(New York) Du jamais vu en Grand Chelem ! Trois mamans sont en quarts de finale des Internationaux des États-Unis, l’irréductible Serena Williams, la ressuscitée Victoria Azarenka et l’oubliée Tsvetana Pironkova qui résume bien l’affaire : « une fois devenue mère, vous ne perdez pas votre tennis comme par magie ».

Sur la route des demies, mercredi, elles ne seront au mieux plus que deux puisque Serena, en quête d’un 24e titre en Majeur pour égaler le record de Margaret Court, sera opposée à Pironkova qu’absolument personne n’a vue venir à Flushing Meadows, où elle réussit un retour flamboyant après plus de trois ans sans tennis. Azarenka, elle, se mesurera à la Belge Elise Mertens.

Neuf mamans au départ

Elles étaient neuf mamans au départ du tournoi. Véra Zvonareva, Tatjana Maria, Kateryna Bondarenko, Patricia Maria Tig, Olga Govortsova et Kim Clijsters ayant été éliminées précocement. Cette dernière tentait un deuxième retour après celui, sensationnel, réussi en 2009 où elle remporta les Internationaux des États-Unis, plus de deux ans et demi après avoir pris une première retraite.  

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La fille de Serena Williams, Alexis Olympia Ohanian Jr., assistant au match de sa mère contre Sloane Stephens dimanche.

La Belge devint la première mère à remporter un tournoi majeur depuis l’Australienne Evonne Goolagong à Wimbledon en 1980, intégrant à son tour un club très fermé dans lequel se trouve aussi Margaret Court.

« Il faut être un être exceptionnel, avoir un niveau de jeu au-dessus de tout le monde pour faire ce qu’a fait de Clijsters », a estimé l’ancienne joueuse Camille Pin sur Eurosport. « Serena, Kim et Vika (Azarenka) ont lancé une nouvelle ère. Mais ça reste très compliqué, car le tennis, avec tous ces voyages, le fait qu’on soit seule sur le court, demande un maximum d’énergie. »

D’autant plus seules sur le court, entourées de tribunes vides, avec le huis clos imposé par le coronavirus, Williams comme Azarenka puisent leur force et un supplément d’âme dans la présence de leur enfant jamais bien loin, même s’ils sont trop jeunes pour apprécier leurs performances.

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La Bélarusse Victoria Azarenka.

« Je n’aurais jamais pensé que je jouerais maman. Le plus dans tout cela, c’est de savoir qu’un jour ta fille pourra dire qu’elle était là, qu’elle s’en souvienne ou non… », a reconnu Serena, qui était enceinte de sa fille Olympia lorsqu’elle a remporté son 23e Grand Chelem en Australie. Depuis, elle a perdu quatre finales et court encore à 38 ans après le suivant qui aurait aussi la saveur d’un premier, en tant mère.

« Quête d’une émotion »

« Il y a une quête d’une émotion à gagner en étant maman, devant son enfant », a ainsi souligné l’ex-No 1 mondiale belge Justine Hénin, sur Eurosport.

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La Bulgare Tsvetana Pironkova.

« J’espère aussi que pour mon fils ce sera inspirant, qu’il voie que je fais ce dont j’ai envie et que je travaille très dur pour cela. Je veux être un exemple pour lui », a expliqué Azarenka, 31 ans et en pleine renaissance sportive, victorieuse du tournoi de Cincinnati après quatre ans de disette.

Mais la Bélarusse, maman d’un petit Leo né fin 2016, refuse de s’identifier « comme une mère sur le court ». « Je suis en quart de finale et je n’y suis pas arrivée en étant parent, j’y suis arrivée en étant joueuse de tennis. Même si c’est incroyable de pouvoir partager ce moment avec mon fils. »

Bienfaits de la maternité

« Nous sommes aussi des femmes qui ont des rêves, des objectifs et des passions », a-t-elle ajouté, rejoignant Serena Williams, pour qui « de plus en plus de femmes sont capables d’atteindre leurs objectifs tout assumant leur rôle de mère ».

Contrairement à ses deux rivales, Pironkova a rangé ses raquettes bien plus longtemps, après Wimbledon 2017. Elle a donné naissance à Alexander en avril 2018 et créé une ligne de vêtements.

Pour elle la maternité n’a eu que des bienfaits : « on ne se concentre plus autant sur soi, mais sur son enfant. Je suis beaucoup plus organisée. Mentalement, j’ai plus de résistance. Physiquement, je connais mieux mon corps. »

« Je suis simplement heureuse de jouer, sans la pression que je me mettais avant. C’était presque une question de vie ou de mort de gagner. Plus maintenant », poursuit-elle.

Alizé Cornet a pu le vérifier en 8e de finale : « Elle joue avec plus de relâchement. La clé c’est peut-être d’avoir un enfant, je vais peut-être m’y mettre moi aussi ».