Masters 1000 de Paris, au Masters de fin de saison, puis à la Coupe ATP avec la Russie au début du mois, avant de se hisser en finale à Melbourne.

Sa dernière défaite remonte au 30 octobre dernier, en quarts de finale à Vienne, face au Sud-Africain Kevin Anderson (6-4, 7-6).

Peut-être plus impressionnant encore, Medvedev est également sur une série de 12 victoires d’affilée face à des joueurs du top 10.

Comment explique-t-il cette impressionnante dynamique ?

« Je n’ai pas vraiment de réponse, j’ai juste travaillé dur toute ma vie. Avant Paris, honnêtement je ne sentais pas du tout mon tennis, je perdais des matchs serrés, et j’ai réussi à le retrouver, retrace-t-il. Jusque-là ça tient, j’espère pouvoir rester encore un peu sur cet élan. »

Face à Tsitsipas vendredi,  le mur dressé par Medvedev dans l’échange et son autorité au service ont rapidement pris le dessus sur les intentions offensives de Tsitsipas.

Après deux sets, le jeune Grec (22 ans), renversant tombeur de Rafael Nadal au tour précédent, ne s’était toujours pas procuré la moindre balle de bris.

Dans la troisième manche, un sursaut alors qu’il était passé au bord du double bris (3-1), lui a bien permis de revenir à 4 partout, et même d’obtenir une balle de bris pour mener 5-4. Mais Medvedev l’a effacé d’un ace et a repris son implacable marche en avant.

« Un peu peur »

Un époustouflant passing du revers lui a offert un ultime bris deux jeux plus tard.

« J’ai eu un peu peur et je me suis un peu tendu parce que c’est une demi-finale de Grand Chelem, et pour nous, ce n’est pas la 50e comme pour Novak ou Roger !, sourit-il. Mais je suis content d’avoir réussi à me reprendre. »

Depuis le début du tournoi, Medvedev n’a finalement connu qu’une alerte, au troisième tour, quand Filip Krajinovic (33e) a remonté deux sets de retard.

Sinon, il a traversé la quinzaine australienne en mode rouleur compresseur, service assommant, et presque impossible à déborder dans le jeu.

Contre Djokovic dimanche, il aura cette fois l’expérience d’une première finale majeure, aux Internationaux des États-Unis de 2019. Perdue certes, mais non sans avoir poussé Nadal au cinquième set après avoir été mené deux manches à zéro.

« J’ai joué un match fou contre Rafa, un des meilleurs joueurs de l’histoire. Si on a un match fou avec Novak, un autre des meilleurs, peut-être que cette expérience peut faire tourner les choses en ma faveur, et pas contre moi », estime Medvedev.

Ce ne sera pas superflu, car de l’autre côté du filet, sauf nouveau rebondissement, tout ira bien pour « Djoko », passé au bord de l’abandon au troisième tour, touché aux abdominaux.

« Je ne me suis pas senti aussi bien de tout le tournoi, j’ai joué sans douleur, s’est réjoui le Serbe après sa qualification pour la finale. Ça arrive au bon moment. »