Sylvain Bruneau n’a pas trop souffert de la COVID-19 qu’il a contractée juste avant de mettre le pied en Australie. Il se sent bien. À l’évidence, il n’a toutefois pas envie de discuter de la quarantaine qui s’en est suivie. Pas pour l’instant. Il y reviendra éventuellement, laisse-t-il entendre.

C’était l’objet de la première question qui lui a été posée, samedi matin (heure locale), en visioconférence avec les médias. Et ç’aura été la seule à ce sujet.

« Tout ce que je veux dire à propos de la période de quarantaine, c’est qu’en ce moment, je veux vraiment me concentrer sur le tournoi de Bianca [Andreescu]. J’ai quelques commentaires à faire à ce sujet, mais je vais les garder pour plus tard, a laissé tomber son entraîneur. J’ai été chanceux de ne pas être très malade. J’ai eu de la fièvre une nuit et ça a été tout. Mais ça a été une expérience très difficile quand même. Je vais me limiter à ça pour le moment. »

La suite a donc porté exclusivement sur sa protégée.

Il en a beaucoup été question ces derniers jours, Andreescu reviendra à la compétition aux Internationaux d’Australie après plus de 15 mois d’absence.

Bruneau entrevoit toujours l’avenir avec optimisme pour la championne 2019 des Internationaux des États-Unis.

« J’ai complètement confiance qu’elle va revenir à son niveau de jeu, et même plus », a-t-il affirmé.

Mais à court terme, il veut refréner les espoirs de tous. Y compris les siens.

Je vais essayer de bien mesurer mes attentes. En fait, je vais essayer de n’avoir aucune attente et de juste apprécier le fait qu’elle peut être sur un terrain de tennis à compétitionner en grand chelem, s’est-il repris spontanément. Il faut éviter de tomber dans le piège des objectifs à court terme.

Sylvain Bruneau

Dans l’immédiat, la patience est de mise. L’essentiel est qu’Andreescu demeure en santé et qu’elle retrouve des sensations.

Il y a eu des moments difficiles pour la joueuse canadienne en cours de route. Des pas de recul durs à encaisser, comme le fait de ne pas pouvoir défendre son titre à Flushing Meadows.

« Ça n’a pas toujours été rose dans les 15 derniers mois. Mais elle a toute mon admiration pour la façon dont elle a géré ça et est passée à travers », a souligné Sylvain Bruneau.

« Un nouveau territoire »

À Dubaï, la préparation antérieure au déplacement en Australie se passait très bien, a-t-il raconté.

« Elle faisait des progrès, on s’en allait dans la bonne direction. »

Puis est survenue la tuile qui a fait dérailler le programme. La joueuse et son entraîneur ont été confinés à leur chambre pendant deux semaines.

À l’eau l’entraînement et le tournoi préparatoire, que l’équipe a finalement décidé de ne pas disputer.

Depuis la fin de la quarantaine, il y a un peu plus d’une semaine, Andreescu se débrouille bien sur les courts, selon son coach.

« Je sens que son niveau revient lentement où il doit être. On verra comment elle réagira en compétition, mais j’ai confiance en ses habiletés à gérer ce genre de pression et je suis confiant qu’elle sera capable d’avoir un bon niveau », a avancé Bruneau.

Elle a déjà été dans des situations similaires dans le passé, a-t-il rappelé, bien que de moindre durée.

« C’est un nouveau territoire pour nous », indique l’entraîneur.

Les petites cicatrices mentales

Si la préparation physique se déroule bien, qu’en est-il de la préparation mentale ? Comment gérer la peur qu’une blessure sérieuse survienne à nouveau ?

Sylvain Bruneau parle de « petites batailles ». Il admet qu’il y a eu un certain travail à faire de ce côté quand les entraînements ont gagné en intensité. Sa protégée s’est montrée « ouverte d’esprit ».

« Mais c’est certain que c’est présent, cette idée d’espérer que ça va bien aller. Je pense qu’on doit se concentrer sur ce qu’on peut contrôler et elle a vraiment tout fait ce qui était possible, sur le plan de l’entraînement, le plan médical, le plan mental. Est-ce qu’il y a des petites cicatrices ? Possiblement. On essaie de regarder de l’avant et d’être optimistes et positifs. Mais c’est sûr que revenir après 15 mois d’inactivité, tu ne peux pas faire semblant que rien n’est arrivé. »

L’état d’esprit de sa protégée est toutefois tourné vers la fébrilité et l’excitation, dit-il.

Au premier tour de ces Internationaux d’Australie, Bianca Andreescu – 8e favorite – rencontrera une « lucky loser », réchappée des qualifications après y avoir perdu son dernier match.

Mais la Roumaine de 32 ans Mihaela Buzarnescu, 138e mondiale, ne sera pas une cliente facile pour autant. Elle était 20e en août 2018.

Andreescu la connaît. Elle l’avait vaincue en deux manches à Acapulco, en 2019.

« Mais peu importe contre qui elle jouera, ce sera un défi. Je suppose que ça peut être considéré comme une bonne première ronde pour son retour, mais Buzarnescu est tricky. Je ne m’attends pas à un match facile. Elle peut jouer à un très bon niveau », a analysé Bruneau.

La gestion des attentes, disait-on.

Après l’Australie, le plan pour la Canadienne est de jouer à Doha, Dubaï et Miami. On vise un retour « à la normale », mais ce plan « sera réévalué en tout temps ».

Première étape, il faut que tout se passe bien en Australie.

Après quoi, Sylvain Bruneau rentrera à Montréal, dont il est loin depuis le 28 novembre.