Sur papier, le match de deuxième tour des Internationaux des États-Unis entre Andy Murray et Félix Auger-Aliassime avait tout d’un duel épique. D’un côté, un vieux champion éprouvé par l’âge et les blessures, mais fier et résolu à ne pas céder sa place. De l’autre, un jeune prodige en quête de reconnaissance et prêt à jouer les premiers rôles.

Et même si les gradins étaient vides, le match était joué sur le court du stade Arthur Ashe, le théâtre de nombreux matchs marquants de l’histoire du tennis.

La jeunesse a triomphé et Auger-Aliassime a enlevé l’une des matchs les plus significatifs de sa carrière, 6-2, 6-3 et 6-4, en à peine deux heures de jeu. Plus que la victoire, c’est la manière avec laquelle elle a été acquise qu’il faut retenir.

À 33 ans, après de multiples interventions chirurgicales, Murray n’est plus le joueur qui a remporté trois titres en Grand Chelem, dont les Internationaux des États-Unis en 2012. Il n’était visiblement pas au meilleur de sa forme jeudi, après un long duel de cinq manches et plus de quatre heures et 30 minutes mardi au premier tour.

Auger-Aliassime a toutefois rarement montré une telle maîtrise de son jeu, une telle puissance, réussissant notamment 24 as et 54 coups gagnants, contre seulement deux doubles fautes et 30 fautes directes.

« Après cinq mois d’arrêt à cause de la pandémie, j’ai l’impression que toutes les choses se mettent en place cette semaine », a souligné le joueur de 20 ans en entrevue après le match.

Mon rythme, ma stratégie, tout a bien fonctionné aujourd’hui. Et j’ai très bien servi. Techniquement, j’ai été pratiquement parfait. Chaque fois que j’avais besoin d’un point, je savais que je pouvais miser là-dessus.

Félix Auger-Aliassime avec aplomb

Auger-Aliassime n’a jamais permis à son expérimenté adversaire d’imposer son tempo. Il a plutôt soutenu tous les échanges avec un bel aplomb avant de réussir des coups gagnants ou de pousser son rival à la faute. Sans jamais céder une balle de bris, le Canadien a pris le service de Murray à cinq reprises.

Murray a d’ailleurs expliqué : « Physiquement, je ne me sentais pas si mal que ça, mais je ne crois pas que cela aurait fait une différence, car Félix jouait tellement bien. Il réussissait des as quand il voulait et je ne pouvais que m’accrocher. À mon âge, j’ai la chance d’avoir pu jouer contre plusieurs excellents joueurs au cours des années et je suis heureux d’avoir encore la possibilité d’affronter les meilleurs joueurs de la nouvelle génération. »

Le vainqueur a tout de même reconnu qu’il s’était méfié jusqu’au bout : « J’étais prêt à affronter le meilleur Andy Murray et j’ai gardé à l’esprit qu’il pouvait toujours revenir dans le match. Même à la fin, je savais que je devais garder ma concentration. »

Auger-Aliassime a aussi rappelé qu’il avait déjà assisté à un match de Murray à New York. « Il y a neuf ans, j’étais là-haut dans les gradins pour voir Andy. J’aurais aimé que les fans soient là ce soir pour retrouver cette ambiance. Cela aurait sûrement été spécial de jouer devant la plus grosse foule du tennis et j’espère me reprendre l’année prochaine ou les suivantes. »

Trois Canadiens au troisième tour

Auger-Aliassime affrontera au troisième tour le gagnant du match entre le Britannique Dan Evans (23e favori) et le Français Corentin Moutet, qui n’a pu être complété jeudi en raison de la pluie. Les deux joueurs, qui étaient à égalité, 6-4, 3-6, 5-6, seront de retour sur le court 5 vendredi.

« C’est déjà très tard et je ne sais pas si je pourrai voir la fin de ce match demain. Mes entraîneurs le feront sûrement, j’espère en voir un bout aussi. Dan (Evans) a beaucoup progressé et serait un adversaire difficile, mais il n’a pas encore gagné… »

Avec les qualifications de Denis Shapovalov et Vasek Pospisil, ce sont trois Canadiens qui disputeront le troisième tour à New York, une première dans l’ère moderne du tennis.

PHOTO DANIELLE PARHIZKARAN, USA TODAY SPORTS

Milos Raonic (à droite)

La performance d’Auger-Aliassime lui a valu des commentaires élogieux des commentateurs de la télévision. Certains voient en lui un champion potentiel. «Je suis flatté d’entendre ça, a-t-il avoué. Je suis dans le tournoi pour aller le plus loin possible, mais je préfère pour l’instant ne penser qu’à mon match de troisième tour. On verra bien ce qui va se passer.»

Fernandez déçue

Plus tôt en journée, le parcours de la Lavalloise Leylah Annie Fernandez avait pris fin au deuxième tour, après un revers de 6-4, 6-3 devant l’Américaine Sofia Kenin.

Fernandez, qui a semblé nerveuse par moments, n’a pas obtenu la moindre de balle de bris contre Kenin, la championne en titre des Internationaux d’Australie et quatrième raquette mondiale.

PHOTO SETH WENIG, ASSOCIATED PRESS

Sofia Kenin, lauréate des Internationaux d’Australie en janvier, a été très solide, ne concédant aucune balle de bris et convertissant deux des quatre qu’elle s’est procurées.

Kenin a converti trois de ses cinq balles de bris pour prendre l’avantage dans la rencontre, dont la dernière a mis fin au match.

De plus, la Québécoise de 17 ans, 104e au monde, a commis six doubles fautes et un total de 26 fautes directes, contre 18 pour son adversaire.

Kenin a mis un terme à la rencontre après une heure et 21 minutes de jeu.

« Elle est une top-5 pour une raison. Elle retourne beaucoup de balles en jeu et elle a joué un excellent match, mais honnêtement, je n’ai pas bien joué. J’ai fait trop d’erreurs », a déclaré Fernandez, qui avait savouré sa première victoire en tournois du Grand Chelem contre la Russe Vera Zvonareva, mardi.

« Sans rien enlever à Sofia, elle a très bien joué. Mais au mieux aujourd’hui, je me donne une note de deux, peut-être, sur 10. Et c’est parce que je suis gentille envers moi-même. »

— Avec La Presse canadienne