La poussée victorieuse d’Eugenie Bouchard s’est arrêtée en finale, dimanche à Istanbul, mais la Québécoise a montré qu’elle progressait dans la bonne direction.

Battue 6-2, 1-6 et 6-7 (4) par la Roumaine Patricia Maria Tig, Bouchard s’est battue pendant près de deux heures et trente minutes et elle ne s’est inclinée qu’après avoir repoussé sept balles de match.

Après cinq saisons difficiles où elle a dû composer avec les blessures, la méforme et un manque évident de confiance, la joueuse de 26 ans a profité de la longue pause liée à la pandémie de COVID-19 pour travailler sa condition physique. À Las Vegas – où elle réside depuis quelques mois –, Bouchard a pu bénéficier des conseils de Gil Reyes.

« Je me suis concentrée sur ma forme parce que c’est devenu un aspect tellement important du jeu », a-t-elle expliqué, cette semaine, en entrevue sur le site de la WTA. « Je le fais depuis un an déjà ; certaines journées, je ne travaille qu’en gymnase avec un grand préparateur. Tous les matchs de cette semaine montrent que ce travail en a valu la peine, et cela confirme que j’ai fait la bonne chose. »

Bouchard a effectivement connu une semaine très chargée, avec sept matchs en sept jours. Après des victoires contre la Serbe Ivana Jorović et la Suissesse Leonie Küng en qualifications, Bouchard a vaincu la Bulgare Viktoriya Tomova au premier tour. Elle a ensuite successivement disposé de la favorite du tournoi, la Russe Svtelana Kuznetsova (34e), et de deux autres joueuses du top 100, la Monténégrine Danka Kovinić (92e) et l’Espagnole Paula Bedosa (94e), dans de longs matchs de trois manches.

Dimanche, elle semblait bien partie pour enlever un deuxième titre (à sa septième finale). Après avoir remporté la première manche en à peine 30 minutes, Bouchard a perdu 10 des 12 jeux suivants, pour se retrouver menée 4-1 dans la troisième manche.

Mais comme elle l’avait fait depuis le début de la semaine, la Québécoise ne s’est pas démontée. Après avoir repris le service de sa rivale dans le neuvième jeu, puis sauvé trois balles de match sur son service à 5-6, elle a poussé la finale au bris d’égalité décisif.

Tig s’est toutefois vite détachée à 6-3 et, après avoir gâché une septième balle de match, elle n’a pas raté la suivante.

Visiblement déçue sur le court après le match, Bouchard n’en a pas moins été reconnaissante. Après avoir félicité sa rivale, elle a enchaîné : « J’aimerais remercier mon entraîneur, Tim [Blenkiron], qui m’a bien conseillée cette semaine. Je voudrais aussi remercier ma mère, ma famille, mes amis et mes fans, qui ont suivi tous mes matchs cette semaine, souvent en devant se lever très tôt ! Leurs messages de soutien m’ont beaucoup aidée.

« J’aimerais aussi remercier les organisateurs du tournoi de m’avoir accordé un laissez-passer pour les qualifications alors que mon classement n’était pas suffisant. Grâce à eux, j’ai pu jouer, me rendre jusqu’en finale et passer une semaine mémorable à Istanbul. »

Les derniers jours ont été très profitables pour Bouchard. Au-delà de sa bourse de 14 000 $ US, les 180 points qu’elle va récolter vont lui permettre de passer du 272e au 163e rang du classement féminin, ce lundi. Encore bien loin de son meilleur classement – cinquième en 2014 –, mais assez haut pour espérer entrer dans des tournois bien cotés, peut-être même à Roland-Garros dans deux semaines.

« Au point où j’en suis, je sais que je dois encore travailler, encore progresser et je suis prête à aller dans tous les tournois où je pourrai jouer, a-t-elle insisté. Je suis fière de mon attitude cette semaine parce que j’ai eu à jouer tous les jours et que je me suis toujours battue avec la même énergie. »

J’ai joué le même nombre de matchs que pour se rendre en finale en Grand Chelem, en la moitié du temps !

Eugenie Bouchard

Les détracteurs de Genie seront nombreux à rappeler qu’elle est encore loin de son niveau de 2014 – quand elle avait justement atteint la finale à Wimbledon –, et même ses admirateurs doutent qu’elle puisse y revenir un jour.

Mais Bouchard a déjà atteint deux quarts de finale et une finale en cinq tournois cette année. Elle a collaboré récemment avec Rennae Stubbs – ancienne joueuse et commentatrice au réseau ESPN, qui a été entraîneuse de la Tchèque Karolína Plíšková – et prend visiblement les moyens pour relancer sa carrière.

D’autres joueuses avant elle sont revenues des profondeurs du classement ; certaines sont même revenues au premier plan. La tâche est toutefois colossale, et la grande majorité de celles qui s’y attaquent échoue.

C’est tout au mérite de Bouchard d’y croire encore.